Cet article fait suite à l’incident «caméra cachée» :
Il y a 3 semaines, j’ai mis en ligne une vidéo intitulée «caméra cachée», dans le but d’expliquer un concept de coaching. Un concept qui reste à découvrir car cette vidéo a provoqué une vive émotion qui a retardé l’envoi du deuxième volet. Nous avons marqué une «pause empathique». Une belle quantité d’encre a été versée dans l’article précédent.
Avant de vous livrer le deuxième volet de «caméra cachée», j’aimerais discuter d’un autre sujet, toujours lié à l’incident :
Les biais cognitifs
Lorsque je parle de «biais», beaucoup de mes lecteurs n’aiment pas ça !
– Je n’ai pas de biais ! Me dit-on parfois…
Si vous ne reconnaissez pas vos biais, votre Développement Personnel sera ralenti. L’orgueil qui vous pousse à avoir toujours raison ou à justifier vos actes irrationnels par une logique infaillible, ne vous permettra pas de mieux vous connaître, de vous défaire de vos mauvaises habitudes, de reprogrammer des habitudes gagnantes, etc. Si vous vous considérez comme une personne parfaite, votre inscription à TIME-COACH est un biais…
Bref, nous avons tous des biais, et ce n’est pas forcément négatif : les artistes utilisent leurs biais pour créer. Les inventeurs utilisent leurs biais pour innover, et bien évidemment, les procrastinateurs utilisent leurs biais pour procrastiner.
La question n’est donc pas de savoir si vous avez des biais ou pas, mais plutôt de les identifier, de les nommer, et de trouver des solutions (en solo ou avec le soutien d’un professionnel) pour vous en défaire s’ils vous pénalisent. SI ces biais vous réussissent, autant vous en servir plus souvent : les personnes les plus motivées utilisent leurs biais pour nourrir leur motivation. Enfin, rappelez-vous qu’en tant qu’Etre communiquant, il est bon de reconnaître chez les autres, les raisonnements et les jugements biaisés, pour vous en préserver, pour vous en servir ou pour aider votre prochain.
J’ai déjà évoqué dans un autre article, le «biais de disponibilité» qui consiste à prendre la première image disponible dans votre esprit pour compléter des informations manquantes ou floues. J’ai également évoqué le «biais rétrospectif», qui vous donne l’impression, après une découverte, que vous n’avez rien appris de nouveau, et que vous connaissiez le dénouement.
Le biais d’appariement
Le biais d’appariement est un concept relativement compliqué. Je vais donc le simplifier (les puristes m’excuseront) en me rapprochant du contexte qui nous intéresse. Commençons par une petite histoire :
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Une petite fille dit son papa, tout en lui ouvrant ses bras :
– Papa, tu es le plus meilleur de tous les papas du monde ! Je t’aime de tout mon cœur !
Son père lui répond :
– On ne dit pas «le plus meilleur» ! C’est pléonastique !!! On dit «le meilleur». Le mot MEILLEUR est un superlatif du mot BON, qui ne peut être précédé de l’adverbe PLUS. Reformule ta phrase !
Ce père a raison : c’est de la grammaire de base. L’Education fait partie de sa mission de parent : il se doit DONC de relever les erreurs de langage de sa progéniture afin qu’elle puisse se construire et affronter le monde qui l’entoure avec un outil essentiel : la Communication. Qui pourrait lui reprocher ça ? Il dit à sa fille toute la vérité, rien que la vérité !
Et pourtant, il est complètement à côté de la plaque !
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Dans sa définition la plus simple, le «biais d’appariement», consiste à attacher de l’importance à l’énoncé plutôt qu’au problème (ou à la solution). On passe «à côté de l’essentiel». C’est une perte de focus, une fuite d’énergie, un tuyau percé… Ce père voit la faute grammaticale, au lieu de voir l’étincelle qui brille dans les yeux de sa fille, et le cadeau qu’elle veut lui offrir ici et maintenant.
Pourquoi ce biais d’appariement ? Il peut s’agir d’une question de VALEURS (la grammaire, c’est important ma fille !) ou d’un trouble psychologique (ne m’idéalise pas ma fille, je ne le mérite pas…). Mais l’intention initiale est biaisée. Ce père vient de «jeter un froid».
L’effort qu’on pourrait attendre de lui, c’est de profiter du moment présent, et de ranger dans un coin de sa tête qu’une leçon de grammaire sera (peut-être) nécessaire plus tard. Il devrait prioriser l’étreinte plutôt que la leçon… Je ne veux pas dire par-là qu’il a un mauvais fond. Je veux dire qu’il n’a pas su profiter de l’Energie ambiante, ou qu’il l’a inconsciemment étouffée.
Retour à notre contexte
Pourriez-vous écouter, sans aprioris négatifs, le discours d’une personne dont vous n’appréciez pas les idées ? Pourriez-vous écouter les conseils d’une personne qui, selon vous, a un mauvais fond ? C’est loin d’être évident… Même si les idées et les conseils sont bons, il y aura un manque d’adhésion préalable.
