L’appariement
L’une des fonctions de base de l’intelligence est l’appariement. C’est-à-dire la capacité à associer deux choses entre elles (pour faire la paire). Le plus populaire des appariements est celui des chaussettes : si je vous donnais une chaussette bleue, une chaussette verte, une autre chaussette bleue et une autre chaussette verte, en quelques secondes vous me formerez 2 paires de chaussettes : l’une verte, l’autre bleue.
Quel rapport avec le Développement Personnel ? Eh bien je dirais que sans travail sur soi, cette fonction de base reste à la base… Apparier des chaussettes est certes une action intelligente, mais l’être humain est capable de beaucoup plus que ça ! Du moins s’il le souhaite vraiment.
Inconsciemment nous avons tendance à appliquer le principe d’appariement à beaucoup de choses. Si vous avez un animal de compagnie, je pourrais vous demander de me trouver un qualificatif qui reflète sa personnalité. Vous me trouverez alors rapidement une réponse. Mais si je vous demandais 5 qualificatifs, ça commencerait à devenir plus périlleux, car il faudra faire un effort de réflexion. L’appariement est automatique : votre chien est gentil, votre chat est joueur, votre oiseau est matinal, etc. Mais je pense que vous serez d’accord avec moi : votre animal n’est pas que ça… L’appariement est réducteur. Il est parfois à l’origine de stigmatisations et de jugements qui n’ont absolument rien à voir avec la réalité. Seul un effort de raisonnement vous aidera à en prendre conscience.
APPARIEMENT ET IMAGE DE SOI
Vous avez forcément un appariement majoritaire, c’est-à-dire un trait de caractère qui sera prononcé par vos proches si vous leur demandez de vous qualifier. Ça pourrait être «grande gueule» ou «intello» ou «papa poule» ou «honnête» ou «sexy» ou «riche» ou «bonne poire»… Cet appariement ne vient pas de nulle part. Vous en êtes principalement responsable. J’ai une cousine dont le surnom était «Tamalou» ! Pourquoi ? Parce que pendant des années, du matin jusqu’au soir, elle se plaignait d’avoir mal quelque part. De ce fait, lorsqu’elle se levait le matin, les premiers mots qu’elle entendait étaient «Bonjour Chantal, t’as mal où ?»… Grâce à une histoire d’Amour elle a pris sa santé en mains et ses douleurs ont disparu (en tout cas elle a cessé d’en parler). Mais le surnom est resté pendant des années… Lorsque nous parlions de Chantal en famille, et qu’il fallait la distinguer d’une autre Chantal, nous disions «Chantal-Tamalou»…
Un autre exemple : il fut une époque où je me comportais comme le super-héros de l’informatique ! Dès que quelqu’un de mon entourage avait un problème avec son ordinateur, je bondissais sur sa machine pour proposer une solution ! Inutile de vous dire que j’étais très sollicité. L’appariement Stéphane<->Informaticien-Super héros était très ancré, et j’en étais le principal responsable : j’alimentais cette image… Elle me plaisait.
Cela pourrait être amusant s’il n’y avait pas de conséquences fâcheuses lorsque vous voulez apporter des changements à votre vie. L’image que la majorité des gens ont de vous aura tendance à vous coller à la peau : il y aura une forte demande en ce sens, et votre propension naturelle sera d’offrir ce qui est demandé. L’appariement est une sacrée force qui résiste au changement. Si je n’avais fréquenté que mes proches pendant ma reconversion de carrière (j’ai pris une orientation full-coaching il y a 10 ans), je serais probablement encore dans l’informatique.
Je précise que je ne dénigre pas les professions de l’informatique (Je suis toujours technophile). Je veux juste vous aider à prendre conscience que si vous faites de nouveaux choix de vie, il est important pour vous de fréquenter des gens qui ne vous ramèneront pas systématiquement vers vos anciens choix.
