Le sentiment de trahison (1/2)
Vous le savez sûrement, une trahison peut provoquer une perte d’intérêt qu’on pourrait qualifier de «petite mort»… Par exemple, un homme ou une femme trompé(e) pourrait tirer un trait sur la vie de couple. Il y a donc une chose qui était très importante dans sa vie, qui devient impossible. «C’est mort !» Comme on dit…
Actuellement, je coache un entrepreneur qui a été trahi par un employé il y a une dizaine d’années. il n’a pas embauché pendant 5 ans. Puis il a recommencé timidement, mais le rapport qu’il entretient avec ses employés est lamentable. La Confiance de l’employeur qui était en lui est morte… Notre coaching porte justement sur cette Confiance. On pourra alors parler de «résurrection».
Les professionnels de l’aide (psychothérapeutes, coachs, sophrologues, hypnopraticiens, etc.), accompagnent les personne ainsi meurtries afin de les aider à remonter en selle. Dans ce type de prestation, la différence entre le coaching et la thérapie est dans la posture empathique :
– Le thérapeute va accompagner une victime. Une personne qui a besoin de se plaindre, de raconter sa triste histoire, de poser des mots sur ses blessures profondes, de se lamenter sur ce que la vie lui a enlevé en plein élan… La victime ne s’attend pas à être contrariée ou à être qualifié de «Responsable», qui dans sa situation émotionnelle est synonyme de «coupable».
– Le coach accompagne un futur gagnant qui sait qu’il a rendez-vous avez la réussite. Ce gagnant sait aussi que ça ne va pas être facile… C’est pour ça qu’il se fait accompagner. S’il raconte ses déboires, parce qu’il sait que les problèmes verbalisés vont apporter des solutions. Il s’attend à être bousculé, contrarié, poussé dans ses retranchements… Il sait que la résurrection de sa petite mort passe par des situations inconfortables…
Attention, je ne dis pas que le coaching est meilleur que la thérapie. Il y a des situations où la personne a besoin de s’exprimer en tant que victime avant de retrouver sa résilience. Je dis juste qu’il s’agit de deux processus différents et qu’il ne faut surtout pas confondre l’un et l’autre, ni remplacer l’un par l’autre. On n’entre pas dans un coaching avec des problèmes insurmontables, mais avec des projets plein la tête.
Les paragraphes qui suivent s’adressent à des personnes meurtries par une injustice, mais qui continuent à faire des projets de vie. Il ne concerne pas les personnes en dépression ou en attente «d’empathie du perdant». Si votre envie du jour est juste de blâmer celui qui a provoqué votre «petite mort», lisez-moi demain !
Toujours là ? C’est parti, avec un exemple exagéré :
Roméo et Juliette 2018
Après 6 ans de vie commune, Juliette apprend que Roméo la trompe ! En faisant le point avec lui, elle découvre que ce n’est pas nouveau : Roméo n’a jamais été fidèle ! Dès le lendemain de leur mariage, il la trompait déjà… Juliette le quitte sans sommation et mettra quelques années avant d’envisager de se remettre en couple. Mais elle ne parvient pas à maintenir une relation stable avec les hommes qu’elle rencontre. Pourquoi ? Parce que «les hommes sont tous de salauds !»… Non seulement elle l’a vécu, mais en plus, suite à sa séparation, elle a fréquenté principalement des copines qui ont toutes vécu une histoire glauque avec leur mec. Une croyance, ça s’entretient au quotidien ! La fréquentation de zombies fait partie du processus d’entretient de sa petite mort…
Si Juliette va voir un coach, elle sera surprise d’apprendre qu’il est possible qu’elle se soit trahie elle-même et que Roméo ne l’ait pas réellement trompée, même si il a couché avec des dizaines de femmes…
Comment est-ce possible ? Je vous explique ça à la sauce Roméo :
Pour Roméo, la fidélité du couple n’est pas une Valeur ! Ou plutôt, cette valeur ne lui procure rien d’agréable, et il a décidé de mettre d’autres valeurs conjugales au premier plan : faire des projets à deux, voyager, fonder une famille, organiser des surprises qui font pétiller les yeux de son petit monde… Si vous interrogiez Roméo sur son amour pour Juliette, il vous dira que JAMAIS il n’a donné priorité à une autre femme qu’elle lorsque le choix se présentait. Ses autres relations étaient sans lendemain, et il s’évertuait à le préciser à ses partenaires d’un soir. Il n’y a qu’auprès de Juliette qu’il imaginait son avenir…
Il n’était pas sexuellement fidèle, mais amoureusement il était intègre. Il n’a pas compris la réaction de Juliette lorsqu’elle a décidé de rompre. D’ailleurs, il ne savait même pas qu’elle était fidèle. Il pensait que comme lui, elle aimait sa vie de couple et n’y renoncerait pour rien au monde, tout en appréciant le charme des rencontres éphémères.
