Voici une technique que je vous propose d’utiliser avec vos enfants s’ils ont des problèmes en orthographe. Je l’ai expérimentée des dizaines de fois avec des enfants que j’accompagne (coaching scolaire), et les instituteurs que je forme sont unanimes : les progrès sont vite palpables, et les résultats sont durables.
Préparation mentale
Oubliez, le temps de l’exercice, les contraintes et les méthodes scolaires. Rappelez-vous que quelle que soit la classe de votre enfant, il étudie pour lui-même. Son apprentissage n’a pas pour vocation d’obtenir de bonnes notes, de plaire à ses professeurs, ou de faire votre fierté. L’idée centrale est de penser à l’enfant d’abord. L’environnement dans lequel il est censé «exceller» passe après… En gardant cet état d’esprit, vous pourrez appliquer cette technique avec simplicité, et surtout, vous pourrez adapter la technique en restant à l’écoute.
La méthode
Demandez à votre enfant de choisir un texte qui est important à ses yeux. Attention : ne lui demandez pas de choisir le texte qu’il préfère parmi une dizaine de choix. Proposez-lui de choisir SON texte librement. Il peut s’agir de l’extrait d’un livre, d’une chanson, d’un dialogue de film, d’une pub, etc. laissez-le faire, et surtout, NE JUGEZ PAS son choix. Respectez-le !
Laissez votre enfant étudier le texte, en lui expliquant que le but est d’en faire une dictée. Dès qu’il se sentira prêt, lancez l’écriture ! Si c’est une chanson que votre enfant connait par cœur, elle peut faire l’objet d’une auto-dictée.
Observez le résultat… Je ne sais pas si vous trouvez surprenant le fait qu’on fasse moins de fautes lorsqu’on estime qu’un texte est digne d’intérêt… Si ça vous étonne, vous allez vivre un miracle !
Comment l’expliquer ?
Bon… D’abord, ce n’est pas bien d’expliquer les miracles, parce qu’à moins d’être initié au Développement Personnel, l’explication peut réduire le côté miraculeux… Mais puisque vous insistez, l’explication tient en un mot : le RESPECT !
L’orthographe n’est pas une science, et même si la matière obéit à un certain nombre de règles, elle est très capricieuse, et truffée d’exceptions plus bizarres les unes que les autres. L’enfant accepte facilement quelque chose ou quelqu’un de bizarre et de capricieux, à partir du moment où il y a RESPECT. Dans le cas de la dictée valeureuse, l’enfant ne cherche pas à respecter la logique ou les règles… Il respecte le texte qui le fait vibrer et le message qui s’en dégage. Il sait qu’une faute peut en dénaturer le SENS. Son attention est décuplée pour garder le fond et la forme intacts.
Résultats++
Est-ce que cet exercice répété peut améliorer l’orthographe de l’enfant autour d’autres textes, moins choisis ? La réponse est OUI ! Ce progrès est un deuxième miracle que je ne pourrai expliquer qu’à celles et ceux qui auront apprécié le premier.
Alors expérimentez !
Si vous avez des questions, si vous êtes enseignant(e) et souhaitez adapter cette technique en classe, ou si vous voulez partager votre expérience, laissez un commentaire ci-dessous.
A++
Stéphane SOLOMON
Bonjour Stéphane,
A l’inverse, pensez-vous que votre interlocuteur vous manque de respect si l’écrit qu’il vous envoie est truffé de fautes ?
Bien cordialement,
Sébastien
Bonjour Sébastien,
Et merci pour votre question.
Je pense que si vous accordez beaucoup d’importance à l’orthographe, que votre interlocuteur sait que c’est une VALEUR importante pour vous, et qu’il ne prend pas soin de corriger son écrit, c’est un manque de respect.
Attention : il nous arrive tous de faire des fautes, ou de manquer d’attention en reformulant une phrase. Il y a donc une différence entre :
– Je suis arrivé avant tout le mode, si bien que j’ai cru m’être trompé de jour
et
– Je suis arriver avant toulemonde, ci bien que j’ai crû mettre tromper deux jours.
———
Par ailleurs, tout dépend du contexte : si c’est un texto, ou une autre forme d’échange rapide, c’est beaucoup moins grave qu’un courrier. Je ne dis pas qu’on peut se laisser aller, mais c’est une question de pérennité du message. En général, on garde les courriers plus longtemps qu’un texto.
Idem entre un blog et un livre. Si on peut se permettre d’être son propre relecteur dans le cas d’un blog, il est préférable de faire appel à un professionnel dans le cas d’un livre : il y a beaucoup plus de lecteurs à respecter, et en général, les personnes qui aiment les livres n’aiment pas du tout être troublées par des fautes..
C’est donc une question de CIBLE. Si elle attache de l’IMPORTANCE à l’orthographe, il y a une attente à respecter.
