Faites des pères heureux
Hier, quelques minutes avant minuit, personnes ne dormait. Les enfants étaient en effervescence ; on se serait cru à Noël !
Elina (bientôt 10 ans) tentait de gérer son impatience en ajoutant des paillettes et des petits bouts de ficelle à ses paquets cadeau. Il faut dire que depuis le début de la soirée, elle me demandait si elle pouvait m’offrir mes cadeaux à l’avance, et lorsque je répondais par la positive, elle se disait que ce serait mieux d’attendre le jour J. Mais hors de question d’attendre une minute après minuit !
Eythan et Lévanah (respectivement 16 et 13 ans) jouaient à Fortnite, se demandant après chaque partie s’ils pouvaient en lancer une autre, car minuit approchait, et on n’abandonne pas une partie commencée : ce n’est pas respectueux vis-à-vis des autres joueurs.
Et Oriane (12 ans)… était prise entre deux feux : d’un côté elle était contente de pouvoir m’offrir son cadeau acheté dans l’après-midi, mais de l’autre, elle se posait une question existentielle : pourquoi sa petite sœur avait encore le droit d’être accompagnée par l’école pendant plusieurs heures afin de préparer l’évènement, alors qu’elle, sous prétexte qu’elle était en sixième, devait consacrer toutes ses heures à l’étude au point d’oublier l’évènement ? 12 profs, et pas un seul qui ait pensé à réserver 45 minutes pour un cadeau fait-main, fait-tête, ou fait-cœur… La voilà réduite à acheter son cadeau en magasin
20 minutes avant que l’heure sonne, elle décréta que ce n’était pas à l’école de décider ! Après tout, elle joue du piano alors qu’à l’école son apprentissage musical se limite à la flute. Après tout, elle fait de l’athlétisme et du karaté chaque semaine, s’offrant ainsi 3 fois plus de temps sportif que ce que l’Education Nationale semble juger nécessaire. Après tout, même si depuis le début de l’année elle a suivi plus de 20 heures de cours d’Art Plastique sans toucher un pinceau, elle dispose à la maison de tout ce dont un artiste a besoin pour s’exprimer !
Quelque chose dans sa tête a fait «Tilt !», et lui a indiqué le chemin de la desserte spécialement réservée aux activités créative de la maison. Là, elle peut trouver tout ce dont elle a besoin pour passer de l’imaginaire au concret : de la colle, des pinceaux, des perles, des bouchons, des plumes, des papiers colorés… Et même un petit support pour placer sa tablette, dans le cas-où elle aurait besoin de suivre des indications en vidéo.
En moins de 20 minutes, avec son cœur, avec sa tête et avec ses mains, elle m’a confectionné un «attrape-rêve» spécial fête des pères, faisant abstraction de ce que le monde extérieur semblait imposer comme principes. Elle s’était soudainement donné le droit d’écouter son monde intérieur et d’agir en conséquence. Sa seule contrainte fut le temps… Elle releva le défi !
Beaucoup de gens, en particulier sur Facebook vont s’extasier en admirant la création, et en imaginant la petite fille à l’œuvre. D’autres, pour qui la création aura la même valeur artistique qu’un collier de nouilles, vont saluer la délicate attention pour le papounet.
Si vous voulez vous arrêter à ça, faites-donc ! Après tout, c’est jour de fête…
Mais en ce qui me concerne, le plus beau cadeau que j’ai reçu d’Oriane est de la voir faire preuve d’une belle Proactivité ! Elle a suivi son propre programme, alors qu’elle aurait pu se contenter du programme préétabli… De cette piste balisée dont elle a franchi la ligne d’arrivée l’après-midi en passant à la caisse. Mais après avoir écouté sa tête et son cœur, elle se mit au travail en toute autonomie, faisant par elle-même ce que le monde extérieur n’assure plus…
Nous vivons dans un monde où beaucoup de gens arrêtent d’étudier le jour où ils quittent l’école. Où beaucoup de gens cessent d’inventer et d’innover parce qu’ils ne font pas partie du Service Innovation, et ce ne n’est pas leur «fonction»… Je connais même des personnes qui ont cessé de s’occuper de leur santé, le jour leur médecin a pris sa retraite.
Combien de fois ai-je entendu des phrases du type «ça ne se fait plus de nos jours» amorcer la chute d’un projet pourtant prometteur. Combien de fois ai-je vu des gens capituler devant une sommation du type «Faites ce que je vous demande, et surtout pas d’initiatives personnelles !» ou pire, se laisser endormir par un conseil soi-disant amical du genre «Ne te fatigues pas, t’as qu’à faire le minimum syndical…».
Voir ma fille dépasser ça, vaut tous les cadeaux du monde ! Et comme je ne suis partisan du fameux «c’est l’intention qui compte !», qu’après l’échec (en guise de résilience), le fait qu’elle ait pu terminer son œuvre à temps, me donne un énorme sentiment d’accomplissement.
Il y a des phrases que je répète souvent à mes enfants. Je ne sais pas si elles sont suffisantes pour ancrer une Attitude Proactive, mais dans le cas où elles le seraient, autant les partager avec vous :
- Autorise-toi à faire des choses simples
- Ce que le monde ne t’offre pas, offre-le au monde
- Tu as en toi et autour de toi, tout ce qu’il faut pour réussir
Avec ça, c’est la fête des pères tous les jours.