Evidemment, si pour vous la Fidélité est une Valeur Fondamentale du couple, ce que j’ai écrit ci-dessus pour «défendre» Roméo vous paraît juste hallucinant. J’avoue que j’ai eu du mal à écrire ça… C’est un véritable exercice de style de «non jugement» que de mettre mon talent d’écriture dans cet exemple…
De la victimisation à la Responsabilité
Juliette n’appréciera pas mon discours concernant Roméo, car j’y sous-entend en filigrane que c’est elle qui a l’a fait souffrir en le quittant (on inverse la victime et le bourreau)…
En réalité, je ne le défends pas ! Et mon discours n’a de l’intérêt que parce qu’il va se clôturer par une question :
– Juliette, comment avez-vous fait pour vous retrouver en couple avec une personne qui ne partage pas vos Valeurs Fondamentales ?
Juliette n’est pas Responsable des tromperies de Roméo. Elle est Responsable de son choix. Bien-sûr, elle pourrait me répondre ceci :
– Je n’ai pas choisi ! Ca a été le coup de foudre entre nous deux, et la fidélité étant une Valeur Conjugal implicite, il n’y avait aucune raison de faire le point là-dessus de façon explicite.
Pour Juliette, comme pour la plupart des gens, il n’est même pas question d’en parler ! C’est automatique : la Fidélité est livrée avec la relation amoureuse… Le problème est que Roméo n’a pas été éduqué comme ça. Donc ce n’est pas automatique pour lui.
(pendant que j’écris, je me dis que Shakespeare doit se retourner dans sa tombe. Aussi, je demande officiellement pardon à William pour le choix de ces prénoms).
Suite à son «accident de vie», Juliette pourra envisager une nouvelle relation de couple en acceptant une idée simple : au lieu de maintenir la croyance selon laquelle tous les hommes sont des salauds, elle peut utiliser son incident de parcours pour nourrir une nouvelle croyance : la Fidélité, ce n’est pas automatique chez tous le monde !
Désormais, sa Responsabilité est de s’assurer, AVANT d’envisager une relation durable, que son homme son homme considère LUI AUSSI que la Fidélité est une Valeur Fondamentale. Même si elle trouve bizarre d’en parler, c’est préférable de se mettre au diapason avec la personne qui partagera sa vie, sur ce qui constitue le ciment du couple.
Comme je l’ai écrit avant de donner cet exemple il est volontairement exagéré. L’exagération va vous permettre de comprendre que parfois, vous RESSENTEZ une trahison là où il n’y en a pas. Non seulement votre partenaire de jeu ne partage pas les mêmes Valeurs que vous, mais souvent, il a assez de délicatesse pour vous prévenir. C’est vous qui faites la sourde oreille en vous disant qu’il est impossible de vivre autrement qu’avec vos valeurs (ou que vous allez réussir à changer l’autre, et le transformer en quelqu’un de bien).
J’espère que cette première partie VOUS a été utile pour commencer à ressusciter vos petites morts…
Dans la deuxième partie de cet article, je vais rendre Roméo et Juliette à Shakespeare pour utiliser un exemple plus spécifique à notre relation vous et moi. Le but étant de rappeler mes Valeurs Fondamentales afin que ni vous, ni moi, ne nous sentions trahis à l’avenir.
A++
Stéphane
j’attends la suite – merci. Nous avons tous notre parcours de vie
Merci Stéphane, à partir de cet exemple de préciser que l’implication,ne l’est pas forcément et qu’expliciter prévient les futurs desappointements!
Cependant cela équivaut à passer un contrat avec ses divers points quasi exhaustifs alors que cela peut être interprété comme de la méfiance injustifiée qui parasite le début d’une relation tant professionnelle que personnelle !
Il paraît important, pour moi que chacun soit sur la même longueur d’onde ou partage le même langage (cf Gary Chapman avec ses cinq langages de l’amour).
Et je pense que c’est là que toi, coach, peut nous aider à la présentation de ce point de vue
Telle est ma contribution., encore merci. !
Merci Jean-Louis pour cette contribution.
