Je vais vous raconter une petite histoire personnelle. C’était en 1998. Internet faisait tranquillement son entrée dans les entreprise et les foyers de France. Je venais de traverser une période très difficile et je retournais doucement dans le monde des vivants. Marie-Paule, une amie formatrice de longue date, à qui j’ai mis les pieds à l’étrier quelques années auparavant, m’a demandé pourquoi j’étais si fasciné par Internet. Selon elle, c’était un effet de mode qui allait disparaître comme il est apparu.
Je lui ai demandé pourquoi elle pensait une chose pareille, et elle m’a répondu :
– A chaque fois que je cherche quelque chose sur Internet, je ne trouve rien !
J’étais très étonné de cette affirmation, car je trouvais systématiquement ce que je cherchais. Il y avait beaucoup moins de réponses qu’aujourd’hui et il fallait parfois multiplier les modes de recherche, mais je trouvais toujours.
(J’ajoute que personne ne m’avait formé et que je n’y étais pas plus contraint que Marie-Paule. C’était une option de carrière, que j’ai validée et je me suis auto-formé, comme beaucoup de gens).
Vous me connaissez, j’aime partager, j’aime les défis, j’aime surprendre… Il était 18h00, et nous avions quelques minutes à prendre pour discuter un peu. J’ai donc lancé un challenge à Marie-Paule :
– Dis-moi ce que tu as cherché la dernière fois, et nous allons le trouver ensemble. Je sais que ce n’est pas facile quand on ne sait pas comment faire, mais j’ai quelques centaines d’heures d’avance sur toi. Je vais t’aider à chercher ! Te montrer COMMENT on cherche. Ca va te faire gagner du temps. Qu’est-ce que tu as cherché et que tu n’as pas trouvé ?
Voyant que Marie-Paule ne bougeait pas, j’ai installé deux chaises, je me suis assis devant l’écran, et je l’ai invitée à s’asseoir à côté de moi. Je lui ai répété ma demande, insistant sur le fait que mon but était de lui expliquer des choses, pas de lui démontrer que je suis plus fort qu’elle… Je lui ai également promis que je ne bougerais pas avant d’avoir trouvé ce qu’elle cherchait, et que j’allais imprimer toutes les pages qui correspondaient à sa demande pour qu’elle les consulte hors-ligne et qu’elle les garde en souvenir.
La réponse
A ce moment, Marie-Paule me donna une réponse, que je considère comme un «modèle du genre». Comment dire ? Allez, je me lance : ma vie a basculé à cet instant précis… Je ne lui serai jamais assez reconnaissant, car ce fut un instant d’éveil précieux, divin ! Elle l’a fait en toute innocence, avec son air hagard que j’aimais observer, car lorsqu’elle apprenait des choses avec moi, son visage se transformait. Elle devenait belle, lumineuse ! A chaque fois que je la formais, j’avais l’impression de pratiquer une chirurgie esthétique…
Voici la réponse riche d’enseignement, que cette pauvre Marie-Paule me donna :
– Bof ! Rien de spécial…
Je vous refais le dialogue avec fluidité, car je me suis perdu dans l’émotion de ce souvenir, ce qui pourrait rendre cette réponse insipide, alors qu’elle a changé deux vies, et plus encore :
– Qu’est-ce que tu as cherché et que tu n’as pas trouvé ?
– Bof ! Rien de spécial…
Je suis resté muet pendant 20 secondes, peut-être davantage. Des centaines de questions ont traversé ma tête. J’étais face à une recherche que je ne savais pas faire. La Marie venait de me scotcher sur place ! Elle venait de prouver l’inutilité d’Internet.
Il n’y avait pas de QUOI, donc pas de COMMENT
Durant ce temps en suspends, je me suis souvenu des longues discussions que j’avais avec mon père et mon grand-père, des histoires pleines de symboles qu’ils me racontaient, et dont j’appréciais la substantifique moelle. Parce que derrière chaque symbole, il y a la chose symbolisée, bien plus précieuse que le symbole.
Mais le symbole nous y mène…
La puissance de la symbolique
Sur ma droite, il y avait une imprimante avec un bouton que j’aimais utiliser (qui a disparu depuis) : PAGE FEED. J’ai appuyé dessus, et une page blanche se déroula devant nos yeux. Je lui ai tendu la feuille, et je lui ai dit :
– Garde le résultat de ta recherche en souvenir !
J’ai pris mes affaires, et je suis parti.