La première bonne pratique que je vous encourage à entretenir si vous voulez changer quelque chose dans votre vie, c’est de vous autoriser à fréquenter de nouvelles personnes ! Des gens qui n’ont pas déjà fait un appariement à contre-courant de votre projet et qui trouveront que l’avenir que vous envisagez vous va comme un gant ! Mais attention, en aucun cas cela signifie que vous devez rompre le contact avec vos proches à cause de leur propension à résister à vos nouvelles initiatives. L’idée est plutôt de vous affirmer et de faire savoir autour de vous que vous écrivez une nouvelle saison de votre vie et que chacun est invité à y jouer un rôle, sachant que vous, vous y tiendrez le rôle principal.
MA SŒUR ET MOI
Par exemple, il y a environ 5 ans, lors de l’anniversaire de ma fille cadette, ma sœur a profité de l’évènement pour m’amener son ordinateur portable afin que je lui reformate son disque dur et que je réinstalle Windows… Je lui alors répondu:
– Ca t’arrive souvent de demander un coach de s’occuper de ton informatique ?
– Mais… Euh… Je ne te demande pas ça parce que je te prends encore pour l’informaticien de la famille. Je te demande ça comme un service, parce que tu sais le faire !
– Etrange… Je sais aussi repasser, et tu ne m’as jamais apporté un sac de linge…
– Eh ben tiens ! Puisque tu le proposes gentiment, je vais t’en amener un demain.
Bien que la conversation se soit terminée sur une note d’humour qui pourrait être assimilée à une victoire de ma sœur, elle ne m’a pas apporté son repassage, et elle a confié son formatage a l’un de mes amis dont je lui ai donné le numéro. Depuis, elle ne me demande plus aucun service lié à l’informatique, mais elle vient toujours aux anniversaires. Et 2 ans après l’évènement, elle m’a même offert le coffret «La boite à bonheur» (éditions Hachette). J’en profite pour vous livrer une citation de Bernard Werber que je viens de trouver dans le petit livret qui s’y trouve :
Le Bonheur, c’est quand on veut que demain soit un autre aujourd’hui.
J’insiste sur un point important : le dialogue que j’ai eu avec ma sœur n’est pas forcément «un modèle du genre». Il correspond à un «code» entre ma sœur et moi. Avec mon frère j’ai utilisé une autre technique… C’est le fond (l’affirmation de soi) qui est à retenir, et non la forme. Avec un petit travail d’appropriation, vous saurez vous affirmer tout en utilisant un «code» de communication qui convient au contexte.
DIRE NON, C’EST DIRE OUI…
Vous pourriez trouver ça dur de dire NON à un proche, mais je vais vous aider à apprécier : d’après mes souvenirs, cette histoire date de février 2013. Il fallait environ 3 heures de travail pour faire un formatage et une réinstallation. Février 2013, c’est la période où j’ai écrit «Le Bonheur de Neige». En disant NON au formatage d’un disque, j’ai pris le temps d’écrire un texte qui a mis des étoiles dans les yeux de milliers de personnes. Et en disant NON à d’autres interventions informatiques, mon temps s’est libéré pour «La peau de Banane», cet hommage à mon père qui m’a permis de souffler des perles de proactivité à des centaines de personnes. Dire NON à l’image qui me collait à la peau m’a permis de dire OUI à de nouveaux projets de vie.
ET VOUS DANS TOUT ÇA ?
Alors, à votre avis quels sont les appariements qui pourraient vous empêcher d’avancer, parce qu’ils vous enferment dans une image que vous avez véhiculé trop longtemps ?
Vos nouvelles fréquentations aideront à vous en défaire. Si vous voulez faire connaissance avec des personnes motivées par le changement plus que par la procrastination, vous pouvez adhérer au programme «Aller Vers» qui vient de commencer. Quant à votre entourage, rappelez-vous qu’à chaque fois qu’il vous proposera de faire quelque chose qui est à contre-courant de vos projets de vie, vous pourrez saisir l’occasion pour vous affirmer, de préférence avec douceur, humour et bienveillance.
Nous aurons l’occasion d’en reparler. En attendant, vous pouvez commenter, de préférence dans le programme «Aller Vers», car je viens de vous offrir le premier article. Eh oui… Si vous avez lu cet article, vous n’êtes toujours pas en retard, car c’est le premier article du programme «Aller Vers»…
A++
Stéphane
Merci beaucoup pour cet article très intéressant ! C’est tellement vrai tout ça !