Il y a aussi le fait que certains outils sont pénibles à utiliser, et qu’ils ne disposent pas d’un correcteur orthographique. Pour ma part, je fais des fautes lorsque j’écris des messages privés sur Facebook, surtout avec mon iPad, qui a une correction/complétion automatique assez bizarre.
A++
Stéphane
Bonsoir Stéphane,
“choisir une texte” Vous l’avez fait volontairement? Ou c’est une coquille?
J’adore ce que vous faites.
Respectueusement
Michel
Coquille !!! Corrigée ;-).
Je pourrais raconter une histoire de “respect “.
Ca s’est passé un été pendant une semaine consacrée à la recherche d’approches pédagogiques et de solutions thérapeutiques efficaces et à l’époque “originales” pour les enfants en (grande) difficulté scolaire.
j’avais, pour 5 jours, un groupe d’une douzaine d’enfants d’âge variable, de niveau école primaire, du CE1 au CM1. Tous étaient en échec scolaire et donc en souffrance.
J’avais fait une séance orale ou nous avions inventé une histoire ensemble, Ils étaient assez créatifs, aussi après cette activité, je leur ai demandé s’ils voulaient inventer une histoire personnelle … et l’écrire, pour ceux qui étaient assez audacieux pour s’y lancer.
La plupart ont écrit, puis les volontaires ont mi-lu mi-raconté leur histoire.
L’un des écrivains pourtant semblait très gêné à l’idée de partager, il est venu me montrer sa réalisation écrite.
Je dois dire que l’état de son papier expliquait bien son trouble: autant de ce qu’on appelle des fautes d’orthographe que vous pouvez l’imaginer et un écriture chaotique rendant le texte presque illisible.
Cependant ce texte au delà de son apparence catastrophique, était plein de sensibilité et d’imagination.
Alors, en privé, je lui ai demandé s’il acceptait que je recopie son texte pour qu’on puisse le lire le lendemain.
Ca l’a visiblement beaucoup soulagé, et il m’a confié son ouvrage.
Après la classe, j’ai donc écrit son texte sans faute et en le mettant en page.
Le lendemain il ne pouvait pas croire que c’était SON texte. Nous avons donc vérifié ensemble les concordance, ceci fait il m’a demandé de le lire aux autres, ce que j’ai fait. Bien sûr j’ai défendu son texte, j’ai, comme on dit, mis le ton.
Il écoutait l’histoire intensément et petit à petit, se redressait sur sa chaise tandis que ses traits se détendaient et que sa respiration se faisait plus ample.
A la fin, les autres ont applaudi et lui souriait avec des larmes dans les yeux.
La discussion qui a suivi m’a conduite à leur dire :
Si vous voulez que vos histoires soit belles à regarder, autant qu’elles sont belles à écouter, alors, vous devrez enseigner à vos doigts à écrire joliment et à vos yeux à regarder utilement. Vous êtes les professeurs de vos mains et de vos yeux, il vous suffit de le décider, de le vouloir vraiment.
Bien sûr ils ont extrapolé et ont découvert qu’ils étaient aussi les professeurs de leurs jambes, de leurs oreilles etc… et sont devenus conscients du rôle de la volonté dans leur vie.
Ce fut un très beau moment qui me fait encore chaud au cœur quand je l’évoque…
Merci Suzanne, très jolie perle de souvenirs dans la collecte de ce ‘blog’ (c’est beaucoup++ que ça pour nous je pense) avec de tels moments de partage avec Stéphane.
A++
Patrick
Encore une synchronicité Patrick ! Nous avons écrit notre ressenti en même temps. J’ai juste fait plus long ;-).
A++
Stéphane
Bonjour Suzanne,
Merci infiniment pour ce témoignage qui, à mon sens, mérite une bonne place dans le top 10 des transcendances pédagogiques. Une fois de plus, on peut parler de miracle. Vous connaissez sans aucun doute mieux que moi la souffrance des personnes dites «en échec scolaire», et vous avez su faire preuve d’empathie pour accompagner ce futur scénariste, conteur, écrivain, faiseur de rêves… en lui indiquant le chemin de la réussite. De SA réussite.
Si un jour vous voulez co-animer avec moi un webinaire «l’auto-coach du mois» autour de la pédagogie, je suis votre dévoué.
Dans votre histoire, il y a une technique évidente, basée sur le RESPECT. Non seulement vous avez su respecter ces élèves «rejetés» par le système éducatif commun, mais vous avez créé une ambiance respectueuse dans le groupe de travail. Enfin, vous avez créé le RESPECT à l’intérieur d’une personne, le RESPECT DE SOI, et c’est l’un des plus beaux cadeaux que l’on puisse offrir à une personne qui en manque. A partir de là, tout devient possible. L’enfant dont vous parlez n’est pas le seul à avoir vécu ce moment d’exception, puisque le reste du groupe a pu vibrer en sa présence :tout le monde a vécu l’émotion que vous exprimez. En encore aujourd’hui, lorsque vous racontez votre expérience, tous les lecteurs reconnaissent ce moment exceptionnel.
