J’ai touché le fond

Quand on touche le fond, on ne peut que remonter…

A-t-on déjà tenté de vous encourager avec cette expression ?

Je vais vous dire ce que j’en pense : je pense que c’est un truc de dépressifs ! Je n’ai rien contre les dépressifs, je l’ai été… Donc si la dépression vous ronge, écrivez cette phrase et accrochez-là partout où vous le pourrez, afin de la relire régulièrement. Consultez un thérapeute, portez-vous bien, et lorsque vous sortirez de votre dépression vous pourrez lire la suite de cette brève. Parce que cette suite n’est pas faite pour les dépressifs… La suite N’EST PAS VRAIE pour les dépressifs.

Voici cette suite (à ne pas lire en cas de dépression) :

Le fond n’existe pas ! Le fond est une limite imaginaire que chacun se fixe ! Il y a des gens qui attendent de toucher le fond pour remonter, et ils attendent des années, constatant qu’on peut s’enfoncer de plus en plus… Jusqu’où ? Tous les psys vous le diront : jusqu’au moment où ils auront atteint une limite mentale qu’ils qualifieront eux-mêmes de «fond» !

Je fréquente beaucoup de gens qui ont «touché le fond», je n’ai jamais eu deux descriptions identiques de cet endroit. C’est comme les vacances : lorsqu’une personne vous dit «je suis en vacances», vous ne savez pas où c’est ! Il y en a qui sont à la plage, d’autres à la montagne… Mais toutes les deux seront «en vacances». Chacun ses vacances…

C’est exactement pareil pour «le fond» : chacun son fond… Tant que votre santé mentale n’est pas atteinte, tant que la dépression n’a pas pris le dessus, vous pouvez décider consciemment, et à tout moment, de commencer votre ascension vers la surface. Il vous suffit pour cela de vous convaincre que vous avez touché le fond, et qu’il est temps de donner l’impulsion nécessaire. Les lois de la Nature feront le reste… En particulier la poussée d’Archimède, qui, comme tout scientifique sait, dépend en majeure partie des caractéristiques du corps immergé.

On vous a sûrement injecté, pendant votre enfance, cet espèce de faux-antidépresseur mental, qui consiste à se dire qu’il y a toujours plus malheureux que soi. Par exemple, si vous manquez d’argent, et êtes obligé de manger des pommes de terres un jour sur deux, on vous dira (pour vous remonter le moral) : «pense aux petits africains qui meurent de faim». C’est terrible ! Fuyez ! D’abord, ce genre de comparaison n’a jamais remonté le moral à qui que ce soit (ou alors le temps de bouffer sa purée !), mais le pire, c’est le message subliminal qu’on vous envoie :

Tu n’as pas encore touché le fond ! Il y a encore plus profond… Regarde !

C’est faux ! Vous avez le droit d’estimer que votre fond à vous, celui d’un occidental, est d’être contraint de manger des pommes de terre un jour sur deux. Remontez à la surface et faites un don à l’UNICEF ! Vous serez beaucoup plus utiles aux petits africains de cette façon qu’en aspirant à rejoindre leur fond.

Vous avez le droit de penser, que votre fond à vous, celui d’un entrepreneur volontaire et courageux, est de ne pas avoir pu augmenter vos revenus depuis 3 ans. Même si votre ami est un chômeur en fin de droits avec des dettes jusqu’au cou, vous avez le droit d’avoir votre propre fond ! Remontez à la surface et embauchez votre ami !

C’est probablement ce qu’on appelle : avoir un bon fond. 

A++

Stéphane SOLOMON

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