Un canal à ouvrir…

Revenons à Olivier (notre plombier) pour aborder l’exercice numéro 2 : ce qui a commencé par une histoire drôle s’est terminé en coaching collectif de haut-vol… Le troisième volet de cette histoire (sur le temps caché) est serti de commentaires particulièrement intéressants. C’est beau à lire. C’est VIVANT !

Dans le premier exercice, je vous ai invité à faire des propositions à Olivier pour qu’il puisse suivre ses ambitions personnelles, tout en continuant à servir les gens qu’il aime. Deux valeurs non négociables, qui semblent s’opposer lorsqu’il tente de les mettre en pratique. Comment concilier tout ça ?

Merci à tous ceux qui ont tenté de l’aider. C’était chouette de vous lire, et comme promis, cette participation va vous profiter grâce au deuxième exercice… Attention ! Vous ne pourrez le faire que si vous avez fait l’exercice 1, car votre bénéfice dépend de la proposition que vous avez faite. C’est fait ?

Passons à l’exercice 2

Cet exercice commence par une question dont la syntaxe est très utilisée en matière de Développement Personnel. Elle fait appel à votre imagination :

ET SI ce plombier, c’était vous ?

Consigne : Prenez la proposition que vous avez faite à Olivier, et adaptez-la à votre situation !

– Mais je ne suis pas plombier, me direz-vous !

C’est bien pour ça que je vous parle d’adaptation. Saviez-vous qu’il est beaucoup plus productif de faire un travail de transformation et d’adaptation plutôt que de se faire livrer une solution toute faite ? C’est pour cette raison que dans les métiers d’aide qui font appel à la psyché, on utilise les métaphores et les anecdotes. Le professionnel sait que cette histoire peut aider son patient ou son client, mais ne sait pas forcément sur quel axe ils vont travailler, car il y a différentes façon d’interpréter l’histoire, et surtout, d’inventer la suite…

Même si vous n’avez pas bien compris le texte (et que votre proposition n’est pas recevable par Olivier), ça reste intéressant ! Car justement cela signifie que vous avez déjà fait un travail de transformation en arrangeant le texte à votre sauce.

Par exemple, si vous avez écrit quelque chose du genre :

– Ce plombier n’a qu’à baisser ses tarifs pour les pauvres, et les augmenter pour les riches !

Faites-le !!!

Ce n’était pas une solution pour Olivier, puisque sa vision de la solidarité n’est pas de se servir dans le jardin du riche, mais d’apprendre au pauvre à jardiner par lui-même. Mais si vous n’avez pas réussi à lire ça dans le texte, cela signifie que vous avez la fibre de «Robin des bois» et que c’est ainsi que vous voulez vous impliquer. Alors faites- le !!! Sauf si la vision d’Olivier vous paraît soudainement plus pertinente. Mais si ce n’est pas le cas, vous pouvez tout aussi bien continuer à valoriser votre choix.

Prenons une autre proposition (toujours «à côté» de ce que souhaite Olivier) :

– Il n’a qu’à faire semblant de peiner et prolonger sa prestation pour que le client accepte facilement sa facture

Faites-le !!!

Olivier ne veut pas rentrer dans ce jeu, car au-delà de sa prestation, il veut être un modèle d’optimisme et d’efficacité pour inspirer les siens… Mais si vous pensez qu’il est mégalo et qu’une communication qui intègre une simulation de pénibilité est une bonne solution, alors faites-le !!! Ce texte vous a permis de clarifier vos valeurs et de les exprimer. Toutefois, ne comptez pas sur moi pour vous coacher dans ce domaine ou pour vous former sur une quelconque méthodologie. Au mieux, je peux vous dire : Faites le !!!

Un canal à ouvrir

Passons à une proposition qui est mieux alignée sur les valeurs d’Olivier. Vous avez été quelques-uns à soumettre cette idée ou à la trouver pertinente :

Olivier devrait quitter son bleu de travail et se mettre au service de de son quartier en devenant (définitivement ou occasionnellement) formateur, coach ou co-organisateur d’évènements pour entrepreneurs…

Là nous sommes en plein dans le thème et au-delà du «Faites-le !!!», nous pouvons nous prêter à une certaine analyse :

Après avoir réussi, Olivier se sent l’âme d’un leader : il veut aider les siens à se responsabiliser, se professionnaliser, s’autonomiser… Or ce qui annule ses efforts, c’est le fait qu’il tente de le faire sur le terrain, dans des situations qui ne se prêtent pas à l’apprentissage…

Son client (ou du moins, celui qu’il évoque dans son coaching) lui envoie un message puissant :

– Mon beau-frère est avocat et il gagne moins bien sa vie que vous !

