Debout les bienveillants (2/2)
Dans la première partie de cet article, j’expliquais qu’il était normal pour une personne bienveillante d’être freinée dans son élan en apprenant la terrible nouvelle qui a secoué la France. Il y a le choc émotionnel, et il y a aussi (dans certains cœurs de métier) la peur de «récupérer» l’évènement. J’ai donc partagé ces deux idées :
- Si les bienveillants sont freinés, les véritables profiteurs peuvent agir plus facilement sur une terrain libre et conquis d’avance.
- Si vous vous posez ce type de questions, cala signifie que vous avez une Conscience : il est donc préférable que l’évènement soit récupéré par vous que par d’autres…
Comme vous le savez le coaching vous invite à vous dépasser. Vos émotions peuvent vous freiner, mais ils peuvent aussi vous booster. Alors tentons d’inverser la tendance de ces derniers jours. Allons plus loin !
Ne changez rien qu’ils disaient !
L’un des courants de pensée le plus partagé suite à un attentat, est qu’il ne faut RIEN changer à notre style de vie. Selon les défenseurs de ce paradigme, un changement de comportement serait une façon de laisser la terreur gagner du terrain… Je suis d’accord avec ça : si vous décidez de ne plus jamais participer à un feu d’artifice alors que vous aimiez ça, la terreur aura pris le dessus…
Mais qu’en est-il si vous n’aimiez pas les feux d’artifice et qu’en guise d’hommage aux victimes, vous décidiez dorénavant de participer à ce genre de rassemblement ? Qui pourrait dire que ce changement est une façon de céder à la terreur ?…
Je vais vous livrer un secret de polichinelle : face à une menace, le changement est obligatoire ! C’est notre capacité d’adaptation qui veut ça. C’est aussi automatique que de respirer ! Mais de la même façon qu’il est possible de prendre le contrôle sur sa respiration, il est également possible de prendre le contrôle sur ce changement. Si vous tentez de faire comme si de rien n’était, votre changement sera involontaire et pourrait se manifester à contre-valeurs. C’est ainsi que beaucoup de gens se demandent «comment j’ai fait pour en arriver là ?»… A l’inverse, si le changement est volontaire, s’il est éveillé, valeureux, contrôlé… vous pourrez l’accompagner consciemment et mieux maîtriser la situation.
Un exemple
J’ai tendance à prendre des pincettes lorsque je donne des exemples, car il arrive que certains lecteurs se focalisent dessus et ne parviennent pas à personnaliser l’idée pour faire leur propre coaching. C’est pourtant le propre de cette newsletter. Mon but n’est pas de vous donner un mode d’emploi à suivre de A à Z, mais de vous aider à faire votre propre cheminement. L’exemple que je vais vous donner est donc une «illustration» une idée comme beaucoup d’autres, qui reste à personnaliser.
Allons-y :
Vous regardez les informations, et vous apprenez qu’avant l’arrivée des secours sur la Promenade des anglais, quelques personnes se sont précipitées sur les blessés pour compresser les plaies, pratiquer des massages cardiaques et prendre dans leurs bras les plus choqués pour leur murmurer des mots doux à l’oreille. A partir de cette information, vous prenez une résolution : suivre un stage de secourisme. C’est une vraie décision qui sera suivie d’actions concrètes. Pas une lubie du moment qui sera oubliée dès qu’on vous annoncera le prix de la prestation. C’est déterminé !
Or quelle est notre propension naturelle en entendant que que les secours ont mis près de 18 minutes avant d’arriver ? Le jugement ! Il se caractérise soit la critique soit l’admiration… Mais l’idée de faire partie des secouristes dès les premières secondes n’est pas naturelle. Il est très rare qu’un reportage dans une émission d’information provoque cette idée.