Tu as cité Gary CHAPMAN tout en déviant plus ou moins son message. Ce que CHAPMAN nous dit, c’est d’accepter qu’il y a plusieurs langages de l’Amour, et donc, par exemple, d’apprécier l’idée qu’on peut être aimé, même si notre partenaire ne nous le dit pas. Il ne sait pas le dire avec des mots, mais avec d’autres attentions, et ces attentions sont EQUIVALENTES. Il n’y a pas de gradation à faire : un homme qui offre un bijou à sa femme est aussi amoureux qu’un homme qui offre un poème. Chacun son langage de l’Amour.
Il y a des couples équilibrés où l’homme se sent aimé lorsque sa femme lui dit des paroles valorisantes et où la femme se sent aimée lorsque son homme lui offre des cadeaux… La Valeur défendue n’est pas le «meilleur» langage. Ce couple se déchirerait en permanence et prendrait les enfants à témoin à la moindre contrariété. La valeur défendue est le respect des deux langages, et donc (en termes d’actions) l’apprentissage du langage de l’être aimé (sans s’oublier). Chacun donne le meilleur de lui-même au nom de l’Amour. Pas au nom du langage de l’Amour.
Il y a dans ton questionnement une confusion entre le QUOI (l’Amour) et le COMMENT (le langage de l’Amour). Le COMMENT est un outil au service du QUOI mais il ne le surplombe pas.
—–
Pour ce qui est de mettre en place un contrat avec des points exhaustifs (c’est ce qu’on appelle hypovigilance). Il n’en est nullement question dans mes propos. Il faut bien distinguer les Valeurs humaines avec les différents degrés d’importance que chaque individu lui donne, des Valeurs FONDAMENTALES d’une relation. Il me plaît de vivre avec une femme qui ne défend pas les mêmes valeurs que moi au même niveau. Mais il y a quelques valeurs FONDAMENTALES que nous plaçons tous les deux au plus haut niveau et qui cimentent la relation. Et ces valeurs là, nous en avons parlé. Pas sous forme de contrat, mais pendant la période de fiançailles (officielles ou non). C’est la période où nous mettons en place la con-fiance.
Donc je ne lui dirai pas :
– Si tu lèves la main sur l’un de nos enfants je te chasserai sans ménagement, car c’est une valeur fondamentale chez moi. Alors fais-gaffe !
Je lui dirai :
– Lorsque nous aurons des enfants, nous les éduquerons dans la bienveillance. Je suis en train d’étudier des techniques d’édcation bienveillantes. C’est fascinant de remplacer l’obéissance par le Respect…
Si elle me répond :
– Bof… J’ai reçu des claques et des fessées et je n’en suis pas morte.
Je sais que ça ne va pas le faire… Sauf dans les moments intimes où je pourrai laisser libre cours à la fessée qui ne tue pas…
Mais si elle me répond :
– Ca risque d’être complexe parce que mes parents ont eu la main leste et je sens que je suis un peu comme ça aussi. Mon père disait «les enfants, ça doit être facile !» et même si ça me dérageait, je trouve que cette phrase est jolie. Mais ce que tu viens de dire est encore plus joli, alors je suis prête à faire ce parcours avec toi… Ca va me demander beaucoup d’efforts, mais je serai la dernière enfant de ma lignée à avoir reçu des gifles…
Alors je saurai que j’ai trouvé la femme de ma vie.
Ce n’est pas un contrat. C’est un dialogue (amoureux) préalable qui crée les fondations du couple.
Je suis confrontée aujourd hui à une “personne qui a besoin de se plaindre, de raconter sa triste histoire, de poser des mots sur ses blessures profondes, de se lamenter ” du moins c est ma perception et peut être fais je erreur sur ses valeurs. Je compare inévitablement ce que je ressens comme un mal être et de la complaisance aux situations régulièrement inconfortables dans lesquelles je me mets volontairement et avec enthousiasme pour me sortir d un immobilisme non productif, voire destructeur ou au moins limitant. A l origine de cette différence d attitude sans doute une faute d écoute et d échange . Si cela est une experience d échec actuel avec cette personne qui ne reagit pas dans le sens où je le voudrais, c est aussi la raison pour laquelle je m efforce d être mieux à l’ ecoute des gens qui m entourent, quelle que soit la raison de notre relation, pour décider si nos valeurs s accordent et eviter tout quiproquo hâtif. Je retiens cette expression courante ” cela va mieux en le disant”. Merci de cette possibilité d appropriation en même temps que de transparence et nul doute qu’il n y aura pas sentiment de trahison entre nous.
Nous sommes tous, tantôt psy, tantôt coachs, sans forcément être diplômés pour ça. Ce que tu fais,c’set être à l’écoute. Si cette personne a besoin de se sentir victime et tu es prête à la servir dan le but de l’aider à se relever, alors tout est parfait. Peut-être qu’un jour elle acceptera de tenir un discours de co-création plus proactif. Et là, tu auras un merveilleux cadeau de la vie.
