L’histoire qui suit est l’introduction d’un thème majeur en Coaching et en Communication, et par conséquent en Gestion du Temps. Les personnages présentés dans cette histoire sont plutôt équilibrés, sociables, appréciés par leur entourage, attentifs aux autres… Pourtant, vous le savez, certaines situations apparemment anodines, mènent les gens vers des incompréhensions, qui étape par étape, peuvent entrainer de véritables conflits. Il y a une cause clairement identifiée.
(Ce texte a été co-écrit avec Anaëlle CYRIL, coache professionnelle et personnelle. Elle y raconte son histoire)
Le cadeau d’anniversaire
Il y a quelques années, l’une de mes collègues de travail (nous l’appellerons Mirella) ne supportait pas l’idée d’offrir des livres à des enfants :
– Un livre n’est pas un objet que les enfants apprécient ! Ils en ont assez à l’école ! Il vaut mieux leur offrir des jouets ou des vêtements de marque.
C’était bien plus qu’une simple opinion. Il n’était pas possible d’en discuter sereinement. Cette discussion est apparue car nous étions toutes deux invitées chez un collaborateur fraichement embauché. Son fils devait fêter ses 10 ans. Cet anniversaire était l’occasion de faire connaissance de façon festive.
Ayant subtilement capturé quelques informations, j’entrepris d’acheter un livre sur les dinosaures. C’était un livre adapté à son âge, avec de nombreuses illustrations, bref… En emballant ce cadeau dans mon bureau, sous les yeux de Mirella, je ne pensais pas commettre un pêché capital. Mais à différents moments de la conversation, j’avoue que j’ai failli faire marche arrière, tant elle était catastrophée par mon geste !
Quelques heures plus tard, nous étions toutes deux devant la porte de l’appartement. La fête battait son plein, quelques enfants couraient dans la maison. Félicitant le petit, je lui offris le paquet en mains propres, Mirella préféra s’adresser aux parents. J’ai trouvé que «cela ne se faisait pas». Mais pas au point d’ouvrir une discussion. C’était juste une opinion concernant le respect de la personne : on peut s’adresser directement à un enfant de 10 ans.
Les deux paquets furent rangés parmi les autres. Le gâteau dégusté, le déballage allait commencer : l’assemblée entourait l’enfant, et commentait chaque découverte avec des «Waouw», des «Waaah…», des «Supeeeerrrs !», l’ambiance était à son apogée, le groupe d’enfants excités, les parents radieux.
Une réaction surprenante
Le moment de déballer le cadeau offert par Mirella arriva : L’enfant déchira un bout du papier, et la marque apparut : c’était une grande marque de chaussures de sport et l’assemblée était déjà prête à s’extasier lorsque le père du petit se décomposa ! Il se précipita vers son fils, puis cherchant à rester mondain, il prit un autre cadeau sur la pile et lui dit «tiens, ouvre celui-ci d’abord !», puis il prit la boîte de Mirella et s’éloigna. Mirella le suivit stupéfaite, j’en fis autant quelques secondes plus tard, anticipant une confrontation…
Dans le couloir, Mirella tentait de convaincre Liang :
– Il faut qu’il les essaye ! J’ai une semaine pour les échanger… Si elles sont trop petites, ce serait dommage de les perdre.
– Non, vraiment merci Mirella, il les essayera ce soir tranquillement. Il a plein de cadeaux à déballer. Je te les ramènerai lundi au bureau s’il y a un problème de pointure.
– Mais je ne comprends pas… C’est une grande marque de sport, ses copains vont être impressionnés ! J’ai passé un temps fou à les choisir, j’ai même demandé conseil à mes neveux qui ont le même âge… Ca devient vexant !
– Je préfère éviter d’en parler maintenant. Tout le monde m’attend. On verra ça au bureau.
– Il n’y a rien à voir… J’ai trouvé ça touchant que tu invites des collègues que tu connais à peine à l’anniversaire de ton fils, mais là, on dirait une mise à l’épreuve. Je préfère partir !
Je décidai d’intervenir :
– Mirella, allons dans la voiture, je vais tout t’expliquer. Prends les chaussures avec toi ! Liang, tu peux rejoindre tes invités, nous reviendrons dans 10 minutes.
