Je devais approcher de mes 20 ans. J’étais formateur en informatique, l’un des plus jeunes, et aussi l’un de ceux qui connaissaient le plus de logiciels et qui savait transmettre son savoir de façon naturelle.
C’est justement de Nature que je voudrais vous parler, ou plutôt des arbres… Et puisque le principe de ce partage est d’évoquer des expériences inspirantes, je vais vous parler de MON arbre.
J’étais donc formateur vacataire, ma carrière démarrait bien car je suis tombé dans la marmite de l’informatique étant petit. J’ai créé (et participé à la création) de plusieurs clubs d’informatique durant mon adolescence, ce qui m’a permis de découvrir la pédagogie assez jeune.
Chaque matin, je partais à pied vers le RER de Champigny-Sur-Marne. Sur le chemin, dans le petit jardinet qui longeait le cinéma un arbre était planté. Magnifique ! J’ai décidé de l’apprivoiser un jour d’automne. Il faut que je vous avoue que je ne sais même pas de quel arbre il s’agissait. C’était peut-être un platane, un érable, un chêne… Peu importe : pour moi c’était juste un «arbre de ville» qui était sur mon chemin.
Au début, la relation était timide : je le regardais de loin, et en passant devant lui, je détachais mon regard tout en inspirant profondément, puis en expirant lentement, au passage… C’était une relation scientifique : il me donnait son oxygène et je lui donnais mon dioxyde de carbone. C’était rassurant d’associer à cet acte étrange quelque chose de rationnel.
Puis je me suis dit que nous devions partager davantage : j’ai décidé de m’arrêter une minute, et en bon pragmatique je prenais plusieurs respirations profondes, tout en le regardant «les yeux dans les branches». Parfois ses feuilles frémissaient ! Le vent sans doute…
Peu à peu, notre relation devint plus intime : un matin de février, je me suis approché pour poser mes mains sur son tronc. C’est là que le pragmatisme m’a quitté, laissant place à une relation plus spirituelle. J’étais convaincu que mon arbre et moi échangions bien plus que des gaz… Qu’il y avait un «au deçà» dans cette relation, qu’aucune science n’avait encore découvert.
Lorsqu’il faisait beau, je m’asseyais par terre en m’adossant à l’arbre et je préparais ma journée pendant 10 minutes. Avant d’atteindre ce niveau, je planifiais dans le train. Mais à mesure que le soleil nous offrait ses rayons matinaux, je décidai d’établir ma liste sous la bienveillance de mon arbre. Je sortais donc 10 minutes plus tôt.
Evidemment, je gardais tout ça pour moi : d’une part parce qu’à 20 ans j’étais très sensible au «qu’en dira-t-on», et d’autre part, parce que je croyais être le seul au monde à ressentir ce genre de choses. Personne ne devait savoir que j’avais un grain !
De jour en jour, l’exercice me paraissait intéressant, stimulant, motivant. Je me souviens qu’une fois, les ouvriers urbains ont taillé les branches de l’arbre pour lui refaire une beauté. Eh bien ce jour-là, j’ai décidé d’aller chez le coiffeur moi aussi. Quelques mois après la naissance de mon fils, juste à côté de mon arbre, une jeune pousse commençait à s’exprimer. Ce genre de synchronicité peut faire peur. Moi, j’ai souri…
Un jour (j’étais en pleine formation), j’ai été pris d’un vertige soudain. Je croyais que ça allait passer, car le vertige est ma façon d’exprimer un mal-être, un stress incontrôlé, etc. Mais ça ne s’est pas arrêté. C’est mon cours qu’on a dû interrompre pour me donner les premiers soins. Le médecin du SAMU a diagnostiqué du surmenage, et m’a prescrit du repos. Le responsable de formation qui m’appréciait beaucoup m’a fait remplacer et m’a demandé de prendre soin de moi. Il m’a accompagné jusqu’à la bouche du métro, me demandant au moins 30 fois si j’étais sûr de pouvoir rentrer tout seul.
En arrivant à la gare de Champigny, plus je me dirigeais vers chez moi, plus j’accélérais le pas pour retrouver mon arbre afin de prendre quelques respirations. Mais je sentais que quelque chose n’allait pas : comme si le contact a été rompu ou qu’il se dissipait. Arrivé à hauteur du petit jardinet qui longeait le cinéma, j’ai compris mon malaise : on a abattu mon arbre ce matin-là. Il ne restait plus qu’un tronçon. Même la petite pousse a été arrachée. Quelques branchages jonchaient sur le sol…
J’ai pleuré…
Pas très cartésien tout ça !
