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La photo de classe

Juste une petite brève amusante et d’actualité. Ca m’est arrivé ce matin en déposant ma fille à la maternelle. La photo de classe était affichée à l’entrée de la salle. Il y avait une photo à hauteur des parents, et une autre à hauteur des enfants. En aidant ma fille à enlever son manteau, j’ai scruté la photo, et j’ai trouvé ma petite princesse en moins d’une seconde.

Etrange : elle fait une grimace en s’étirant la bouche ! Je trouve ça dommage… Drôle, mais dommage… Je lui demande pourquoi elle a décidé de faire une grimace, juste pendant la photo, et elle me répond du haut de ses 3 ans et 10 mois :

– Mais papa regarde ! tout le monde fait une grimace : c’est le monsieur qui nous a demandé !

Je regarde mieux : en effet, tous les enfants de la classe gonflent leurs joues, se tirent la bouche ouvrent grand les yeux, etc. Chacun son style… Ca m’interpelle : c’est la première fois que je vois ça. De mon temps, il était interdit de faire des grimaces, même lorsqu’on ne prenait pas de photo… Quelle idée de prendre cette pose au moment d’éterniser l’instant !

Je me redresse, et me retrouve face à la photo qui est à hauteur des adultes. Et là, je remarque que tout le monde sourit.

Ouf ! Il y a donc deux photos au choix : le photographe a probablement une préférence, mais il a pensé à ceux qui n’ont pas été éduqués comme moi, et probablement comme lui… Bein oui : si je fais abstraction de mes paradigmes, la photo grimaçante est une idée très sympa. Même si ça me gêne, il y a un public pour ça.

Ma fille entre en classe, et une maman arrive avec son fils. Il veut la photo grimaçante ! Sa maman n’est pas d’accord : on ne va pas montrer ça à Mamie… Et que va dire Papy… etc. Elle passe commande de la photo classique.

Je m’interroge… Est-ce le revers d’une éducation contraignante ? En supposant que Papy et Mamie aient envie d’élargir leur esprit avec le temps, ce sont leurs enfants qui vont les en empêcher. C’est l’un des problèmes que l’on rencontre lorsqu’on impose ses propres choix à ses enfants systématiquement. Il y a un retour…

J’interpelle la maîtresse :

– C’est amusant ce qu’ils ont fait cette année avec la photo grimaçante en bonus !

– Mais ça fait plusieurs années qu’ils font ça… C’est la première fois que vous le remarquez ?

Waouw ! Je reste bloqué… Je dois avouer que oui. Ce n’est pas la première photo de classe que j’achète, et pourtant, je n’ai jamais remarqué qu’il y en avait deux différentes. Pour garder une certaine posture, je réponds :

– D’habitude, c’est ma femme qui commande les photos. Donc je n’ai vu que celles qui sont à la maison…

Je sais que ce n’est pas vrai ! Même si c’est Karine s’occupe de ce genre de choses, j’emmène souvent mes enfants à l’école, et j’aurais pu le remarquer avant. Mais l’humain est ainsi fait : hors contemplation intérieure, il se cherche des excuses extérieures, et il en trouve toujours. C’est encore plus facile quand on est marié…

Je poursuis ma discussion :

– Quelle est la photo la plus commandée ?

– La classique ! 9 fois sur 10 !

– Humm… C’est la préférée des parents ou des enfants ?

– Ah… Ca c’est intéressant comme question. Je vais la poser en classe, ça pourrait surprendre. Mais vous pouvez déjà poser la question à votre fille…

Je rappelle la petite et lui demande laquelle des deux photos elle préfère. Elle me regarde avec ses grands yeux de poupée, et me dit sans hésiter :

– LES DEUX !

Si j’étais parano, je dirais que ma fille a adhéré à TIME-COACH à mon insu, et qu’elle me lit régulièrement pour me prendre à mon propre piège : après l’article que je vous ai écrit la dernière fois sur l’ouverture d’esprit, j’ai dû faire un effort pour être Congruent. C’est-à-dire, faire correspondre l’expérience à la prise de Conscience :

j’ai donc commandé LES DEUX photos…

Laissons la paranoïa de côté et soyons pragmatiques : ma fille ne sait pas encore lire. Par contre, elle m’a entendu dire «LES DEUX» des centaines de fois. Elle connaît son père et elle évalue «les possibles» en fonction de ce discernement. Son imagination, sa créativité, son enthousiasme, son intuition… dépendent de la lecture qu’elle a du monde des adultes qui l’entourent.

Finalement, parano ou pragmatique, le résultat est le même : elle me lit !

Nos enfants nous lisent… Veillons à leurs lectures.

Bonne journée,

Stéphane SOLOMON

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Véronique O
Véronique O
10 années il y a

Bonjour les studieux et moins adepte de l’école,
Pour qui, au final, le photographe est appelé à faire la photo ?