Voyant que j’avais compris, Liang me remercia.
———————————
Comme je vous le disais en introduction, dans cette «énigme», il n’y a ni gentils ni méchants. Tous les acteurs sont sains d’esprit et n’ont aucune revanche à prendre sur leurs collègues ou sur la vie… Liang pourrait être votre collaborateur, votre client, votre fournisseur, Mirella aussi. Des situations équivalentes se produisent tous les jours, entre amis, entre frères et sœurs, entre mari et femme… Parfois les dégâts collatéraux sont énormes (licenciements, impayés, procès, divorces…). Beaucoup de gens appellent cela un «malentendu» qui s’embrase… Mais nous allons développer davantage ce thème, dans la seconde partie de ce message.
Mais vous avez peut-être une idée… Quelle mouche a piqué Liang au moment où il a découvert ce cadeau d’anniversaire ? Vous pouvez commenter cet article ci-dessous.
A++
Stéphane SOLOMON
Merci pour ces beaux partages !
J’attends la suite avec impatience, comme toujours …
Bonjour Valérie,
Merci à vous de nous lire.
A++
Stéphane SOLOMON et son équipe.
Je n’ai rien compris. je ne vois pas de problème. De plus je pense que personne n’a le droit d’intervenir pendant l’ouverture des cadeaux de ses enfants.
Bonjour,
Ce que vous dites est intéressant et concorde parfaitement avec la suite. Mirella pense des choses, Anaëlle pense d’autres choses, et vous vous ne pensez pas comme Liang… Et pourtant vous allez devoir fréquenter ce genre de «penseurs» régulièrement (sauf si vous vivez sur une île déserte).
Mais à propos… Qu’est-ce qui vous fait penser ? Et surtout, pour en revenir à ma question : qu’est-ce qui fait penser Liang, pour qu’il ait une telle réaction… ?
D’ailleurs, pense-t-il vraiment ?
Nous verrons ça demain.
A++, et merci pour votre intervention,
Stéphane SOLOMON
Le mystère reste entier … est-ce que Liang a eu peur de Mirella ? Il savait qu’elle allait offrir des baskets de marque, donc, pour ne pas gêner Anaëlle (qui avait quand même son propre cadeau) et envenimer la relation toute fraîche entre nouveaux collègues, il a préféré demander à son fils de ne pas ouvrir ce cadeau-là … ou comment les relations entre adultes peuvent compliquer une fête d’anniversaire …
Bonjour,
La scène raconte que beaucoup de cadeaux ont été ouverts, avant comme après. Apparemment seul le cadeau de Mirella a gêné Liang (le père du petit). Evidemment, l’intrigue n’est pas simple, car il ya une part de mystère entre ce qui est dit, ce qui est dit en filigrane, et ce qui n’est pas dit… Mais il est bon de découvrir quelques idées, lorsqu’une scène incompréhensible est décrite, ou lorsque vous y assistez en personne.
Alors merci pour cette contribution, et à demain pour le dénouement.
Stéphane
Bonjour,
Soit le gamin n’a pas de pieds, soit le concurrent de la grande marque de baskets était invité aussi. Alors évidemment !!!
Salutations
Bonjour Cunégonde (???),
En ce qui concerne les pieds de l’enfant, ils sont normaux. Peut-être un peu petits pour son âge (asiatique), mais une chose aussi visible aurait été racontée. Par contre, pour le concurrent, c’est bien pensé ! Ce n’est pas ça, mais effectivement, c’est une raison fossile à cette réaction… Ca dépend des gens.
Mais ça dépend de QUOI chez ces gens ???
A++
Stéphane
Ah là il y a confirmation, Liang et son fils sont de culture ‘asiatique’..Chinoise peut-être..ça expliquerait peut-être un biais culturel. Par exemple quand je trinque avec un Chinois, je ne dis pas tchin-tchin car chez eux ça signifie bounga-bounga. On ne force pas un chinois à dire “non”, c’est perdre la face..un truc comme ça peut-être ?