Pendant des années, je ne me suis plus intéressé aux arbres. J’avais même développé une sorte de phobie des forêts. Rien de grave, mais je regardais par terre en marchant, et dès qu’on m’invitait à regarder en hauteur, j’étais pris de vertiges rien qu’à l’idée de le faire.
Mais un jour, il y a 12 ans, la communauté juive de la Queue en Brie m’a invité à planter un arbre pour «Tou Bichvat» (le nouvel an des arbres). En couvrant les racines avec la terre fraiche, j’ai ressenti un vertige soudain, puis un apaisement : je venais de retrouver quelque chose. Je ne saurais vous dire quoi, mais depuis, chaque année, je plante un arbre !
Planter un arbre à «Tou Bichvat» n’est pas une pratique religieuse. Les rituels consistent plutôt à manger des fruits en gratifiant les arbres ou les plantes qui les ont produits et en faisant quelques allégories pour rapprocher le fruit à l’être humain et à ses aspirations : la datte représente la douceur et la santé, la grenade symbolise l’abondance, l’olive représente la lumière (la clarté) et la longévité, etc.
Planter un arbre était donc une initiative personnelle du Président de cette communauté, qui a ajouté sa touche spirituelle aux traditions. Ca m’a plu, alors j’ai gardé l’idée. Lorsque je suis débordé ce jour-là, je délègue : il y a une multitude d’Associations qui proposent de planter des arbres pour vous, partout dans le monde.
J’ai donc gardé pour moi une pratique qui n’obéit à aucune contrainte. Elle dépasse le cadre du plaisir (puisque je peux déléguer) ou du devoir (c’est une pratique libre). C’est inexplicable, c’est puissant, ça me dépasse, c’est transcendant… Et dans ce cas précis, c’est auto-transcendant. Toutefois, je le fais toujours le jour de Tou Bichvat. Est-ce un point d’ancrage avec ma religion ? Est-ce une façon de commémorer le jour où je me suis reconnecté à la Nature ? Est-ce parce que j’aime ajouter ma force au mouvement d’autres personnes, en même temps qu’elles ?
L’avantage lorsqu’on fait quelque chose de transcendant, c’est qu’on n’a pas besoin de savoir précisément POURQUOI. On le fait parce que ça nous dépasse !
Lorsque je raconte mon expérience avec mon arbre, certaines personnes confirment un doute qu’elles avaient depuis longtemps : j’ai un grain ! Bien que j’aie de moins en moins envie de les contredire, je rappelle que planter un arbre, c’est très terre-à-terre 😉
A++
Stéphane SOLOMON
Pour ma part je trouve que ce sont justement les personnes qui ont un grain qui méritent vraiment qu’on passe du temps avec elles. Sans doute, comme vous dites Stéphane, parce que c’est ce qui nous dépasse qui nous rend intéressants. Personnellement ça m’a pas mal libérée de comprendre ça, vis à vis de mon grain à moi et vis à vis des personnes avec qui je n’ai pas envie de perdre mon temps. Et c’est pour ça que je prends encore le temps de vous lire ! Merci Stéphane.
Bonjour Stéphane, je suis touchée par cette histoire. Plus j’avance dans la vie et plus je suis sensible à cet aspect du monde. Cela n’est pas tangible, mais confirme bien que certaines choses se comprennent avec la tête, d’autres passent par le corps et le coeur.
Merci pour ce beau témoignage.
Merci pour votre témoignage très poignant. C’est très troublant en effet et rassurant à la fois. Depuis quelques mois, je ressens l’énergie des plantes. C’est une sensation très forte qui ressemble à un amour très intense. Je peux affirmer si une plante ou un arbuste que l’on croit mort est encore bien vivant et a besoin de soin.
C’est bon de se retrouver entre illuminés ! Ce ne sont pas des choses que l’on peut raconter à tout le monde en effet. En tout cas, votre histoire est magnifique. Merci de nous l’avoir racontée.
Merci Stéphane ! votre histoire d’aujourd’hui me renvoie aux racines de mon amour immodéré des arbres et à la compréhension paisible de “mon grain”. Bien à vous
Merci pour cette belle lecture, même si elle est un peu triste.