En se rebellant contre la formule «drôle et bon-enfant» que j’ai employée pour qualifier cette vidéo, Xavier (et bien d’autres lecteurs) ont cédé à un biais d’appariement : ils ont attaché de l’importance à ma façon de présenter les choses, oubliant le fond de ma question. Ils ont «jeté un froid»… Au lieu de s’intéresser à l’exercice, ils m’interrogent :
– Comment pouvez-vous trouver ça drôle ?!!
J’aurais pu répondre à chaque commentaire en solo, et étouffer l’affaire. Mais j’ai considéré que la réaction de Xavier est représentative d’une population plus large, et j’ai écrit collectif à tous mes lecteurs. Ça s’appelle un «biais de représentativité». C’est mon biais à moi ! J’estime que tout pédagogue devrait développer ce biais-là, car la réaction de Xavier est un cadeau !
Je n’étais pas «obligé» de m’arrêter pour Xavier et sa clique. J’aurais pu me dire «Tant-pis pour eux ! Ils comprennent que dalle ! Moi, j’avance !»… C’est donc par empathie que j’ai marqué une pause pour pacificatrice. La pédagogie est une forme d’empathie : on se met à la place de l’autre et on élabore une stratégie pour l’aider à assimiler quelque chose de complexe. On ne donne pas que de l’information, on va plus loin : on s’intéresse à l’autre, à la façon dont il appréhende les choses. Je me suis occupé spécialement de ce tuyau percé, parce que sans cette pause, je savais que mon eau n’arriverait pas à destination. Je tiens beaucoup à mes lecteurs les plus fidèles, Xavier en fait partie. Je n’allais pas le laisser avec ce biais.
En suivant mes biais pédagogiques, j’ai pris du retard vis-à-vis de mon but initial. Mais le chemin de traverse que j’ai emprunté me ravit, car finalement, cet incident nous rapproche de la thématique que je souhaitais aborder. Il y a un lien très fort entre les biais cognitifs et le concept que j’aborderai la semaine prochaine. La pause empathique, ainsi que le présent article sont un investissement qui me permet de pacifier, de mieux communiquer et de retrouver l’écoute de mon auditoire.
Ce positivisme est-il réel ou est-ce une façon «d’arranger l’histoire» ? En réalité, je n’en sais rien ! Xavier, Frédéric, Nathalie et bien d’autres pourront me le dire. Pour le moment, c’est un biais que l’on nomme «dissonance cognitive» ! Je l’aime bien celui-là. Voici la définition de WIKIPEDIA :
Dissonance cognitive : réinterpréter une situation pour éliminer les contradictions.
Un très bel outil d’auto-coaching !
Je termine cet article en souhaitant BONNE FETE à tous les amoureux.
Voici une vidéo sur un merveilleux biais :
A++
Stéphane SOLOMON
Ouahoo, je suis cité 6 fois dans ton message du jour, la gloire !
Il me semble toutefois que tu as surinterprété ma réaction. Ou as tu lu que je te reprochais ta façon de présenter les choses ? De mon point de vue j’ai respecté ta consigne : “vous pouvez, bien sûr, laisser vos premières impressions.”
Quelle question ais-je oublié ? Tu nous demandais :
“Ca vous fait rire ? Et si vous repériez vos propres biais rétrospectifs ? ”
Je t’ai répondu que non, cela ne me faisait pas rire … et tu m’as répondu que mon biais ait de ne rester sensible, emphatique, qu’à la personne en difficulté, et non à celle qui se remet de ses émotions ou qui reprend sa course.
Jusque là j’ai joué le jeu et tu as assuré le tien en me recadrant / permettant de voir les choses autrement. c’est maintenant que je t’ (m’) interroge. C’est ou le malaise dont tu parles ?
Il semble que tu voulais nous dire autre chose … Si je comprend un peu ta vidéo du jour, cela a probablement à voir avec l’amour accordé en grande largeur, à des inconnus, sinon je fais pas vraiment le lien entre les deux vidéos …
Encore une fois je vais probablement apprendre quelque chose en lisant tes réactions aux miennes …
A Bientôt
Bonjour Xavier,
Tu sais, quand on anime un groupe, on peut citer des participants, en particuliers ceux qui participent 😉
Imagine-toi dans une salle de conférence. Je fais mon speech en faisant participer le public. Tu interviens (sur ton badge, il y a écrit «Xavier», donc tu es identifiable). Lorsque je reprends mon discours, je peux dire «toute à l’heure, Xavier nous a dit ceci… Je trouve ça intéressant, parlons-en.» Ca se fait très souvent en animation. Je n’écris pas un livre, mais des articles vivants. Tu fais partie de cette vie, et tu apportes beaucoup plus que tu ne le penses.