Merci Stéphane, Excellent article, comme toujours. Je voulais juste préciser qu’en tant que psychothérapeute, je ne maintiens pas mes patients dans la plainte. Je prends note de leur souffrance et de leur histoire comme des indicateurs d’outil thérapeutique et je le leur explique afin qu’ils sortent de leur posture de “victime ” et se mettent en mouvement pour en sortir. S’ils persistent dans leur comportement, je finis par rechercher le bénéfice secondaire qu’ils ont à se maintenir dans cette posture de victime et je leur en fait prendre conscience. Et là, où ça passe, et on continue la thérapie, ou ça casse car malgré tout, ils préfèrent leur état de victime. Je tenais juste à préciser que les thérapeutes ne persistent pas tous dans l’écoute de la plainte . On est là aussi pour accompagner vers “comment j’en sors et vers quoi je veux aller”. Bref, on coache un peu aussi …
Cordialement
Evelyne
Bonjour Evelyne,
Et qd “ça casse”, si cela signifie que la thérapie s arrête, quelle est la suite pour cette personne à l état de victime?
il y a une population qui vogue de thérapeute en thérapeute, jusqu’à la ce que la thérapeute débusque le fonctionnement de plaintif abandonnique, ou le plaisir sadique de mettre l’accompagnant en echec, ou le bénéfice secondaire maso de reproduire à l’infini la relation affective sur le mode auto-destruction.
soit il y a acceptation de passer à la phase suivante qui mène vers un autre scénario : pansage des blessure, de l’enfant bléssé qui reproduit scénario, et changement de paradigme. soit rupture, et le patient va trouver un autre thérapeute inexpérimenté, pour l’épuiser, le pomper, le manipuler, et croire qu’il le met en echec, alors qu’il ne fait que détruire sa vie.
Merci de cet éclairage. Je crois que j y trouve effectivement une explication dans la volonté consciente ou non de mise en echec du therapeute et l’illusion de “gagner” pour toujours mieux se plaindre et se détruire.
La façon dont tu le dis Evelyne, est juste magnifique.
Et au-delà de la relation patient-thérapeute, on voit aussi ce que ce genre de choses peut produire lorsqu’une personne, consciente ou pas de ses actes, rejoint un processus, non pas pour l’enrichir, mais pour être là au moment de l’échec. De là à précipiter l’échec, il n’y a qu’un pas.
Merci pour cette précision Evelyne.
Effectivement le but de la thérapie, c’est de sortir de la souffrance pour construire sa vie. Pas d’y stagner. Si on veut faire le deuil de sa souffrance, il y a une phase d’acceptation qui passe forcément pas la posture de la victime. Et c’et là que les psys font un travail extraordinaire, car il y a un véritable recul :
– Tu sais, Evelyne que cette personne construit sa vie, mais tu ne lui balances pas ça à la figure. Tu la diriges vers la lumière. J’ai beaucoup apprécié ce processus empathique lorsque j’en ai eu besoin.
Heureusement qu’il existe des professionnels de l’aide qui ont la vocation pour ça, et qui ont la force d’accompagner les «perdants de la vie» vers davantage de proactivité.
Je sais le faire temporairement (pour donner une pichenette), mais je ne sais pas le faire sur la durée (en fait, je ne le souhaite pas). C’est pour cette raison que j’ai choisi un métier où (en théorie) la victime se voit redirigée vers la bonne porte.
Il m’arrive parfois d’accueillir une personne en souffrance qui ne veut pas faire de thérapie. Elle veut un coach ! C’est plus smart… Mon coaching consiste alors l’aider à aller vers la thérapie…
Vous faites un très beau métier. Et si quoi que ce soit dans mon discours (passé ou à venir) laisse entendre le contraire, dites-le moi, car mes raccourcis peuvent parfois laisser entendre des choses contraires à ma pensée.
D’où l’expression «trahir sa pensée».
Ces précisions font partie du ciment de notre relation Evelyne, afin que personne ne se sente trahi.
L’explication de l’infidélité de Roméo n’est nullement satisfaisante a mon esprit, car le mariage implique de manière explicite (ce n’est pas moi mais Mr. le curé) la fidélité. Le mariage comporte donc un contrat que les deux parties ont signé et que l’une n’a pas respecté, donc Roméo est clairement coupable d’adultère.