Les arbres diffusent une énergie extraordinaire. L’immense variété des formes de vie qu’ils nourissent et hébergent, depuis le champignon microscopique aux grands oiseaux et du cloporte au chevreuil, force le respect.
J’aime penser que leurs branches sont les racines qui permettent à la terre de rester accrochée au ciel !
J’ai aussi pleuré la mort de quelques arbres, et je pense encore souvent à ce grand chêne qui m’a vu grandir et m’a longuement nourri de la beauté de sa ramure avant qu’une tempête ne le mette à terre dans un bruit abominable, il y a plus de 20 ans. Il faisait pour ainsi dire partie de la famille.
J’ignore comment certains peuvent rester assez insensibles à cette énergie si paisible pour faire abattre des arbres somptueux, vieux de plusieurs de nos générations, pour des raisons parfois aussi futiles que “ça met des feuilles dans la piscine en automne”.
Et je souffre chaque année de voir au travail ces machines abominables qui déchiquettent les branches des arbres de haies laissant des blessures pratiquement impossibles à guérir alors qu’il existe d’autres outils qui les coupent net et laissent quelques espoirs de guérison.
Mais je sais qu’il faudrait sans doute respecter les hommes avant de pouvoir respecter les arbres et qu’il y a tant de blessures humaines qui ne sont pas soignées…
Les arbres continueront de pousser sur les restes du dernier des humains comme ils l’ont déjà fait après les dinosaures, et la forêt reprend déjà possession de Tchernobyl…
A chaque fois que nous croyons en quelque chose d’irrationnel nous pouvons dire que nous avons “un grain” non? Par exemple, sans parler de la foi et autres croyances spirituelles: les porte-bonheur/porte-malheur, quand on “espère” ou attend “le bon moment”, la malchance, la loi des séries (Murphy ou tartine de beurre), un prémonition qui se réalise, un rêve prémonitoire qui se justifie, l’impression de déjà vu, l’impression d’être heureux sans explication, la certitude d’être amoureux ou d’aimer.. et bien d’autres choses ‘banales’… On peut croire en la magie de la vie, dans les miracles au quotidien ou se laisser aller au scepticisme et à la zététique, c’est notre “choix” (ça aussi c’est irrationnel). Le réel n’est que la perception (ou la communication/perception) de ce qu’il y a à l’extérieur, c’est irréel en fait alors à partir de là qu’est-ce-qui est le plus rationnel? Tout cela donne du mou au coach intérieur pour changer ce que nous croyons invariable, même nos “peurs irrationnelles” si dures à modifer!
Le sentiment amoureux
Stéphane, avoir un grain, c’est peut être aussi porter une graine!
Les arbres sont des créatures extraordinaire, dont la science continue de découvrir la profondeur et les aptitudes à communiquer. La tradition midrashique indique que l’arbre est un être qui ressent la douleur de sa mort. “L’arbre qu’on abat pousse un cri silencieux qui traverse le monde de part en part”. De quoi donner le vertige!
Planter un arbre est une belle action et un bonheur. Merci d’avoir partagé ce beau récit et ces valeurs.
Ah… Le grain et la graine ! J’avais tellement envie de la faire cette analogie…
Puis je me suis dit : laisse-ça aux lecteurs !
Merci de l’avoir exprimé
Je pense que l’arbre est une créature d’Amour. Elle n’a pas d’autres vocations que de servir les créatures dites «vivantes», que ce soit par ses fruits, sa capacité à stocker l’eau (la vie) et à la rendre aux nuages, les coins d’ombre, et le bois : la première des matières premières. C’est pourquoi je n’aime pas qu’on réduise l’arbre à une source d’oxygène (c’est souvent le seul argument des écolos – politiques -, parce qu’ils veulent paraître pragmatiques. Ils devraient se lâcher un peu).
Ma soeur n’est pas très au courant des fêtes juive. Je l’ai eue en ligne (pour d’autres raisons), et je lui ai souhaité bonne fête ! Elle m’a répondu :
– Ah… C’est quoi en ce moment ?
– C’est Tou Bichvat. Le nouvel an des arbres. D’ailleurs, j’étais en train de commander 7 plants pour ma femme, mes enfants et moi.
– Alors ajoutes-en deux s’il te plaît ! Ca me plaît cette fête ! Je te rembourserai la prochaine fois qu’on se verra.
J’ai donc planté 2 arbres supplémentaires, sans avoir à avancer un quelconque argument. Je peux te dire que pour faire ce genre de choses avec ma soeur, ce n’est pas toujours faciles.