Bonne fête à tous les papas !
Stéphane SOLOMON
Je n’aime pas ces “fêtes” artificielles et programmées. Je n’aime pas les cadeaux “matériels”. Mon père est décédé dans la nuit de lundi à mardi dernier. J’ai parcouru plus de 3500km pour permettre à mon fils d’assister à la cérémonie qui a eu lieu vendredi. De mes trois enfants, seul celui qui est chez sa mère en ce moment m’a envoyé un sms pour cette “fête”. Sa grande sœur est en internat et son petit frère en séjour linguistique au Nord de l’Allemagne. Du coup, c’est le seul avec qui je puisse passer un moment chouquettes aujourd’hui. Et c’est bientôt l’heure… Que dis-je? C’est maintenant. Bonne fête à vous, tous, papa ou non. Vous le méritez. Tout est parfait.
Mes plus sincères condoléances; une fête des pères quand on vient de perdre le sien, ne doit pas être facile… Plein de pensées donc pour juste un peu mettre du baume au coeur. 😉
Bonjour Fred,
Dans ces moments particulièrement douloureux, il est important de se retrouver en famille, chacun aidant l’autre à absorber sa peine, alternativement…
Je te souhaite de bons moments chouquettes avec tes enfants, à raconter les meilleurs moments.
Stéphane
Merci encore une fois Stéphane !
Le regard porté par cet article m’a aidé à voir clair sur ma propre fête des pères aujourd’hui : mon fils vient de faire 18 ans en mai. Il s’est levé tard (presque 14h) en me disant qu’il avait encore pas été à la hauteur pour la fête des pères.
Je n’ai pas trouvé les mots sur le moment, mais quand il reviendra dans un heure, je partagerai la fête des pères qu’il m’a offert en avance.
Alors que d’ordinaire il faut insister pour qu’il donne un coup de main sur les activités familiales, hier soir, finale de Rugby de Top 14 (le seul sport que je regarde à la TV), je suis allé le chercher chez son copain pendant la mi-temps.
Au retour, il m’a fièrement annoncé qu’il faisait des croque monsieur, comme ça je pouvais regarder la fin du match.
Il m’a servi dans le salon, est venu débarasser mon couvert et, oh surprise… a même fait la vaisselle !
Je pourrai lui dire comme j’ai adoré cette attention quand il a pris soin de moi sans même le souligner.
Pour revenir sur le sujet du coaching, quand nous avons préparé il y a une semaine le “Job Dating” pour qu’il recherche une entreprise pour son apprentissage la semaine dernière, il a relu les conseils que lui a envoyé le lycée et m’a dit : je suis à l’aise sur toutes les questions sauf une “pourquoi devrais-je vous choisir vous ?”
Il a dit : ce n’est pas à moi de le dire. Je vais me montrer tel que je suis, expliquer mon projet et pourquoi leur entreprise me permet d’avancer vers mon projet, et ce sera à l’entreprise de dire, en comparant avec les autres candidats, si c’est avec moi qu’il préfèrent travailler.
J’ai adoré cette honnêteté et cette manière de ne pas prendre pour argent comptant ce que les “adultes référents” lui ont proposé comme cadre.
Si je peux me le permettre… Il a bien raison de ne pas préparer une réponse du genre “choisissez moi parce que…” mais il convient néanmoins de donner au recruteur une indication de ce que l’employeur a à gagner à le choisir lui entre tous les postulants. La question “pourquoi vous plus qu’un autre?” peut lui être posée et hésiter avant d’y répondre le desservirait. S’agissant d’un job dating et non d’une candidature dans une entreprise spécifique rend cette question plus délicate à négocier. L’idée derrière cette question est de lui faire mettre en avant une Valeur qui sera bénéfique à l’entreprise.
J’ai regardé cette intervention TED et j’ai pensé qu’elle t’intéresserait.
Simon Sinek: Comment les grands leaders inspirent l’action
http://go.ted.com/EjlkIg
En savoir plus sur les interventions TED sur toutes vos plateformes favorites : https://www.ted.com/about/programs-initiatives/ted-talks/ways-to-get-ted-talks
Oui, il suffit parfois de s’interroger sur la magie du jour et elle apparaît. Parfois elle brille même ! Chaque jour a sa part de magie.
Pour ce qui est de la question du recruteur, en théorie, il ne devrait pas avoir à la poser si en cours d’entretien, les raisons sont évoquées. L’idée est donc de s’arranger pour que la question gênante ne soit pas posée. J’ai fait du recrutement, et s’il m’arrivait de poser cette question, parfois elle n’était pas nécessaire. Je dirais même qu’elle aurait été ridicule.
Donc l’idéal pour ne pas entendre cette question, est de faire en sorte que le recruteur n’ait pas besoin de la poser…
J’ai toujours admiré la maturité et l’esprit créatif des vos enfants, dans bien des domaines il le fond bien mieux que des adultes et Il est certain que le coach y est pour quelque-chose ! Tout comme Fred, je ne suis pas trop amateur de toutes ces fêtes mais j’aurais fort apprécié le cadeau d’ Oriane rien que parce qu’il n’est pas “ordinaire” c’est une pièce unique. Ce récit révèle une fois de plus que des scènes de nos journées qui pourraient nous sembler banales sont de petites pépites de coaching.
Merci, Stéphane, pour cette rafraichissante petite chouquette.