Il aurait tout de même pu prévenir avant le mariage qu’il était un chaud lapin coureur de jupon, évitant a Juliette des déconvenues fort tristes et une mauvaise idée de la gent masculine. 😐
C’est très juste !
A un détail près (monsieur le curé), Roméo et Juliette ne se sont pas mariés, n’ont signé aucun contrat et ne se sont rien promis de façon si officielle. Officiellement, il n’y a pas adultère.
Effectivement, Juliette aurait pu se demander pourquoi Roméo ne voulait pas entendre parler de mariage… Non pas parce qu’il était un affreux coureur qui cache bien son jeu, mais parce qu’il était assez congruent pour ne pas signer un tel contrat.
Je sais que c’est difficile à comprendre et comme je l’ai écrit, pour moi c’est un exercice difficile de non-jugement (j’ai davantage d’affinités avec les valeurs de Juliette), mais rappelons-nous également qu’il s’agit d’un EXEMPLE EXAGÉRÉ, afin que d’autres exemples soient plus faciles à admettre.
Par exemple, le commercial de l’entrepreneur que je coache actuellement considérait que les clients qu’il amenait à la société lui appartenaient, et qu’en partant, il pouvait emporter le fichier, car ces clients n’achetaient pas uniquement des produits ou des services, mais aussi une confiance dans l’humain. Et le seul humain avec lequel ils avaient vraiment contact, c’était lui.
Mon client soutient que «ça ne se fait pas !» et se sent trahi (comme Juliette). Mais nous travaillons actuellement sur un fait : lorsque ce commercial de talent a été embauché, il est entré avec un bon portefeuille de clients. Et à ce moment-là personne ne lui a dit que ça ne se faisait pas…
Il est même possible qu’il ne sache toujours pas…
Merci pour ta réponse sur ce sujet intéressant parce que courant.
Dans ton texte initial il y a pourtant écrit
“Dès le lendemain de leur mariage, il la trompait déjà…”
donc j’avais fait l’hypothèse qu’ils étaient maries…
Je crois (et je ne suis pas cure) que dans tes exemples les problèmes viennent des non-dits. Il vaut mieux s’assurer que les 2 parties ont compris explicitement les clauses que de laisser celles-ci implicites. Juliette aurait pu rappeler a Romeo-coureur-de-jupon qu’il doit être fidèle et non pas le supposer. L’entrepreneur aurait pu rappeler a son commercial que son carnet d’adresses appartient a l’entreprise et non pas a lui tout seul.
Très juste ! Le problème avec les histoires de fiction, c’est qu’on oublie les détails, en particulier lorsqu’ils ne sont pas au centre de l’histoire.
Alors voici l’histoire :
Effectivement, un soir, ils ont fait la fête dans de beaux vêtements avec des amis qui ont tous fait honneur aux mariés, sauf le père de Juliette qui ne supportait pas l’idée qu’ils ne se marient pas à l’église. Juliette a vécu ce moment plus intensément que Roméo, qui était prêt à signer le registre pour lui faire plaisir…
Le maire adjoint qui les a mariés est marié lui aussi. Mais depuis 5 ans, il couche avec la boulangère et tout le monde le sait ! On sait aussi que la femme du maire adjoint a perdu sa libido suite à son accouchement et n’a jamais voulu régler son problème, considérant que les psys c’était pour les grands malades mentaux et que dans leur couple, le psychopathe son mari puisqu’il ne peut pas vivre sans rapports sexuels.
Elle lui a donc donné le droit d’aller voir ailleurs. Même si les habitant de la petite ville sont choqués par cette situation, pour elle, les escapades de son époux ne sont pas des tromperies puisqu’elle a volontairement renoncé aux galipette conjugales. En revanche, Monsieur l’adjoint au maire n’a pas intérêt à partir en vacances avec la boulangère, car ça, c’est réservé à leur couple…
Donc, ce jour là, lorsque l’adjoint a récité le code civil sans grande conviction et avec un nœud dans l’estomac, la moitié de la salle ricanait doucettement. On a même entendu au fond de la salle, lorsque le marieur en était à l’article sur la Fidélité, quelqu’un dire de façon à la fois discrète, intelligible et ironique :
– Ah oui ! La Fidélité… Donne-nous une leçon de fidélité…
Donc cet homme qui marie 30 couples par an, le fait parce que c’est sa fonction, et lorsqu’il le fait, c’est sans grande conviction et avec un énorme syndrome de l’imposteur.