Il me reste une proposition à faire pour les lecteurs : ne vous contentez pas de l’histoire ! Faites-en une technique, voire plusieurs… Suzanne, en quelques mots, vous a donné tous les ingrédients ainsi que le mode d’emploi. Elle le fait à travers une histoire, mais TOUT EST HISTOIRE. Et surtout, ne limitez pas cette technique aux enfants en «échec scolaire», pensant qu’heureusement, vos enfants n’en sont pas là. Il suffit que l’enfant soit en difficulté (même une petite difficulté) pour que vous puissiez vous inspirer de cette histoire, et adapter la technique. Même un enfant qui a 15/20 et qui aspire à avoir 20/20 peut bénéficier de cette pratique. Il vous suffit de respecter son niveau (et donc d’adapter la technique à ce niveau). Idem pour changer de matière (ça marche aussi pour les maths !), et idem dans d’autres environnements :ça marche aussi en entreprise, en milieu associatif, en milieu hospitalier, en milieu sportif, etc.
Le RESPECT est la plus grande des valeurs humaines, car tout peut être ramené à lui. Même si vous estimez (par exemple) que la Santé est votre valeur centrale, au fond, c’est une question de RESPECT de votre corps et de votre esprit.
Bonne découverte à tous.
A++
Stéphane
Bonjour
Votre témoignage plein de sensibilité est magnifique !
Quel enseignement et quel beau résultat sur cet enfants et les autres !
Il faudrait davantage d’enseignants se comportant de cette façon !
Merci Stéphane pour avoir eu cette idée d’écrire la dictée valeureuse
Bonjour,
Je ne suis pas professeur, je n’ai pas d’enfants à qui enseigner l’orthographe, mais cette méthode me parait vraiment excellente. Elle m’aurait bien plu en son temps.
Bonne fin de semaine
Merci Christine pour cette appréciation.
Il est encore temps ! Il suffit de changer de matière, de lieu, de personnages, et adapter la technique à votre histoire.
La question à se poser est :
– Qu’est-ce que JE peux faire de ça ?
Donner votre appréciation est déjà énorme ! C’est le début de quelque chose de plus grand.
Donnez-moi des nouvelles.
A++
Stéphane
Je me demande si de ce point de vue les adultes fonctionnent comme les enfants…
Je pense à une nouvelle technique à apprendre (un loisir par exemple). J’ai l’impression que c’est plus difficile pour un adulte de choisir ce qui lui plait, et de le dire, que pour un enfant qui est spontané.
Je rencontre dans mon travail des adultes en demande de règles à suivre, en ayant perdu le sens de ce qu’il veulent dire à travers cette technique.
Les adultes défendent leurs valeurs, les enfants les découvrent. De ce fait, je crois que c’est plus difficile de choisir pour un enfant, surtout en période d’adolescence où il construit sa personnalité, parfois à contre-valeurs des parents et des autres modèles. Ça devient une affaire de Confiance : l’enfant se sent le droit (ou pas) de faire son choix, en fonction de ta façon de lui présenter les choses et de t’adapter à sa personnalité.
Si les adultes que tu rencontres sont en demande de règles à suivre, c’est parce qu’ils ont été formés de cette façon. Nous avons tous été formés initialement à l’école, et peu de professeurs savent faire passer le QUOI avant le COMMENT, L’objectif avant le choix de la méthode, la Valeur avant la technique… Lorsque les adultes se retrouvent en Formation, il s’attendent à retrouver l’ambiance scolaire. Si tu veux faire autrement, ça demande une dynamique mentale différente, et donc une préparation.
Revenir à l’essentiel, c’est un véritable défi pour tout le monde. Mais une fois que c’est enclenché, on n’arrête pas le progrès ;-).
Oui je veux faire autrement, évidemment !
Sinon ça serait renier 25 ans de ma vie, et même aller à l’envers du sens de ma vie. Je ne vois pas comment je pourrais enseigner quoi que ce soit efficacement dans ces conditions.
Depuis hier je cogitais sur cette ambiance scolaire… Je crois que ça y est j’ai compris.
En fait j’ai eu une expérience réellement différente du fait de mes études artistiques. Ce qui explique à quel point cette demande me laissait perplexe (jusqu’à aujourd’hui).
Car à force de chercher, j’ai pu rassembler des souvenirs, et ça y est, je visualise « l’ambiance scolaire ». Ça me fait un peu horreur je dois dire, et j’aurais autant aimé ne pas retrouver ces souvenirs !! Mais je comprends que consciemment ou inconsciemment, les adultes s’attendent à retrouver cela en formation, même dans les loisirs.
Heureusement, d’autres personnes sont en recherche de créativité et certains sont grandement soulagés de découvrir qu’ils sont en fait libres… Ça fait du bien à voir en direct live ce soulagement !
Oui c’est un défi pour tout le monde de revenir à l’essentiel. Je trouve ça passionnant !