Bizarre l’a priori sur les livres, c’est un cas d’école je pense, comme l’idée qu’on offre le cadeau à l’enfant directement et pas aux parents ?
Hmmm ça me dit quelque chose cette histoire !
Bon j’attends demain!
A+
Patrick
Bonjour Patrick,
Attention au mot «biais», car il pourrait être mal interprété. Nous aurons l’occasion de démystifier ce mot pour qu’il devienne joli.
Mis à part ça, bien joué ! Effectivement, il y a des choses qu’on peut faire ou ne pas faire avec certaines cultures. Et bravo pour la liaison (volontaire ou pas) avec la confrontation Mirella-Anaëlle, juste après cette clé concernant la culture.
Vous chauffez !
Mais de quoi parle-t-on au juste ?
A++
Stéphane
L’enfant a réclamé ce cadeau et ce dernier fut refusé par le père qui ne veut donc pas qu’un tiers l’offre …… A demain pour la suite …..
NAOMIE
Bonjour Naomie,
Bien pensé… Mais dans ce cas, l’intro de l’histoire est un peu longue. Nous aurions pu écrire un brève qui débute au moment de l’anniversaire.
L’intégralité du texte a du sens (et va dans le même sens) : ce n’est pas du bavardage ou du remplissage. Même si la réaction du père est démesurée, en réalité les 3 acteurs ont le même problème…
A++
Stéphane
Bonjour,
Je crains d’être décalée, car je ne suis absolument pas d’accord avec ce qui est dit dans l’intro., à savoir ces gens sont plutôt équilibrés…attentifs aux autres. Au contraire,je trouve l’attitude des 3 protagonistes anormale en se réunissant sous le prétexte de l’anniversaire d’un enfant. De surcroît ils l’abreuvent de cadeaux. Pauvre enfant, utilisé à des fins professionnelles, et vicié par trop de cadeaux. Donc là je bloque, comme, vous pouvez l’imaginer, je bloque souvent au boulot.
Bonjour Valérie,
Je crois bien qu’on va toucher du doigt l’une des raisons principales de vos procrastinations. Soyez attentive à la suite des articles…
Anaëlle travaillait dans une société de formation. EN général les formateurs ne sont plutôt équilibrés, sociables, appréciés par leur entourage, attentifs aux autres… Sinon, ils ne font pas long feu dans la profession. Mais cette histoire est un peu particulière, parce que les 3 protagonistes sont soumis à un certain stress. Le plus évident est celui de Liang qui a un comportement incompréhensible. Mirella est certainement un peu bornée en ce qui concerne ses principes sur les livres. Anaëlle se raconte plutôt bien : elle n’aurait certainement pas porté de jugement sur le comportement de Mirelle, si cette dernière ne l’avait pas stressé auparavant, avec ses histoire de livres.
J’ai déjà invité des collègues à l’anniversaire de mes enfants. Ce n’était pas un prétexte pour se réunir, simplement une invitation de bon coeur. Mais peut-être avez-vous comme principe de n’inviter que la famille… Dans ce cas, en quoi ête -vous différente de Mirella, qui a comme principe de ne pas offrir de livres aux enfants ?
Dans notre société, en effet, les enfants sont souvent gâtés en termes de cadeaux, car chaque invité en offre un. Ma fille a fête son anniversaire ce mois-ci. Elle a invité 7 copains et copines. Chacun est venu avec un cadeau. Ca se fait… Donc là encore, rien de spécialement bizarre si on se fie aux sens commun et aux actions populaires.
Nous en reparlerons demain.
A++
Stéphane
A moins que liang ou ses parents aient été exploités par cette grande marque de chaussures puisque étant Chinois on sait que la grosse marge de ces marques est faite sur le dos des ouvriers qui gagnent une misère, je ne comprends pas du tout sa réaction.
Ceci a souvent été évoque dans les top-réponses. L’exploitation des enfants dans les usines chinoises préoccupe les occidentaux que nous sommes.
Ce n’est pas le thème, mais effectivement, un tel traumatisme aurait pu provoquer ce genre de réaction.
Merci Jacques.