Pour en revenir à ton interrogation du jour. La vidéo d’aujourd’hui n’a rien à voir avec ce que je voudrais apporter grâce à«caméra cachée». De même que la parenthèse empathique n’était pas prévue (mais bienvenue) :
– Tu m’as donné l’opportunité de parler d’empathie grâce à ton intervention
– J’ai profité de la nature de ton intervention pour parler de biais.
Ce qui fait 2 articles hors sujet, mais intéressants. Il est certains que j’avais envie de parler d’empathie et de biais, et que tu m’as bien été utile en intervenant comme tu l’as fait ! J’ai sauté sur l’occasion, qui était trop belle !
Le fait que j’utilise ton commentaire de cette façon est un de mes biais, et je n’en suis pas à mon premier coup d’essai. C’est un biais que beaucoup de lecteurs n’aiment pas, mais il apporte beaucoup de choses au système.
Les biais cognitifs, c’est très compliqué, mais c’est passionnant… Lorsqu’on commente les biais des autres, c’est forcément une interprétation de professionnel. Je peux très bien me tromper, et c’est à toi de valider ou de désapprouver la théorie (c’est loin d’être une science exacte). Toutefois, ne perd pas de vue qu’on n’aime pas s’entendre dire qu’on biaise à tout va… Donc si je te dis que tu t’es fait biaiser, il est naturel de levers tes boucliers. Tiens-en compte dans ta décision de garder ou de rejeter ce que je te propose comme possibilité. Un enfant qui a peur de la piqûre va refuser le vaccin, même s’il sait que c’est pour la bonne cause.
– La vidéo qui accompagnait mon articles sur l’empathie servait à illustrer l’identification au gagnant (qui est une forme d’empathie)
– La vidéo qui accompagne cet article sert à illustrer le fait que nos biais peuvent nous mener vers des actions extraordinairement efficaces
Mais ces deux vidéos n’ont aucun rapport avec «Caméra cachée», dont le deuxième volet a été retardé par ton intervention (et mon interprétation), pour le plus grand bénéfice de tous.
Alors encore merci.
A++
Stéphane
PS, j’ai eu du mal à voir ta vidéo aujourd’hui, erreur ….
Je l’ai retrouvée en passant par Ixquick, mon moteur de recherche.
Bien dommage que cette vidéo soit en anglais, je n’y ai rien compris ; juste ressenti l’émotion de cette jeune femme. Sans doute apprendrai-je via les commentaires son intérêt ?
Bonjour
Dans le bas du bandeau de la vidéo vous pouvez activer les sous titres en français. De cette façon vous vous ferez votre opinion vous même sur son intéret 🙂
bonsoir l’ami Stéphane,
je me sens visée (ô si peu) par mon message de la vidéo 1 = cela ne me fait pas rire.
si la vidéo 2 m’interpelle, je te répondrai encore (pas encore regardée)
pour moi, un biais = une façon de biaiser, de prendre un chemin de traverse, et s’esquiver – et aussi en ayant bcp cousu, un biais est un pti ruban à cheval sur une couture de part et d’autre
comme je suis belge, pitêt à côté de la plaque – excuse
et bonne soirée à ton amoureuse !!!
Commentaire à chaud: tiens, tiens, ceci me rappelle le débat sur l’agenda électronique/papier…!
Cette vidéo me fait penser à “Aimer et se le dire”, un ouvrage très heureux de Jacques Salomé.
Stéphane, la suite, please!
PS: J’ai aimé l’idee (soulignée par Stéphane il y a quelques semaines) que l’on puisse profiter de l’energie collective des “jours de”. Pour autant, j’ai un peu de mal avec la st valentin et le côté gang bang sentimental gnan gnan au resto. :). (Ou le passage obligé chez le fleuriste)
Aimer c’est déjà une fête, et c’est tous les jours; et aimer d’amour, c’est à deux. Je salue tous ceux qui aiment.
… Tout compte fait, apres concertation avec ma chère et tendre, on fêtera l’amour le 14 février prochain. (Les roses du 15 semblaient moins belles :)). Et j’ai omis de dire que j’ai apprécié l’histoire du père normatif qui passe à côté de l’essentiel du message de sa fille. “Quand le sage montre la lune, l’idiot regarde le doigt”. Proverbe chinois, je crois.
Bonjour Stéphane
Une jolie vidéo, une belle histoire, un bon moment passé à la regarder
Par contre, je n’ai pas (encore… Mais ca viendra j’espère) saisi le sens ou l’intérêt de cette vidéo
J’avoue avoir regardé avec curiosité en dessous du lien pour voir la suite…
A bientôt
Bonsoir, très intéressants ces échanges au sujet des biais. j’ai beaucoup apprécié la vidéo sur les lettres…. même si elle est en anglais. Je crois qu’il ne faut pas vous arrêter aux commentaires du style “comment c’est en anglais” etc il y aura tjrs des râleurs pour prendre le mauvais biais 🙂
Merci pour ce que vous nous apprenez Eve.