Ce n’est pas comme si Roméo et Juliette avaient été mariés par Yves Duteil. D’ailleurs, certaines personnes qui avaient très envie de se marier, ont décidé de louer une maison à Precy Sur Marne, dans le seul but d’être mariés par cet artiste, fidèle malgré sa célébrité, valeureux au point d’adopter officiellement sa belle-fille, amoureux au point de construire une vie de famille avec une femme stérile, dévoué au point d’annuler ses tournées pour rester au chevet de sa compagne malade, lui écrivant l’une des plus belles chansons jamais écrites, intitulée «Pour que tu ne meures pas». D’après les personnes mariées par cet artiste, le passage devant le prêtre était moins spirituel que celui que leur a offert Monsieur le Maire…
Argumenter sur le manque de valeurs de Roméo en rappelant qu’il a signé un registre (et non un contrat), ce n’est pas satisfaisant non plus… Certaines vies sont compliquées. Certaines psychés sont tourmentées. Certaines âmes sont meurtries. Et si les Valeurs de certaines personnes (ou leur manque de Valeurs) vous choquent, cela démontre à quel point vous y attachez de l’importance, c’est le moment de les revaloriser en gonflant la poitrine, mais peu-on juger Roméo sans connaître sa vie. Car forcément, il y a des choses que je ne vous ai pas racontées. Il y a même des choses qu’il n’a jamais raconté à personne et qu’il ne racontera jamais… D’ailleurs, saura-t-il trouver les mots. Pour exprimer certains sentiments, les mots n’existent pas.
En revanche, il peut, sans forcément se raconter, discuter à propos de certaines valeurs comme la Fidélité, l’Entraide, l’Education, etc. présenter à ceux avec qui on partage quelque chose de fort jusqu’où cette force peut tenir. Nul besoin de signer un contrat pour ça. Le contrat, c’est pour les méfiants… Une relation méfiante n’est pas une Relation.
” Pour Roméo, la fidélité du couple n’est pas une Valeur ! Ou plutôt, cette valeur ne lui procure rien d’agréable, et il a décidé de mettre d’autres valeurs conjugales au premier plan : faire des projets à deux, voyager, fonder une famille, organiser des surprises qui font pétiller les yeux de son petit monde…”
Il est étonnant de placer la sensation d’agrément comme sa définition de valeur.
J’ai ici l’impression au contraire qu’une valeur est liée à un/des efforts et que la maîtrise de soi à à voir avec.
Quand au plaisir de faire plaisir aux autres et de créer de la légèreté autour de soi, c’est un peu altruiste mais surtout de nos jours liés à un enracinement dans le consumérisme et les achats plus ou moins impulsifs…
Et ceci est difficile d’en prendre conscience tant d’un côté que de l’autre du couplé.
Le sentiment agréable/désagréable qu’un valeur produit dans notre esprit porte un nom dans le jargon professionnel :
– La VALENCE.
C’est agréable ou désagréable dans le sens ou c’est BIEN ou c’est MAL (c’est la morale qui se trouve derrière toute valeur qui évalue une action).
Bien sûr qu’il faut faire preuve de volonté et de maîtrise de soi pour respecter nos valeurs, car elles sont souvent chahutées, et certaines situation les opposent les unes aux autres (on appelle ça un «double-bind» ou une «contrainte paradoxale»).
Mais dans le cas de Roméo, il n’y avait rien à défendre. Ce n’est pas sa valeur et encore moins sa Valeur FONDAMENTALE.
Ca n’en fait pas un sale type pour autant. Roméo ne met pas la frivolité au premier plan de sa vie en veillant à tromper sa femme au moins 3 fois par semaine. Il est fidèle à beaucoup de point de vue. Mais si le sujet est évoqué il est mal à l’aise à l’idée de réduire son activité sexuelle à une seule partenaire. Il pense même que cette restriction peut détruire un couple. D’où ma question à Juliette :
– Comment as-tu fait pour construire ta vie avec un homme qui ne défend pas tes Valeurs FONDAMENTALES.
Je rappelle (dans le cas où mon discours laisserait l’entendre) que je ne défends pas les mêmes valeurs que Roméo. Mais je défends son droit d’avoir des valeurs différentes des miennes, du moment où il vit sa vie sans interférer dans la mienne.
J’espère que ces précisions vous aideront à comprendre les concepts de ce texte, même si l’exemple (volontairement exagéré) vous met mal à l’aise. Je ne vous demanderai pas de faire un effort de maîtrise de soi pour défendre la «liberté sexuelle» (une valeur Fondamentale des couples dits «libérés»). Vos valeurs sont bien différentes, et vous avez fort à faire avec elles.
Concernant le paragraphe sur le consumérisme, je ne comprends pas bien le rapport que vous avez fait. je ne peux donc pas vous répondre sur ce sujet.