Effectivement nous pensons tous différemment. Nos pensées sont générées par notre éducation, nos origines, notre religion, mais aussi parfois par des événements qui ont marqué notre vie.
Peut être que Mirella avait des livres à chacun de ces anniversaires alors qu’elle rêvait d’avoir des vêtements de marque ?
Peut être que pour Liang cette paire de chaussures de sport est liée à un événement douloureux pour lui ou son fils ?
En tout cas j’aime ce petit suspense, merci Stéphane
A demain pour la suite et pour comprendre
Martine
Vraiment intéressant cette énigme. Je relis le texte et ne vois pas bcp à redire. Tout bon père de famille va chercher à protéger son enfant : il rejette donc des chaussure de sport de grande marque. Que rejettent il ? Les chaussures ? Le sport ? La grande marque ? Ou alors c’est un problème qui le concerne personnellement … Idem pour les 3 points. Peut être à t il perdu un enfant précédent qui portait des chaussures de sport de cette marque. La pensée est la seule chose que l’on ne peut aisément stopper ! Le danger pour l’enfant semble ne pas exister je pencherai donc pour un souvenir insupportable qu’il tente d’oublier par tous les moyens ….. A bientôt j’attends la suite avec impatience ….
Hummm… Le traumatisme… Bonne idée !
Mais alors comment Anaëlle dit qu’elle a compris, et qu’elle allait tout expliquer à Mirella. Un traumatisme, c’est très personnel. Il aurait fallu que Liang raconte son histoire à Anaëlle. Or c’était un nouveau collègue… Les gens se confient-ils aussi vite ?
Connaissant Anaëlle, j’aurais envie de dire OUI… Mais ce n’est pas ça !
Toutefois, c’est intéressant, et quelque part, ça rejoint le véritable problème de Liang.
A++
Stéphane
S’il ne s’agit pas du travail des enfants en Chine, donc d’un point de vue moral, j’opte pour le fait que le papa a sans doute offert à son fils le même cadeau, d’où sa “déconfiture “à l’ouverture du paquet “concurrent”. Ajoutons que chacun des protagonistes perçoit souvent le monde alentour de son propre point de vue, avec ses concepts (ce qui se fait ou ne se fait pas), au lieu de se décentrer pour se mettre à l’écoute des autres. Aller au delà de ” l’intérêt personnel” qui entraîne les frictions.
voilà ce que m’évoque cette histoire.
Bonjour Isabella,
Bien vu pour le PRISME de chacun, car la plupart des personnes à qui je raconte cette histoire se focalisent sur la fin (la réaction de Liang), qui est démesurée. Mais l’introduction et les deux autres personnages mène vers la solution. Vous parlez de PERCEPTION, nous y sommes, mais de quel sens s’agit-il ? Comment est-il faussé ? Pourquoi est-il faussé ? Est-ce vraiment un sens ? Si oui, est-ce un sixièe sens que certains aiguisent, et d’autres laissent à l’abandon ?
Pour ce qui est de l’écoute des autres, je crois qu’Anaëlle se rattrape plutôt bien à la fin. Encore faut-il comprendre l’autre à travers les signaux qu’il émet… Les lire, les interpréter, s’assurer qu’on est sur la bonne voie, et passer à l’action… Ca peut demander un peu de temps. Mais quand on veut…
A++
Stéphane
Je suis d’accord avec vous en ce qui concerne Anaëlle.
Pour la perception, je ne crois pas qu’il s’agisse d’un sens à proprement parler. S’il l’on veut vraiment le qualifier on peut le nommer “ego”, cela englobe toute nos croyances et nos schémas de pensées, constructions mentales. On peut s’en détacher en prenant un rôle d’observateur, je lisais une fois un commentaire : ne pas “réagir” à un évenement mais “prendre la responsabilité de” dans le sens “réponse habilitée”. Cela dénote un certain recul. Pour ma part, je pense que l’on comprend mieux les autres quand on commence déjà par apprendre à se connaître, et c’est le travail de toute une vie !
Je profite de l’occasion pour vous remercier pour l’histoire de votre père (la peau de banane), belle leçon de vie qui m’a touchée.
Cordialement
Isabella