Un plombier en or (suite…)

Waouw !!! Quelle belle participation la semaine dernière ! L’histoire de ce plombier est décidéménet très inspirante et amène de beaux commentaires. Commentaires que je vous invite à (re)découvrir ici. Vous pouvez évidemment continuer à participer.

Et s’il y avait une suite ?

J’aime les histoires drôles qui font réfléchir… Parfois, ces réflexions mènent vers des profondeurs insoupçonnées et c’est ce que je vous propose de vivre dans la suite de cette histoire. Une suite qui contient un exercice d’auto-coaching de haut vol. Il vous apportera énormément tant en termes de connaissances qu’en termes de découvertes sur votre propre univers.

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Il était une fois, un gentil plombier qui aimait son métier. Vraiment ! Certes parfois il y avait des prestations désagréables voire dégoûtantes, mais cela faisait partie du jeu, et il les acceptait avec autant d’empathie que les prestations de confort.

Ne supportant pas l’idée de stagner (son métier lui ayant appris que même l’eau pure qui stagne finit par pourrir), il entreprit diverses formations. Certaines formations étaient liées aux nouvelles technologies et aux outils de pointe, d’autres concernaient l’Histoire de son métier, ce qui lui permettait, par exemple, de savoir précisément de quel matériel il allait avoir besoin, juste en observant l’immeuble dans lequel il allait intervenir. Il savait aussi quelle commande passer avant de se rendre chez un client, et en fonction de la demande, il décidait avec justesse si le support de son apprenti allait être utile. Bref… C’était un pro !

Là où d’autres passaient des heures entières à résoudre des problèmes, il trouvait la solution la plus efficace en un rien de temps. Certaines de ses prestations ne duraient que quelques minutes. Il en était ravi, car le temps gagné lui permettait de servir davantage de clients en une journée. A temps égal, il donnait 3 fois plus de résultats que la plupart de ses concurrents.

Toutefois il rencontra un énorme problème ! Problème qu’il ne put résoudre qu’en prenant une décision draconienne, qui lui pose encore un cas de conscience aujourd’hui : dans les quartiers populaires qu’il servir (issu lui-même d’une famille d’ouvriers), il était impossible de faire valoir ses tarifs. Si vous le connaissiez, il pourrait vous raconter l’histoire de cet homme qui l’appela désespéré un vendredi en début de soirée :

– Au secours ! J’ai des invités dimanche et la tuyauterie de ma maison est complètement bouchée ! J’ai fait appel à 7 plombiers avant vous. Il y en a qui m’ont dit qu’ils allaient venir et je n’ai pas de nouvelles, d’autres qui me disent qu’ils ne pourront pas venir avant lundi, et le seul qui a accepté de se déplacer m’a fait un devis de 400€ parce que selon lui, ça lui prendra toute la journée de samedi ! Je suis sûr que c’est un voleur ! Au secours ! Aidez-moi !

Notre plombier rendit visite à son nouveau client dans l’heure qui suivit. Grâce à ses compétences et à son matériel, il put résoudre le problème en un quart d’heure, et présenta une facture de 200€.

– 200€ ?!! Mais vous n’y pensez pas ! Ça vous a pris 15 minutes ! Qui facture 800€ de l’heure de nos jours ?!! Mon beau-frère est avocat et il gagne sa vie moins bien que vous !

– C’est bien pour ça que je suis plombier ! Répondit l’entrepreneur

Le client, perdant tout sens de l’humour lorsqu’il tient son chéquier en mains, n’apprécia pas la réponse de son sauveur. Il reprit avec méchanceté et ingratitude :

– Parce que vous voulez me faire croire que vous auriez pu faire autre chose que plombier ?

– Je vous assure que si je quittais le bleu de travail pour une robe noire, vous ne me reconnaîtriez pas ! Toujours pas…

Cette facture valut à notre plombier une visite chez le juge de proximité : le plaignant a pu effectivement prouver que son beau-frère était avocat, et notre plombier put prouver qu’il savait se défendre aussi bien qu’un avocat lorsque ses compétences et son talent étaient en jeu.

Paradoxalement, le plaignant a présenté au juge son devis à 400€ la journée, pour prouver qu’un autre professionnel était prêt à facturer 50€ de l’heure ! Ce à quoi notre plombier-avocat répondit qu’il a terminé son travail un jour plus tôt, tout en facturant 2 fois moins cher ! Le juge apprécia l’argument.

Le plaignant ressentit une double injustice : non seulement sa plainte était déboutée, mais la loi donnait davantage de crédit à une personne qui facturait 800€ de l’heure plutôt que 50€… Pays de merde !

Quant à notre plombier, s’il a effectivement obtenu gain de cause, les heures perdues en paperasseries et la mauvaise-foi de son contempteur lui donnèrent le coup de grâce ! Combien de clients aurait-il pu servir pendant toutes ces heures gâchées à se défendre ? Etait-il encore à sa place dans ce quartier où il était souvent qualifié de «voleur» ? Car même si le passage chez le juge était anecdotique, ce qualificatif faisait partie de son quotidien. Dans ce milieu où les pères de famille travaillaient avec pénibilité pour 10€ de l’heure, seule la peine méritait salaire !

Il les comprenait, mais parallèlement il ne pouvait continuer à se sacrifier. Il se résolut à changer de quartier.

Un nouveau monde

Comme c’est souvent le cas en banlieue, il suffisait de parcourir quelques kilomètres pour se retrouver dans une ville huppée où la tendance était inversée : le TEMPS devenait le capital le plus précieux. Dès qu’une intervention dépassait une heure, elle était dépréciée. Et si le professionnel affichait sa peine, c’était sa compétence qu’on remettait en cause. Que ce soit dans la plomberie, dans l’informatique ou même dans la restauration, il était hors de question de passer 2 heures à peiner là où on pouvait sourire pendant 20 minutes.

Dans les premiers temps, il pensa qu’il avait trouvé sa place. Mais lorsqu’il entrait dans ses réflexions profondes, il se sentait en partie responsable du fossé qui se creusait entre son milieu d’origine et sa nouvelle destination. Il avait beau tourner le problème dans tous les sens, les gens qu’il aimait avaient perdu un bon plombier, plus efficace et moins cher que ses concurrents, tout en ayant l’impression de se débarrasser d’un escroc…

Il se rendit également compte que ce qu’il vivait ne concernait pas uniquement la plomberie. Tous les professionnels méritants qu’il rencontrait préféraient évoluer auprès d’une clientèle qui se fiait au résultat obtenu et non à la pénibilité encourue. Et si les quartiers de son enfance s’enfonçaient dans la misère au lieu de relever la tête, ce n’était pas par manque d’intelligence ni de bonne volonté de la nouvelle génération, mais à cause de ce paradigme éducatif qu’on leur imposait :

– Tout salaire ne peut être mérité que s’il y a peine !

En discriminant l’efficacité et l’ambition, non seulement on chassait les personnes qui enrichissaient ces quartiers, mais on freinait les artisans qui souhaitaient évoluer, investir, se former… Soit ils s’alignaient sur des tarifs horaires «acceptables» (faisant parfois mine de peiner), soit ils partaient exploiter leurs talents ailleurs.

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Exercice 1

Quelle solution proposeriez-vous à ce plombier pour qu’il puisse concilier :

– L’amour qu’il a pour le milieu d’où il vient

Avec

– Son estime de soi, son ambition, son intelligence, son envie de progresser

Exercice 2

Cet exercice source de belles révélations sera donné aux personnes qui auront participé à l’exercice 1

A++

Stéphane SOLOMON

 

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