Il aurait aussi bien pu dire

– Vous n’êtes qu’un plombier ! Ce n’est certainement pas un plombier qui va m’inspirer…

Olivier y voit une occasion de rappeler que son métier est un CHOIX, et que le succès n’est pas uniquement une affaire de longues études sur les bancs d’une Université inaccessible à la plupart des gens (en particulier dans son quartier d’origine). Son intention est bonne : il veut dire à son client que toute personne douée, talentueuse ou tout simplement passionnée, peut se professionnaliser et vivre confortablement de ce qui la fait vibrer. Y compris son fils, ce petit qui va fêter son anniversaire après-demain, et qui est destiné à un travail pénible si son père continue à l’éduquer dans cette dynamique.

Or le client ne peut pas entendre ce discours qui dépasse largement le cadre de la situation en cours. Il entend un «plombier». Il ne sait pas qu’en début d’après-midi, Olivier a posé dans une belle demeure, un système biométrique qui permet de régler la température de la douche en fonction de la personne qui pose son pied sur la première dalle de la salle de bain… Pour ce client, un plombier est «pauvre type» qui patauge dans des eaux usées, qui intervient en situation de crise, et qui profite de cette crise pour assassiner ses clients financièrement. D’ailleurs, c’est ainsi que le client a décrit le concurrent d’Olivier lors de son appel, l’exhortant à le tirer des griffes de ce voleur !

Empathie, Ironie et Indice d’Enseignabilité

Olivier a assez d’empathie pour répondre à l’appel au secours et pour facturer deux fois moins cher que son concurrent, mais lorsque le client le provoque à propos du «standing» de son métier, il répond par l’ironie. Sa réponse serait fort appréciée hors-contexte. Elle pourrait même faire l’objet d’un «brise-glace» avant une formation sur l’entrepreneuriat ou d’une belle entrée en matière au début d’une conférence. Mais elle ne tient absolument pas compte du fait que le client se sent victime.

L’ironie, que les plus grands philosophes et pédagogues utilisent comme outil d’apprentissage, peut être perçue comme de la moquerie, de l’insolences, voire de la méchanceté par une personne qui n’est pas en posture d’apprentissage. Dans le troisième volet, nous avons vu qu’Olivier ironise avec son apprenti et ça porte ses fruits, car Rémy boit les paroles de son mentor. Mais l’Indice d’Enseignabilité d’une victime est à zéro ! L’enseignement ne peut avoir de sens que lorsque l’apprenant est prêt à le recevoir.

Comme l’a écrit Jules Renard :

Que vous jetiez l’Océan ou un verre d’eau sur le trou d’une aiguille, il n’y passera toujours qu’une goutte d’eau.

L’enseignabilité d’une personne en détresse est aussi étroite que le trou d’une aiguille. Si Olivier ne trouve pas de solution à son dilemme (c’est plutôt un «double-bind» : j’aurai l’occasion de redéfinir ce terme déjà évoqué), c’est parce qu’il intervient en tant que plombier. Or si on observe sa vocation dans un cadre plus large, ce n’est pas le plombier qui souhaite agir, c’est le leader. C’est l’enfant du pays qui a réussi, qui connaît les clefs du succès, et qui veut les dupliquer pour que d’autres après lui puissent ouvrir les portes.

J’ai vu passer des commentaires sur la mutualisation de ressources coûteuses ou sur l’organisation d’évènements (Journées d’Informations, Carrefour Des Métiers, etc.). C’est effectivement ce qui conviendrait à Olivier pour rester fidèle à son quartier et à ses valeurs tout en exerçant son leadership. Ce qui ne l’empêchera pas d’intervenir en tant que plombier lorsqu’on l’appelle au-secours, et pour peu qu’il soit reconnu pour ses actions solidaires, il y a des chances que cela profite à sa réputation et qu’on ne le traite plus de «voleur».

Alors on pourra lui dire :

Même si tu ne l’a pas fait pour ça, accepte ce que l’Univers t’offre en cadeau.

Faites-le !!!

A++

Stéphane SOLOMON

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