Les arbres, c’est magique !
A++
Stéphane
Bonjour Stéphane,
Quelle touchante nouvelle !
Il est réconfortant de ne pas se sentir seul.
Quoique né au cœur d’une grande ville, je vécus mon enfance à la campagne et les arbres m’ont toujours servi de refuge et même de lieu pour faire mes devoirs… dans un énorme chêne où, à califourchon sur une grosse branche dominant le vide d’une falaise, je trouvais des inspirations pour mes dissertations. Avec la différence près, que j’en parlais sans me soucier de ce que l’on pouvait penser alors, ni supposer que j’avais “un grain’.
Aujourd’hui, mon travail dans et pour l’environnement, me permet de sauver des centaines d’arbres par an et d’en semer des milliers. Pourtant je ne travaille pas ni dans, ni pour l’arboriculture, même si je connais quasiment toutes les espèces qui vivent dans notre hexagone.
Dialoguer avec un arbre n’est pas le signe que l’on a “un grain”.
Pleurer quand un arbre surtout centenaire, est abattu, est mon lot, outre le fait que cela me met en colère parfois (cela permet de sauver des arbres aussi, la colère !).
La prémonition n’a rien d’anormal quand une grande sensibilité nous habite. Nous ne maîtrisons pas les énergies qui lient les êtres vivants dans le cosmos, car aucun appareil ne permet actuellement de mesurer ces énergies. Trop de situations dites paranormales nous contraignent à penser qu’il y a là, matière à réflexion.
Un grand nombre de situations vécues nous amènent à affirmer que tout est lié entre les êtres vivants et que le végétal, et les arbres en particulier, sont des êtres bien vivants.
S’ils peuvent nous communiquer des forces, nous pouvons leur en communiquer aussi et comprendre de quoi ils souffrent.
Pour ce qui est de votre nouvelle, Stéphane, la suite de l’histoire était déjà écrite dans les tout premiers petits chapitres : “…qui jonchait le cinéma ….” ! De plus, de nombreuses fautent émaillent la première partie et plus du tout ensuite, quand tout s’apaise en vous.
Tout cela, à mes yeux est très cartésien au contraire, et c’est par contre ce vous dite : “cela dépasse, c’est transcendant !”
Tout ceci est relié à une religiosité intérieure.
L’arbre étant une élévation de terre et de la terre, tout ceci est un acte d’amour avec notre terre mère.
Merci très sincèrement, Stéphane, cette nouvelle m’emplit de joie profonde et me touche jusqu’en avoir les larmes aux yeux.
Willy VOGT
Bonjour Willy,
Merci pour tout ça. J’ai corrigé mes fautes (effectivement «jardinait» au lieu de «jardinet», c’est assez énorme ! – entre autres -). Donc si quelqu’un lit votre commentaire et se demande de quoi vous parlez, c’est trop tard : il fallait venir avant, pour analyser l’apaisement progressif lorsque les fautes se réduisent puis disparaissent (si j’avais voulu le faire volontairement, je n’aurais pas fait mieux ;-))
Je savais que ce texte vous toucherait, car vous avez une intelligence naturaliste. Elle n’empêche pas les autres intelligences de s’exprimer. Je dirais même qu’elle les encourage. Einstein aimait se promener en forêt pour faire des maths et de la science. Et ce n’est pas le seul scientifique qui en témoigne. Parfois, j’ai envie de prendre l’essentiel de mes outils de travail, et d’aller me planter un bureau dans le bois voisin. J’ai la «chance» d’avoir plusieurs bois près de chez moi.
Chiche ! Dès qu’il fait beau, je tente l’expérience.
Je distingue la colère (émotion soudaine et impulsive) de l’indignation ou de la révolte (sentiments plus profonds qui peuvent être contrôlés et intellectualisés). Donc, en partant de cette définition, je ne suis pas forcément d’accord avec vous : la colère ne sauve rien. Elle nous ferait plutôt couper des arbres, arracher des plantes, piétiner des fleurs… puis regretter… Mais je comprends parfaitement ce que vous dites et je suis d’accord. C’est uniquement le terme «colère» qui me gêne.
Mille fois merci d’avoir sauvé des centaines d’arbres et d’en planter des milliers. C’est un métier ! Et c’est un beau choix.