Marie-Paule me rappela le soir même. Elle m’a dit qu’elle venait de vivre la plus brillante formation de sa vie. Qu’elle m’a d’abord trouvé hautin, puis mystique, puis cohérent, puis génial ! Et qu’elle a vécu de longues minutes de solitude avant de comprendre le message plein de sens que je lui ai adressé :
On obtient toujours ce qu’on cherche… Même quand on ne cherche rien.
J’ai également exprimé ma gratitude à Marie-Paule pour cet instant d’incompétence inconsciente, et pour sa transition rapide vers l’incompétence consciente. Désormais, elle était enseignable.
Puis, nous avons joué avec les mots pour trouver des citations qu’elle nota sur sa feuille… L’angoisse de la page blanche, sans doute.
J’ai retenu cette citation :
Quand on cherche, on trouve ! Même quand on cherche «rien», on trouve «rien» ! C’est juste plus rapide.
Je vous laisse broder autour du sujet, sachant que si vous citez textuellement d’autres auteurs, il convient d’associer leur nom à la citation.
A++
Stéphane SOLOMON
J’ai mis les pieds à l’étirer (Stéphane Solomon)
Personnellement, j’aime beau cou.
Je vais corriger ça… Bien que le lapsus me donne envie de garder la co-quille.
Ceci dit, malgré tout ce que pourrait dire Dr Freud, notre relation resta platonique.
Merci Vincent. Comme vous le voyez on ne trouve pas que ce qu’on cherche, mais aussi ce qu’on aime…
Pourquoi platonique?
A l’étirer vous la fîtes grandir, même si ce fut à pieds.
Moi, ça m’allait bien…
Ceci dit en passant, on met LE pied à l’étrier, et LES pieds dans les étriers, car tout enfourchement de cabale commence par une élévation d’un pied, contrairement à la kabbale où se sont plutôt les mains qu’on élève.
Croyez-en mon expérience de moniteur d’équitation agnostique.
Vincent,
Je n’ai aucun doute sur votre expérience agnostique…
Tant que nous pouvons parler de D.ieu sans nous insulter, je suis aux anges.
Bonjour les abonnés survivants qui n’ont pas encore cliqué sur “desincrivez-vous” de la newletter de time-coach,
Tiens ça me fait penser à la fameuse énigme:
qu’est-ce qui est plus puissant que dieu ?
qu’est-ce qui est plus méchant que le diable ?
les pauvres l’ont !
les riches en ont besoin !
et si tu le manges, tu meurs !
.
..
…
….
Réponse:
La réponse est bien écrite sur la ligne d’avant en dessous de “Réponse:”
C’est la même chose que ce que Stéphane a imprimé…
Que ce que Marie-Paule cherchait
Vous l’avez trouvé?
Vous n’avez rien trouvé?
Ah c’est ça!
“Rien”
Car:
Rien n’est plus puissant que Dieu
Rien n’est plus méchant que le Diable
Les pauvres n’ont Rien !
Les riches n’ont besoin de Rien !
Si tu manges Rien, tu meurs !
A++
Le procrastinateur malhonnête malade
Pâtes au logis / Patrick en Teleworking qui suit de nouveau Time-Coach après 4 ans et qui vient de lire l’article sur la procrastination et qui a besoin d’un remontant
Je ne suis pas d’accord avec la totalité de la citation:
Quand on cherche, on trouve !
– oui ! ok
Même quand on cherche «rien», on trouve «rien» !
– c’est logique et du même tonneau que “Question idiote, réponse idiote”
C’est juste plus rapide.
– Là, pour moi ça coince, car quand qq’un croit chercher qqe chose, il va passer beaucoup de temps, pour ne pas se mettre à le chercher vraiment, car il n’a pas de “quoi” et ne saurait trouver un comment, pour faire avancer sa non-recherche.
Ne se rapprocherait-on pas de la définition de la procrastination ?
Énoncée par un sourd qui ne voudrait entendre
Et que se passe-t-il s’il trouve ? Il est bon pour chercher la prochaine fois et sera dans l’action tant repoussée !
Véronique
Véronique,
Le billet de Stéphane est une invitation à la créativité, aux jeux de maux, au rebondissement sur les incompétences inconscientes..je ressens comme un écart entre votre réaction (juste de par ailleurs, enfin d’après moi et ce que j’en ai compris) et l’invitation de Stéphane?
Qu’est-ce qui ne va pas Véronique ?