Merci pour votre intervention
Stéphane
“il a décidé de mettre d’autres valeurs conjugales au premier plan : faire des projets à deux, voyager, fonder une famille, organiser des surprises qui font pétiller les yeux de son petit monde… »
Ce qui est cité ici ne me semble pas être des valeurs mais des activités à organiser…
à part” fonder une famille”, quoique
cela dépend de la définition liée
Ce sont des activités rattachées à des Valeurs :
Coucher avec des inconnues n’est pas une valeur, ce sont des action rattachées à la valeur Fidélité (qui détruisent la Valeur). Résister à la tentation n’est pas une valeur, c’est une action rattachée à la valeur Fidélité (qui entretient la Valeur).
– Faire de projets à deux, c’est donner de l’importance au couple. Il n’y a pas un homme d’un côté et une femme de l’autre avec des projets séparés. Il y a une troisième entité créée par la Relation et il la met en valeur. Donc c’est le mot «à deux» qui et à retenir. Ceci dit, faire des projets est une Valeur mais pas pour tout le monde. Dois-je rappeler que nous sommes sur une page de coaching ?
– Voyager (toujours à deux), c’est découvrir de nouveaux horizons, s’émerveiller (hédonisme)
– Fonder une famille, dans la définition entendue par le commun des mortels est une valeur (la famille !)
– Organiser des surprises… J’ai déjà essayé d’organiser unes surprise en oubliant de mettre en valeur le côté «surprenant» (donc maintenir le secret pour que la magie de l’instant soit mémorable), et j’ai fait un flop. J’ai été grillé comme on dit… En rappelant que la surprise est l’une des valeurs de la fête, ça passe beaucoup mieux.
Bref, ce que je voulais expliquer, c’est qu’après 6 ans de vis commune, Juliette ne pouvait pas dire que Roméo n’a rien fait pour faire briller la vie du couple. Ce serait limiter le couple au sexe. Et c’est effectivement ce qui se passe lorsqu’une personne se sent trahie : tout le reste n’existe plus soudainement. Ca ne veut pas dire qu’elle a raison de faire disparaître tout ça…
C’est juste superbe!! merci Stéphane 🙂 Et tout en te lisant, je fais le parallèle avec la relation professionnelle (que tu évoques au début. Cela aurait pu être ton exemple). La trahison peut être ressentie professionnellement parlant. La connaissance de mes valeurs fondamentales, c’est un job que je fais régulièrement car les valeurs restent mais elles peuvent bouger sur l’échelle d’importance. Je me suis rapprochée de partenaires dont les valeurs concordaient avec les miennes…. et je me sens trahie par le non respect de leurs valeurs affichées. Je viens d’en prendre conscience en te lisant et la colère qui monte en moi depuis des mois semble retomber comme un soufflé…. j’ai compris. Donc? Que vais je faire de cela? Clairement réduire mes attentes. Mais suis je dans la bonne énergie pour avancer? Respecter mes valeurs, c’est me couper de partenaires potentiellement aidant et cela me fait devenir quelqu’un que je ne reconnais pas (ou une part de moi que je ne voulais pas libérer de moi?). Merci encore pour tes écrits toujours éclairants même si je prends peu de temps pour tous les lire…celui-ci m’a appelée si fort!! 🙂
Merci Valérie, tes interventions sont toujours aussi délicieuses, et si chacun de mes lecteurs pouvait le faire aussi «rarement» que toi, il y aurait beaucoup plus de lumière dans mes programmes.
Dans le monde professionnel, la concordance des valeurs est un gage de réussite (et donc aussi d’échec, mais nous ne sommes pas ici pour parler de ça ;-)).
En fonction de l’activité que tu mènes, chaque acteur lié à l’activité aura forcément des valeurs à respecter. Par exemple, si tu prépares un évènement (une conférence dans un salon), un prestataire qui ne respecte pas la ponctualité risque fort d’avoir à faire à toi ! C’est un minimum ! En revanche, si c’est un spectateur qui arrive en retard, il sera facilement excusé.
Cela signifie qu’en fonction des personnes qui influencent ton activité, il y a face à chaque groupe, des valeur à entretenir, dont certaines sont FONDAMENTALES. Par exemple, un spectateur qui entre bruyamment dans ta salle de conférence en chantant «Tu les verras plus, les poils e mon cul, j’en ai fait des brosses…» sera redirigé vars la sortie. Le client est roi jusqu’à certaines limites…
Il est très important de nos jours, d’entretenir régulièrement ce que j’appelle une COV : une Communication Orientée Valeurs.