A++
Stéphane
voilà – merci Stephane – bcp d’idées se bousculent
et l’histoire de l’arbre me touche
dans un pti jardin près d’ici, je vais tous les ans dire bonjour à mon arbre
ma Maman de 100 ans, regardait par la fenêtre SON magnolia, et un jour on y a construit autre chose, et elle est morte. est-ce à corréler ???
je marche bcp et partout et sur une rue adjacente, il y avait un arbre, qui a été abattu pour un building. je l’avais heureusement photographié
un de mes pti-fils est agronome et aime les arbres
ma soeur a pleuré en plantant un arbre chez des cousins, car c’était peu de temps après le décès de son époux adoré
ahhh, les arbres !!!!
qu’on détruit partout (Amazonie) pour du fric
merci à toi
Lalou
J’ai connu quelque chose de similaire, au collège j’avais un arbre dans la cour de l’école que j’admirais et qui me soutenait pendant les cours et les affres de l’adolescence… Grand, beau, puissant, il semblait me protéger par sa présence. Bien sûr, je ne m’en vantais pas non plus à l’époque ….depuis un psy m’a parlé de symbole phallique qu’en pensez vous?
Michele
Bonjour Michèle,
Je pense que certains psys devraient se lâcher un peu plus pour verser dans l’existentiel… Ca a du vous faire un choc d’apprendre que les affres de votre adolescence avaient besoin d’une bite comme soutien moral…
Plus sérieusement : je pense que c’est très réducteur. C’est aussi léger que de dire que les arbres sont faits pour nous donner de l’oxygène. Très scientifique comme paradigme, un peu trop…
A++
Stéphane
Quelques histoires d’arbres…
Ma grand mère chérie a pendant longtemps et avec pugnacité défendu un arbre du jardin qu’une coalition familiale avait décidé d’abattre pour une série de “bonnes” raisons. Elle a pesé de tout son poids de doyenne pour le préserver. Quand elle est morte, son arbre aussi, dans la semaine qui a suivi…
Il y a derrière chez moi un manguier majestueux qui accueille mes chagrins et mes doutes. J’entoure son tronc de mes bras, je me mets au diapason de sa respiration, j’accueille sa sagesse et je repars, prête à tout affronter…
Il y a quelques années, un mouvement de grève à Capesterre (Guadeloupe) a conduit les grévistes à un acte grave : ils ont abattu tous les magnifiques flamboyants qui bordaient la route pour s’en servir de barricades… J’ai pleuré de longues heures devant ce massacre.
Toujours le flamboyant (le sang de la terre selon une légende africaine) : au début de notre histoire j’ai offert à mon amoureux un flamboyant pour la saint Valentin. Nous l’avons planté à 4 mains dans le jardin. Depuis, sa floraison suit scrupuleusement l’énergie amoureuse de notre couple. Il y a 3 ans par exemple, il a fleuri magnifiquement, il était beau à pleurer. L’an dernier, période difficile s’il en est, il n’a pas fleuri du tout.. Triste à pleurer….
Des histoires d’arbres j’en ai plein, des oliviers, des pins, des goyaviers, des jeunes et des anciens… Toutes racontent le lien mystérieux qui nous lie à eux.
Merci Stéphane de m’avoir donné l’occasion d’en partager quelques unes.
Et merci à tous de partager les vôtres…
Bonjour Valérie,
J’ai un rosier sauvage dans mon jardin. Il donne des fleurs quand il veut (4 à 5 fois par an). Je l’ai depuis longtemps, et il m’a même suivi dans mes différents déménagements. Il est tout petit, mais je l’ai replanté récemment dans une terre plus généreuse pour qu’il puisse s’exprimer davantage.
Il a donné ses premières fleurs lors de la naissance de mon deuxième fils. Le jour même de sa naissance, la fleur s’est ouverte. J’ai trouvé ça sympa. Il m’a fait le même cadeau pour ma fille aînée. J’ai trouvé ça extraordinaire… Puis mes deux autres filles… Là, je me suis dit qu’il avait un vrai lien avec la famille.
Il donne aussi des fleurs à d’autres moments. Par exemple, lorsque ma mère est venue passer quelque semaines avec nous, il un bouton est apparu le jour de son arrivée. Puis, la veille de son départ, une fleur s’est ouverte. Et comme elles sont assez éphémères, je l’ai coupée pour que ma mère puisse partir avec… Ca l’a beaucoup touchée, parce qu’elle avait vraiment l’impression que cette fleur était pour elle.
Une autre fleur a commencé à apparaître aussitôt, pour nous.