Ami Calmant
Patrick
Patrick,
Seule ma conclusion est une invitation aux jeux de mots. Véronique se pose des questions plus en dedans. Donc s’il y a écart, ce n’est pas par rapport au billet, mais à la réaction attendue. Mais ça, ça a toujours été le cas, pour presque tous mes lecteurs.
C’est même une loi du WEB… On vous demande de commenter un spectacles du “Cirque du Soleil”, et en dix réactions, on parle de végétarisme.
L’avantage que j’ai ici, c’est qu’il n’y a pas (trop) d’agressivité.
A+
Stéphane
deuxième degrè..au fait 😉
Allo ici la Terre GMT+02 (Paris GMT+01 + daylight savings):
…c’est bizarre l’horloge du Blog dit 14h alors qu’il est 16h? Normal on est dans time-coach et Stéphane est Maître du temps 😉
A bon entendeur qui a bien lu
ça lu
Pas tout
Cordialement
Patrick
Véronique,
Marie-Paule procrastinait effectivement sa vie professionnelle, car nous travaillions dans le domaine de la formation en informatique et en bureautique.
Elle résistait au changement qui s’annonçait dans le cadre de son travail, et elle avait peur de réinvestir du temps à l’apprentissage. Elle qui a mis tant de temps à créer des cours sur 5 ou 6 logiciels, sentait l’arrivée d’une nouvelle gamme de produits, incontournables.
Vous avez raison : elle procrastinait sa vie, elle cherchait un prétexte pour réduire l’intérêt du WEB alors que son avenir professionnel en dépendait. Et “quelque part”, elle le savait.
Mais je n’avais pas fait cette analyse à l’époque, car je ne savais pas encore que j’étais coach…
Pour ce qui est de votre dernière question (que se passe-t-il s’il trouve ?). C’est bien le problème : une personne qui cherche “rien” et qui trouve ce “rien” éprouve une certaine satisfaction, autrement appelée “complaisance”.
Je n’ai rien contre. Mais en général, on ne vient pas me voir pour trouver de la complaisance. Il y a d’autres métiers pour ça, que je respecte… Que je bénis même !
Chacun sa mission.
A++
Stéphane
Bonjour,
Des métiers pour la complaisance ?
Attendez je cherche, ça m’intrigue cette histoire !
À bientôt,
Myriam
petite réponse à ma fille et à Stéphane
quand on cherche “rien”, on trouve quand même !!!
Ne vous est-il jamais arrivé de “rêver” en ne cherchant “rien” ?? et paf, vous êtes éveillé par qqchose que vous ne cherchiez même pas, et qui vous sublime !! Faites confiance à votre conscience éveillée
Bien joué Lalou,
Je vous ai fait tout un article !
La réponse à votre question et simple : lorsque vous ne cherchez “rien” et vous laissant porter par le “rêve”, vous cherchez toujours ! Et vous trouvez des choses à la hauteur du rêve… Sublime.
Je plains ceux qui ne savent pas chercher de cette manière, car dans ce cas, le “rien” est un feedback terrible. Et comme je l’ai écrit dans ma citation, c’est juste plus rapide…
A++
Stéphane.
Bravo Stéphane pour cet article percutant de bon sens !
Il me rappelle cette bonne devise Shadok : “Sil n’y a pas de solution, c’est qu’il n’y a pas de problème”.
Je l’ai affichée tout tout près du bureau, sur le mur à côté du siège de “l’autre”… Et çà donne parfois de grands moments de vérité.
Continue à me faire rire comme çà 😀
A +, Fabienne
Merci Fabienne,
Parfois on a du mal à le croire, mais il suffit d’écrire une citation et de l’accrocher au bon endroit pour qu’elle résonne et raisonne…
Imagine un bol dans lequel tu prends ta boisson matinale, et sur lequel il est écrit : “La solution est en toi.”
Et un autre bol pour le même usage sur lequel il est écrit : “Réveil difficile, journée fragile” (ça existe…)
Je suis étonné d’apprendre que certaines personnes pensent que ce récipient ne soit pas à l’origine de nos problèmes ou de nos solutions. Et je ne parle pas de croyances concernant les “vibrations” de la porcelaine ou de la terre cuite… Je parle de ces mots qu’on approche et qu’on éloigne de notre visage une dizaine de fois, à quelques minutes du réveil, tout en assimilant la première nourriture de la journée…
GULP !
Merci de relever l’humour…
Stéphane