Nous vivons de plus en plus dans un monde où les contrats ne sont pas lus. Ils sont juste signés. Il en est de même pour ce qui est soi-disant «implicite». Pour reprendre mon exemple, est-ce qu’une personne qui signe un registre de mariage a bien compris qu’elle s’engageait dans la fidélité ? Ce n’est pas si sûr…
C’est la même chose dans le monde des affaires. Lorsque je lis (dans les romans d’Alexandre Dumas notamment) l’éthique qui existait entre les hommes d’affaires, je suis subjugué. Le sens de l’honneur y est tellement implicite, que l’auteur n’insiste pas sur le fait qu’il y a eu engagement. C’est puissant !
Il est donc possible qu’en signant avec un partenaire, tu aies le sentiment profond que quelque chose de puissant existe entre vous deux. C’est implicite. Mais pour lui, qui signe 10 contrats de ce type par semaine et qui ne s’intéresse qu’à ce qui est immédiatement rentable, cette signature est juste administrative, mais n’engage à rien.
Je ne sais pas si réduire tes attentes est une bonne idée (tout dépend de ton seuil de tolérance), mais il est important de les rappeler à tous les acteurs pour que chacun se sente clairement Responsable
Il y a obligatoirement une période d’habituation dans une relation. Ce sont es «fiançailles». Le mot Confiance et le mot fiançailles ont la même racine. Chacun y apporte sa bonne éducation.
Pour ma part, j’éduque mes fournisseurs comme mes clients, comme mes prospects. Ce n’est pas la même éducation pour chacun, donc ce ne sont pas les mêmes valeurs qui sont mises en avant. Chaque relation a ses valeurs.
Pour te donner un exemple, à partir de la rentrée, je cesserai tout envoi aux personne qui ne me lisent pas. Elles seront prévenus par 3 courriers non agressifs (me lire n’est pas une obligation), et au bout de ces 3 courriers, nous nous dirons adieu en bonne intelligence.
Pourquoi ? Parce que lorsque mon courrier arrive dans une boite de réception et qu’il n’est pas lu, ma réputation auprès de Google, Yahou et autres prestataires baisse. Ce qui fait que j’arrive de plus en plus en spam si je ne veille pas à un bon taux de lecture après envoi.
Ne pas me lire après inscription, est un manque d’éducation. C’est nuisible pour mon activité. Mais beaucoup de gens ne le savent pas. Ils n’ont aucune idée de ce que représente le maintien d’une newsletter. C’est gratuit et sans engagement. Et mon travail consistera à faire en sorte qu’au bout d’un moment, il y ait engagement… Donc la Communication Orientée Valeurs sera forcément au rendez-vous dès le début du processus.
Et ce n’est qu’un exemple. Imagine tout ce qu’il faut mettre en place à plus forte raison, avec ses partenaires.
Mais quand c’est implicite, comme ça se passe entre toi et moi, c’est juste magique.
Merci pour ta magie.
waow!!! tu ouvres un champ de réflexion juste fascinant!! Tu tombes à point nommé 🙂 Je me suis permise de partager cet auto coaching avec quelqu’un qui partage mes valeurs fondamentales professionnelles. Si l’ami Google en tient compte, je suis ravie de contribuer à cela! (ça matche avec mes valeurs fondamentales en plus 😉 )
Après la chasse aux COV (Composés Organiques Volatils) dans mon job initial il est l’heure de remettre du COV (Communication Orientée Valeur) là où il se doit!
Revenons aux fondamentaux! ça va faire du vide! Parfait, j’en suis là aussi 🙂
Attention au vide trop soudain. Il a tendance à se remplir avec le premier gaz qui traîne…
Toujours aussi intéressantes tes publications.
Je vais entamer une identification des valeurs des personnes avec lesquelles j’entretiens des rapports parfois « abrasifs ».
Et pour ceux qui pensent que mettre des étoiles dans les yeux de ceux qu’on aime en créant la surprise et en savourant la vie, bref que l’hédonisme et la recherche du bonheur ne sont pas des valeurs, je pense pouvoir leur dire nous n’avons pas ces valeurs en commun mais elles sont centrales dans ma vie.
Au boulot ! 😉
bonjour Stéphane merci pour ce beau texte. J y vois effectivement des références à Chapman et aux accords Tolteques. Veillons à ce que tout soit toujours clair et compris pour continuer l aventure. Vive la vraie communication. J ai été trahie, trompée dans le cadre professionnel lorsque je pensais que les échanges étaient limpides et partagés. Maintenant je veille à ma propre communication et utilise des moyens pour être certaine que tout est sur la même longueur d’ondes.