L’histoire que je vais vous raconter s’est déroulée pendant la rentrée scolaire 2013. Ma petite dernière venait d’entrer en maternelle. Comme beaucoup de mamans et de plus en plus de papas, nous l’avons accompagnée, et nous sommes restés une petite demi-heure pour l’aider à apprivoiser les lieux.
Elle s’est immédiatement intéressée à un jeu de réflexion et d’adresse. Le but était simple : il faut placer les personnages et les objets dans les bonnes cases. Voici une photo que j’ai prise :
Comme vous voyez, c’est vraiment facile. C’est un puzzle de 6 pièces, simplifié… D’ailleurs, ma fille a réussi sans aucun problème. Nous avons joué 3 ou 4 fois, puis nous avons cédé le jeu à un autre enfant. Même résultat : celui-ci a réussi à caser les éléments en quelques secondes. Son père était à la fois fier et dubitatif…
Souriant, il m’a posé cette question, assez fort pour que la maîtresse l’entende :
A quoi ça sert de faire des jeux comme ça à l’école ? Quel est l’objectif pédagogique, puisqu’il n’y a aucune difficulté, et pratiquement aucune méthode à enseigner ?!
Quand on me parle « d’objectifs pédagogiques », je suis comme « le phénix de hôtes de ces bois », je ne me sens plus de joie ! J’étais donc sur le point de rassembler mes arguments pour lui répondre sous l’angle de la « théorie des intelligences multiples ». C’est une approche pédagogique et psychologique fascinante, qui fait partie de mes outils de coaching.
L’occasion d’en parler le jour de la rentrée scolaire me paraissait de bon augure : il y a tellement de parents convaincus qu’il n’y a qu’une seule forme d’intelligence… Qui pensent que l’intelligence ne s’apprend pas, que ça ne se perfectionne pas, que les intelligents sont le fruit du hasard ou de l’hérédité… La «théorie des intelligences multiples», qui met en évidence plusieurs intelligences différentes, est libératrice. Elle permet aux parents qui s’investissent dans la scolarité de leurs enfants de participer pleinement à leur parcours, et de percevoir leurs « erreurs » comme des occasions de révéler leur talent, voire leur génie !
Ce puzzle facile, auquel nous avons joué fait appel principalement à « l’intelligence spatiale ». La plupart des enfants en bas âge utilisent intuitivement cette intelligence, mais il est important de diagnostiquer rapidement les élèves qui éprouvent des difficultés dans ce domaine. J’avais donc une réponse pour ce père en quête de challenges intellectuels, et une bonne introduction pour engager une discussion sur les différentes formes d’intelligence…
Mais la maîtresse de ma fille m’a devancé. Et la réponse qu’elle donna fut tellement plus puissante, que je me suis senti honteux de ne pas y avoir pensé.
Voici ce qu’elle dit au père exigeant :
Le but du jeu est de REUSSIR !
Après un instant de silence, j’eu envie de me lever et de la serrer dans me bras ! Cette femme allait s’occuper de ma fille pendant une année entière, et elle était sensible à une énergie essentielle : REUSSIR ! Elle en parlait de façon si naturelle et décomplexée, que sa salle de classe en était imprégnée.
REUSSIR !
Je me mis alors à observer le lieu autrement : chaque petit objet, chaque dessin, chaque création… Tous ces petits ornements laissés par les élèves de l’année précédente, me souriaient… La peur de laisser ma fille à une inconnue m’a complètement abandonnée : elle était entre de bonnes mains, j’en avais la conviction ! Cette idée me rassurait, et à travers moi elle rassurait ma petite princesse.
J’ai donc pu partir sans ressentir la douloureuse séparation, et sans subir les cris, les larmes, les supplications… auxquels je m’étais plus ou moins habitué… Ma compagne m’a glissé :
« On voit qu’on s’améliore avec le temps… C’est la seule qui n’a pas pleuré ! »
(nous avons 4 enfants)
Cette phrase de Karine mériterait tout un article. Que dis-je ? Tout un livre… Voire une encyclopédie !
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Cela vous paraît peut-être étrange dans la bouche d’un coach, puisque le but d’un coaching est de se dépasser. Eh bien justement : s’autoriser à faire des choses simples est un véritable dépassement de soi !
Nous avons tendance à refuser les choses simples. Nous le faisons de deux manières :
- La première façon de refuser net : trop simple pour apporter quoi que ce soit ! Le père de cette histoire a eu le mérite de laisser son enfant jouer (et donc réussir). Beaucoup de gens ne s’autorisent pas à faire des choses simples.
- La deuxième façon de refuser une chose simple est de la compliquer ! Par exemple, un nutritionniste propose à con client de ne plus manger de pain le soir. Et le client arrête le pain matin midi et soir ! Il en profite pour arrêter les pâtes, le riz, les pommes de terre, les bananes… Au bout de 3 jours, il n’en peux plus… Trop difficile ce régime !
Les choses simples ont trois avantages :
- Elles vous permettent d’enclencher un changement sans avoir le sentiment de sacrifier tout ce que vous aimez
- Elles vous permettent de ressentir l’énergie du succès !
La vie n’est pas faite que de défis compliqués. En vous autorisant à REUSSIR avec simplicité vous capturerez les énergies du succès : vous ressentirez le succès s’exprimer à l’intérieur de vous… Ces énergies agissent sur vous par effet de rétroaction : le succès attire le succès.
Réussissez les défis simples du quotidien, ressentez ces réussites, et vous réussirez vos défis ambitieux dans la foulée.
De l’ordinaire à l’extraordinaire, il n’y a qu’un frisson, puis un nouveau regard vient changer votre réalité.
Cette histoire s’auto-implémente : accompagner ses enfants à l’écoles est une chose simple. Je m’en suis rendu compte après plusieurs tentatives soldées par des séparations déchirantes le jour de la rentrée. Mais aurions-nous tendance (nous les parents) à rendre la chose complexe, au point de créer cette angoisse ? Angoisse absorbée par nos enfants, qui nous donnent finalement ce que nous attendons d’eux. La confiance créée par cet événement nous a permis de partir rassurés, et rassurants.
A++
Stéphane SOLOMON