Ca fait trop de coïncidences pour qu’on se dises que c’est juste «sympa» !
Il y a un PLUS indéniable dans tout ça. Mais il faut le VIVRE pour le croire. Car tant que la science n’aura rien trouvé de probant, seule l’expérience peut nous amener à CROIRE.
A++
Stéphane
De toute façon nous en Qi Gong on embrasse les arbres donc je ne suis plus à ça près !
Il y a une très jolie nouvelle de monsieur Delerme qui raconte une relation entre une petite fille et un arbre. Je n’ai plus le titre malheureusement.
Et puis la transcendance est une chose mais j’ai bien ri encore une fois 😉 “les yeux dans les branches”: premier gros éclat de rire 😀
Merci et à bientôt
Bonjour Stéphane,
Si tu as un grain, alors il doit s’agir d’un grain d’hellébore, supposé guérir la folie 🙂 La dose de 2 est généralement suffisante dit-on, le lièvre en conseille 4 à la tortue pour se purger l’esprit. Pourtant “Qui va piano va sano”.
Les arbres étaient là avant nous, ils seront là après, sauf si nous continuons à les supprimer au rythme actuel. Nous sommes loin d’avoir découvert leurs trésors, et je ne parle pas de ceux qui nous sont utiles (médicaments, chauffage, meubles, ornementation, oxygène…). Mais des trésors qui les concernent eux. J’ai entendu récemment sur France-inter une interview de Francis Hallé, botaniste spécialiste de la canopée et de la communication entre les arbres. Il parlait des baobabs mais en recherchant sur google j’ai retrouvé cette citation de lui :
« La communication entre les arbres n’est pas seulement souterraine ; le professeur Van Hoven, de l’université de Pretoria, a montré qu’elle pouvait aussi être aérienne : dans la savane sud-africaine, de robustes gazelles se nourrissent des feuilles d’un arbre banal, l’Acacia caffra. Van Hoven observe une gazelle broutant un Acacia : l’animal ne s’alimente que pendant quelques minutes, puis, bien avant d’être rassasié, il quitte l’Acacia A et se dirige vers un Acacia B, pour continuer à s’alimenter aux dépens de B. Les feuilles de l’acacia A, en quelques minutes, sont devenues astringentes et impropres à la consommation. Une transformation biochimique aussi fulgurante est une première surprise pour Van Hoven… mais il y a mieux !
C’est en remontant le vent que la gazelle va de l’Acacia A à l’Acacia B. L’analyse révèle que les Acacias situés sous le vent de A sont tous devenus astringents sans avoir eux-mêmes été attaqués, et la gazelle le sait ; il faut se rendre à l’évidence, l’arbre A a envoyé aux arbres situés sous son vent un message simple que je crois pouvoir transcrire ainsi : « Attention les amis, il y a une gazelle près d’ici ; n’attendez pas d’être broutés, devenez astringents dès maintenant. » Van Hoven montre que le message circule sous forme d’un gaz, l’éthylène, émis par les plantes blessées. »
En dehors de la pollinisation, passive, par le vent ou les insectes, nous avons tendance à croire que les arbres sont égoïstes ou tout au moins individualistes et qu’ils ne s’occupent que de leurs propres feuilles et de leurs propres racines. Mais non, ils communiquent entre eux. Ils veillent à leur survie mais aussi à la survie de leur espèce. Beaucoup d’arbres vivent en symbiose avec d’autres organismes. Pourquoi ne nous parleraient-ils pas ? Pourquoi certains ne serait-ils pas plus sensibles à cette communication que d’autres ? Pourquoi certains ont-ils la main verte, alors que d’autres, qui en apparence font pourtant ce qu’il faut, n’arrivent pas à garder une plante verte ? Une plante se met-elle à sentir bon parce qu’elle sent que j’aime son parfum ? Est-ce que c’est parce que je guette ses roses que mon rosier me les donne ? Ou bien les donne-t-il à d’autres aussi qui ne les voient pas, ou qui ne les prennent pas comme un cadeau. M’en donne-t-il plus ou est-ce que j’en vois plus parce qu’elles me donnent du plaisir et de la gratitude ? Ce qui est sur c’est que plus il est beau, plus je bichonne mon rosier et plus je le bichonne plus il est beau ! Éternel problème de la poule et de l’oeuf mais si le résultat c’est qu’il y a plein d’œufs et plein de poules alors… c’est tout ce qui compte !