Alors montons d’un niveau : vous êtes directeur d’un magasin. Et suite à cette décision personnelle, vous faites la proposition à vos employés. L’idée de la formation de groupe est adoptée à l’unanimité ! Cette Attitude est encore plus rare ! Elle est freinée par le paradigme cité plus haut : «ne changeons rien à notre style de vie pour ne pas jouer le jeu des terroristes». Or avec un peu de leadership (ça s’apprend), vous pourrez affirmer que porter secours à notre prochain a toujours fait partie des valeurs de notre société ! Nous sommes en plein dans notre style de vie. On ne cède pas on s’adapte !
Allons encore plus loin : vous choisissez une date à laquelle votre boutique est habituellement ouverte, et vous affichez ceci sur la grille baissée :
«chers clients, en réponse aux récents attentats, la direction comme les employés du magasin ont décidé de suivre un stage de secourisme, ce jour. Vous nous retrouverez dès demain matin».
Bien-sûr, beaucoup de lecteurs me diront «ce n’est pas la peine de faire autant de bruit, c’est une décision personnelle». Et je le leur répondrai en deux questions :
- Avez-vous vraiment la prétention de porter secours en solitaire, à des centaines de personnes blessées et choquées ?
- Pensez-vous que l’idée qui a traversé votre esprit est irrecevable par quiconque ne l’a pas eue ?
C’est encore un principe de leadership ! On dit souvent que les leaders sont prétentieux, mais en partageant leurs idées, en facilitant la prise de décision, en motivant leur équipe, ils font preuve d’humilité. Ils savent qu’ils ont besoin des autres pour faire face, et ils savent faire passer le message.
Et si vous dirigez une société de formation et vous décidez d’ajouter le secourisme à votre catalogue, n’ayez pas peur d’être taxé d’opportuniste ! Ce serait vraiment dommage de passer à côté de l’opportunité d’être exemplaire.
Debout les bienveillants !
A++
Stéphane SOLOMON
Merci Stéphane. Très instructif.
Courage et engagement individuel (et collectif) plutôt que d’attendre du gouvernement et des services publiques qu’ils s’occupent de tout.
Merci Stéphane,
Parfois on ne trouve plus les mots pour “en” parler, alors soyons Grands….
Merci à vous Francine, continuons à grandir ensemble.
Proactivité, quand tu nous tiens 😉
bonjour,
Merci pour cette belle réflexion
En effet, palabrer est facile mais rarement constructif…
prendre la décision de devenir acteur d’une situation est primordiale mais s’engager, réaliser et partager l’action est juste formidable
Merci de savoir me lire aussi bien 😉
Bonjour Stéphane
Je fais partie des personnes que face à ces évènements disent qu’il ne faut pas changer de mode de vie, savourer chaque instant présent, tout en restant vigilant et positif , mais grâce à votre lettre d’aujourd’hui je me rends compte que j’ai encore des pensées limitantes ! Merci pour ces éclairantes réflexions !
Merci Evelyne, et surtout rappelez-vous que se renforcer pour aider son prochain n’est en aucun cas un changement de style de vie. En tout cas, pas pour les bienveillants auxquels je m’adresse, et dont vous faites partie.
Un choc émotionnel peut nous mettre KO, mais il peut aussi nous inciter à augmenter notre potentiel. Si je m’en tien à mon exemple (qui n’est qu’un exemple), il n’y a ni changement de style de vie, ni cession à la terreur. Vous êtes simplement prête à faire face, si nécessaire.
Merci pour le dernier commentaire, car j’ai decidé pour ma part de ne pas céder et de ne pas changer mon mode de vie. Malgré des menaces reçus sur mon lieu de travail, je n’ai pas choisi l’option tele travail. C’etait pourtant facile.
Par contre, je respecte les règles de sécurité et les contrôles avec les sourire et gentillesse pour les policiers mobilisés….. Et j’esaie d’ être égale á moi même avec mes collégues.
Collaboration au travail et partage et politesse au dehors.
Par contre, je suis en phase avec ce que vous avez écrit.
Bonne soirée.