De mon côté, j’ai tjs acheté la photo de classe pour que mes enfants puissent l’avoir en souvenir, se replonger dans l’atmosphère, d’ici 1, 2 ou 3 décennies
Je trouve que c’est là qu’elle prends toute sa valeur. Et là, si l’enfant devenu adulte retrouve ses petits copains et lui même avec la grimace naturelle, c’est la cerise sur le gâteau.
Pourquoi vouloir laisser un souvenir sérieux de soi-même ? Vive les clowns qui sont en nous !

de montjou
de montjou
10 années il y a
Répondre à  Stéphane SOLOMON

Je ne suis pas d’accord pour les deux photos. Je n’en condamne aucune mais il faut hierarchiser en fonction de votre échelle de valeurs.
Une fois que la vie est là, il faut l’assumer. Et l’assumer c’est sourire, malgré les difficultés, les bourrasques. Un sourire, ça vous irradie le coeur. Une grimace, c’est peut-être drôle un instant. Mais est ce que ça exprime de la sympathie, de l’amour, de l”encouragement? Est-ce que c’est beau?
Vous traversez la rue à pied. L’automobiliste que vous avez fait stopper vous fait un sourire? vous le remercier d’un autre sourire. il vous fait une grimace, vous allez avoir envie de lui répondre sur le même mode. Et c’est l’agressivité qui se déclenche.
Tout ne se vaut pas

NICOLAY Jean-Jacques
NICOLAY Jean-Jacques
10 années il y a

Amusant cette histoire et plein d’enseignements avec la chute, oh combien intéressante et amusante de votre fille: “les deux”. Je suis d’accord avec elle, même si au cours de la lecture je me suis dit, complètement déconnant (mes excuses pour ce mot….) ce photographe, puis après réflexion j’ai changé d’opinion et suis complètement en phase avec vous. Remarquez, il fallait aller voir la photo au niveau des enfants pour s’apercevoir de leurs mimiques. Je suis sur qu’en ayant acheté les deux photos et en montrant progressivement, l’une après l’autre les deux photos, papy et mamy auraient bien ris…..en tout cas ce serait mon cas…..
Salutations cordiales.
J.J.

Stéphane Najman
Stéphane Najman
10 années il y a

Voilà un photographe qui est plein de créativité, à tous niveaux ! En faisant ces 2 photos, il vous offre une ouverture d’esprit, un sourire à la vie, ainsi que l’achat de 2 photos au lieu d’1 😉 De plus, il en profite pour s’amuser et avoir certainement plus de plaisir à faire ces photos qui sont d’ordinaire plutôt ennuyeuses pour un photographe. Alors c’est gagnant-gagnant !

Suzanne
Suzanne
10 années il y a

Bonjour à vous tous,

Je commence par la fin: “nos enfants nous lisent…” C’est certain! Même nos bébés sont sensibles à nos états intérieurs, alors à l’age de la maternelle…
Ils apprennent de nous, ils font de nous des modèles, ce qui nous donne la responsabilité de mettre de la relativité dans nos actes et nos propos (tellement facile… à dire).
Mais aussi ils nous enseignent, ils sont nos meilleurs professeurs parce qu’ils sont sincères, au contact de leurs propres ressentis, lucides, conscients de nos contradictions, etc…

Et maintenant une remarque concernant les papy- mamy: c’est juste mon cas. J’espère bien qu’aucun de mes enfants, ni de mes petits-enfants maintenant qu’ils sont adultes, ne me croira assez passéiste, conventionnelle, pour m’imposer du socialement correct! Pour avoir photographié mes petits-enfants de tant de façons, ce sont les photos “grimaces” qui, des années après, me parlent le mieux d’eux!

Faites attention, à trop ménager les “anciens”, on commence à les enterrer! Merci de ne pas nous amputer d’une possible ouverture d’esprit.
Tant que nous sommes en vie, nous sommes capables de prises de conscience et d’évolution, c’est même à cela qu’on reconnaît la Vie.

Ouh! la! la! Donneuse de leçons je me sens, tant pis! j’assume,

Amitiés,
Mamy Suzanne

Suzanne
Suzanne
10 années il y a

Bonjour Stéphane,
Tout d’abord merci de m’avoir si bien comprise (donc, on se comprends “parmi” comme disent nos amis helvètes) et merci de parler de relation en terme de vibrations…

Je voudrais juste compléter ce paragraphe de votre réponse:
…” je me mets à la hauteur de ma fille, physiquement. C’est pour l’aider à se déshabiller, mais c’est aussi un propos sur le niveau intellectuel : en me mettant au niveau d’une fille de 4 ans, je descends en dessous de l’âge de raison. Et parfois, il suffit de plier les genoux pour ça…”

Lorsque vous vous mettez à la hauteur de votre fille, physiquement, vous choisissez d’adopter son angle de vue sur le monde, mais comme vous êtes aussi son papa et ouvert à ce qu’elle est comme personne humaine, ce n’est pas seulement à son niveau que vous accédez, c’est à vos propres 4 ans que vous revenez, c’est pour cela seulement que vous pouvez la comprendre.

Je vais me permettre aussi une anecdote en rapport: un jour une collègue est venue à l’école avec son enfant, dont la maitresse de maternelle était à une conférence.
A la récréation, ce garçon est resté avec moi.
Conversation (en substance…)
Moi: tu as quel âge?
Lui: j’ai 5 ans, et toi? tu as quel âge?
Moi: Moi aussi j’ai 5 ans.
Il me regarde un peu perplexe, il n’y a d’ironie ni chez lui ni chez moi.
Moi: Oui j’ai 5 ans, 6 ans, 7 ans,15 ans, 30 ans….. J’ai tous mes âges jusqu’à 45 ans.
Il me regarde lui sourire, il est pensif puis
Lui: Mon petit frère, il a 3 ans.
Pause
Lui: Alors moi aussi j’ai 3 ans, 4 ans, 5 ans, si je veux?
Moi: Oui, bien sûr.
Pause
Lui: Alors moi je peux être comme lui, mais lui y peut pas être comme moi.
Pause
Lui: Alors, c’est moi qui doit le comprendre.

C’est sûr que cet enfant a fait une belle prise de conscience, et moi, j’ai découvert qu’on peut avoir conscience de la relativité humaine à 5 ans! Quelle jolie leçon, n’est-ce pas?

Amitiés,
Suzanne

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