Investir dans un monde meilleur

J’étais en voiture avec mes deux filles, nous revenions de quelques courses. Oriane, 10 ans, me parle de sa nouvelle passion : la couture !

J’avais remarqué que depuis quelques jours, elle prenait un fil et une aiguille pour assembler deux morceaux de tissus, et ce matin même, nous avons passé plus de 40 minutes à regarder des vidéos tutorielles sur Youtube. Petit-fils de couturier, j’ai pris beaucoup de plaisir à observer les différentes techniques que mon grand-père maîtrisait…

Je propose donc à ma fille de faire un petit détour et de passer par le magasin de loisirs créatifs qui se trouve à 4 km de la maison. La dernière fois que nous y étions allés j’ai vu tout un rayon consacré à la couture.

La discussion s’engage :

– Mais qu’est-ce que tu vas m’acheter, papa ?

– On verra bien ! Il y a sûrement des kits pour débutants.

– Des kits ?

– Oui. Par exemple, si tu veux fabriquer une trousse, ils te mettent ensemble tout ce qu’il faut : les aiguilles, le dé à coudre, les fils, la fermeture-éclair, les tissus. Et surtout, la notice à suivre étape par étape.

– C’est super ! Mais ça doit coûter cher…

– Ca devrait coûter dans les 20 à 30€. Mais tu aimes coudre ?

– Oui !

– Alors ça vaut le coup de voir si tu peux développer un talent autour de la couture. On appelle ça «investir». Quand j’étais petit, papy a investi dans un ordinateur parce qu’il voyait que j’étais passionné d’informatique. Il a investi aussi dans un piano pour tonton Dany, parce qu’il a vu qu’il était passionné de musique.

– Il a bien fait !

– Oui… Et je fais comme lui. Je ne fais pas tout exactement comme lui, mais ce genre de choses, je pense vraiment que c’est important. Parce qu’en réalité il n’a pas investi dans un ordinateur ou un piano. Il a investi en nous, ses enfants.

– Mais si tu investis 30€ et finalement ça ne m’intéresse plus ?

– Alors on saura que la couture n’est pas faite pour toi, et on passera à autre chose. C’est important de savoir ça au lieu de rester bloqué.

– Mais tu auras investi pour rien…

– Il faut être prêt à le faire ! Imagine que je décide de ne pas investir, et que dans 10 ans on s’aperçoive que c’était ton talent ! Je t’ai expliqué les paroles de la chanson «Dommage» : vaut mieux vivre avec des remords qu’avec des regrets…

– Voilà ! Là c’est clair !

***

Tout en continuant à rouler vers notre destination, je gratifie la chanson de Big Flo & Oli, qui à force de répétition et d’exemples concrets, rend limpide des concepts très difficiles à comprendre, même à l’âge adulte…

Je poursuis la conversation :

– Lorsque j’étais jeune, il y avait une société qui s’appelait IBM. C’était l’une des 10 sociétés les plus riches de l’époque. J’ai lu dans un journal que s’ils on réussi, c’est parce qu’ils investissaient dans plein d’idées nouvelles. Ils testaient toutes ces idées, et au final, ils n’en gardaient que 5%*. Tu sais ce que ça veut dire ?- Non…

– Imagine que j’aie besoin d’un œuf pour faire un gâteau, mais qu’avant d’arriver à la maison je sais d’avance que je vais en casser beaucoup parce qu’il y aura des obstacles… Alors je vais acheter 20 oeufs, tout en me disant que si j’en casse 19, ce n’est pas grave, parce qu’il va m’en rester un pour mon gâteau… IBM se permettait d’investir dans 20 idées différentes, alors qu’une seule de ces idées allait vraiment aboutir.

– Ils se trompaient 19 fois ??? Mais ils étaient nuls alors !

– Ils ne se trompaient pas 19 fois. Ils considéraient juste que c’était normal de garder seulement 1 projet sur 20. Mais ils avaient des milliers de projets. Donc il y en a plein qui ont réussi.

– Ils «avaient» ??? Pourquoi ? Ils n’existent plus ?

– Si… Et ils gagnent encore beaucoup d’argent. Mais IBM n’est plus la société la plus riche du monde. Elle doit être vers la 80ème ou 90ème place. Très loin derrière Apple ou Samsung. Personne ne pouvait imaginer qu’un jour Apple allait détrôner IBM…

– Ah… Et à quel moment ils ont commencé à perdre ?

– Il y a beaucoup d’explications. L’une d’elles est qu’ils ont arrêté de se permettre 95% de projets sans suite. Ils sont aux alentours de 70% aujourd’hui. C’est à dire qu’ils jettent seulement 14 projets sur 20 et ils continuent à investir dans les 6 meilleurs.

– C’est quand-même bien !

– C’est sûr ! C’est pour ça qu’ils sont encore dans les 100 premiers…

– Et qu’est-ce qui arrive à ceux qui investissent dans un seul projet ?

– D’abord ils hésitent longtemps, parce qu’ils ont peur de se tromper. Et une fois qu’ils se lancent ils sont très stressés parce que dans leur tête, c’est leur dernière chance ! Par exemple, imagine que tu abandonnes la couture dans 2 mois, et que tu veuilles faire de l’électronique. Je suis prêt à réinvestir dans des kits d’électronique sans problèmes parce que c’est important pour moi que tu découvres ton talent. Tu vas oser me dire que tu abandonnes la couture pour l’électronique ?

– Ben oui !

– OK… Maintenant, imagine que j’hésite à t’acheter ce kit de couture, parce que ça coûte quand-même 30€ ! Et en voyant que finalement tu abandonnes, je te reproche chaque jour de m’avoir fait perdre de l’argent. Ensuite, lorsque tu m’annonceras que tu veux faire de l’électronique, je te dirai un truc du genre «j’espère tu ne vas pas nous faire le même coup qu’avec la couture et bla bla bla…», est-ce que tu vas oser recommencer une troisième fois ?

– Si tu me reproches tous les jours de t’avoir fait perdre de l’argent avec la couture, je ne vais même pas te parler d’électronique ! Il n’y aura même pas une deuxième fois !

– Voilà… Alors si je veux découvrir ton talent ou ta passion, il faut que je sois prêt à multiplier les expériences, à jeter ce qui ne va pas et à garder ce qui donne de bons résultats.

– Mais si j’essaye plein de choses, ça va faire 30€ + 30€ + 30€… Je vais te ruiner !

– Pas du tout… Les investissements qui coûtent cher commencent lorsqu’on découvre réellement sa passion. Aujourd’hui je vais t’acheter un seul kit de couture. Si ça te plaît on en achètera deux, puis quatre, puis une petite machine à coudre avec des kits d’un plus grand niveau, puis une machine professionnelle, etc. Puis je t’inscrirai dans une école de stylisme comme Jessica (sa cousine)…

– Ça ce serait chouette !

– Voilà ! Alors choisis le kit qui te plaît, vas aussi loin que tu peux, et si tu n’as plus envie, dis-toi que tu as le droit de recommencer autre chose. Je suis prêt à investir en toi !

– Et toi papa, qui est-ce qui investit en toi ?

– Aujourd’hui je fais honneur à mon père : je continue ce qu’il a commencé et j’investis en moi.

– Oui mais qui te donne l’argent ?

– Je travaille, et mes clients me paient.

– Oui, tu me l’as déjà expliqué, mais alors ce sont tes clients qui investissent toi !

Un ange passe… Le temps de trouver mes mots, je reprends :

– J’adore parler avec toi ma fille ! Tu me fais toujours découvrir des choses sur moi ! Des choses auxquelles je n’aurais pas pensé… Oui ! D’une certaine manière, mes clients investissent en moi, et aussi en toi…

***

Je vous ai souvent proposé de me rejoindre dans mes activités pour investir en vous. Mais il ne m’est jamais venu à l’esprit qu’en me choisissant comme prestataire, vous acceptiez implicitement d’investir en moi. Une petite fille de 10 ans vient de remettre les pendules à l’heure. Que ce soit conscient ou pas, c’est une évidence : vous adhérez à mon style de vie et vous y contribuez.

Cela me fait penser aussi aux personnes qui s’opposent formellement à mes propositions payantes, et qui emploient les mots «trop cher» dès que je fais une proposition. Effectivement, si j’arrêtais d’investir en moi, si je devais rester sur mes acquis, si je cherchais les outils les moins chers quitte à y passer 10 fois plus de temps, si je passais des mois à hésiter avant d’entreprendre quelque chose de peur de me tromper, si ma seule préoccupation était de payer mon loyer et ma bouffe… Je pourrais facturer beaucoup moins cher ! Mais je ne pense pas que vous apprécierez autant l’Energie que je transmets.

En 2017, je me suis formé à l’hypnose. Cette année je me lance dans les neurosciences. Si je peux le faire, c’est parce qu’à chaque fois que vous avez payé une prestation, vous avez accepté (je dirais même apprécié) l’idée qu’une partie de cet argent contribue à ma formation. Formation dont vous bénéficiez grâce à un cercle vertueux.

Je voudrais terminer cet article en remerciant toutes les personnes qui ont participé à mes activités par le passé ou qui pensent sérieusement le faire en 2018. Vous m’avez permis d’investir en moi. Et puisque les miens font partie de moi, une part de votre bonne volonté est présente dans l’atelier de couture qui démarre sous les doigts de ma fille.

Encore merci ! Continuons à investir en nous ! Continuons à investir dans un monde meilleur !

A++

Stéphane

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