Qu’est-ce que vous risquez ?

Dans l’émission Fréquenstar dédiée à Patrick BRUEL, L’animateur Laurent BOYER a demandé à son invité quelle inconscience l’a entrainée vers le RISQUE INCONSIDERE de reprendre des chansons rétro (se référant au double-album «entre deux», sorti en 2002). Patrick BRUEL lui a répondu ceci :

  • Qu’est-ce que je risquais à part d’être déçu ?

C’est une vraie leçon d’auto-coaching que le chanteur-acteur-champion de poker nous livre-là ! Dans la plupart des décisions que vous avez à prendre qu’est-ce que vous risquez à part une déception ?

Le disque «entre deux» a fait près d’un million de ventes, et les spectacles ont fait salle comble dans toute le France. Lorsque vous voyez un tel résultat, et vous entendez le gagnant dire que ce qui lui a permis d’aller de l’avant, c’est la phrase «Qu’est-ce que je risque à part d’être déçu ?», ça devrait provoquer un éveil !

Serait-ce le secret des gagnants ? Savoir gérer l’échec, s’autoriser à faire des erreurs, réduire l’importance d’une déception… ?

Vous allez me dire : il a les moyens de prendre des risques ! Je suis d’accord… Et c’est justement là que je veux en venir : vous aussi, vous avez des moyens ! Vous n’avez pas les mêmes moyens que Patrick BRUEL, mais vous n’avez pas les mêmes objectifs non plus. Vous avez VOS OBJECTIFS. Lorsque vous hésitez à passer à l’action, dans bien des cas, vous avez TOUS les moyens nécessaires, à part un seul que j’appelle «le moyen déclencheur». Il se résume en une phrase :

  • Qu’est-ce que je risque à part d’être déçu ?

Après quoi, vous pouvez vous autoriser à passer à l’action, car vous avez réussi à banaliser une chose qui, pour beaucoup de gens, est le pire des outrages qui puisse arriver dans une vie.

Je ne dis pas que c’est la seule chose que vous risquez, quoi qu’il arrive. Dès fois, en prenant des risques, on peut perdre sa maison, sa voiture, sa chemise… Mais vous verrez que dans la plupart des cas où vous procrastinez, la seule chose qui vous retient, c’est la peur de la déception. Tout le reste, vous pourrez l’assumer.

Projection partielle

Lorsqu’on tente de mesurer l’impact d’une déception potentielle, la projection est incomplète, et donc complètement biaisée d’un point de vue émotionnel. C’est d’ailleurs le cas de toute projection du futur : elle est forcément partielle.

Par exemple, Michel vient de déménager dans une maison de 2.000m² ! Son ami Fabrice repense à son propre déménagement de 150m² l’année dernière, et se dit que Michel doit être exténué ! Pour déplacer 150m², il lui a fallu plus d’une semaine, assisté par 3 amis, dont certains se sont désistés certains soir, au dernier moment, ce qui a causé d’énormes difficultés d’organisation, et parfois des remarques désagréables. Rien que d’imaginer le même scénario avec 2.000m², Fabrice en a la nausée !

Mais Fabrice a tort :  Michel est parti en vacances en laissant des instructions à des déménageurs spécialisés, et lorsqu’il est revenu en France, il est allé poser ses valises dans sa nouvelle demeure. Même lorsqu’il s’est mis à son piano, il n’était pas surpris d’entendre qu’il était accordé. Les déménageurs se sont occupés de tout de A à Z ! C’est beau !!!

Ce service complet lui a coûté une fortune, et lorsque Fabrice entend la somme, il se dit qu’il ne fera jamais une chose pareille ! Jusqu’à présent, il toujours fait appel aux copains et à la famille pour ses déménagements. L’idée même de payer un déménageur le hérisse ! Tous des voleurs !

Ce que Fabrice ne sait pas, c’est que c’est justement parce que payer un déménageur (et lui faire confiance) est un problème pour lui, qu’il ne déménagera jamais dans 2.000m². Ca n’a rien à voir avec ses moyens financiers puisque dans sa réflexion, il ne tient pas compte du niveau de vie de Michel. C’est donc au dessus de mes moyens intellectuels . S’il pouvait s’imaginer signer un tel chèque, il serait déjà en vacances ! parce que Michel lui a proposé 15 fois de s’associer avec lui, et 15 fois il a dit non ! Parce que payer 66% d’impôts, c’est vraiment trop cher !!!

Aussi trivial que ça puisse paraître dans mon exemple, cette projection partielle est une erreur très fréquente. Et c’est exactement la même chose pour la déception :

Vous imaginez la déception future en fonction de votre force mentale d’aujourd’hui. Or en supposant que la déception soit au rendez-vous dans quelques mois, il est évident qu’elle sera gérée par une personne bien plus expérimentée  qu’aujourd’hui. Non seulement le temps aura passé, mais en plus, vous aurez vécu une expérience très riche, qui va forcément modifier vos capacités, y compris les capacités mentales qui permettent de faire face. Ca va avec… Vus d’en-bas les problèmes paraissent énormes, mais ces mêmes problèmes paraîtront insignifiants une fois que vous serez en haut.

Pensez-y ! Si vous avez envie de vous engager dans quelque chose d’ambitieux, mais vous avez peur d’être déçu, dites-vous que c’est votre MOI du présent qui a peur d’une déception du futur, alors que votre MOI du futur saura très bien gérer tout ça.

Alors ??? Qu’est-ce que vous risquez à part d’être déçu ?

A++

Stéphane

15 réflexions au sujet de « Qu’est-ce que vous risquez ? »

  1. Je ne sais pas ce qu’a dit Boyer après avoir entendu cette belle réponse de Patriick – si cela avait été Drucker, il aurait sans doute dit « magnifik »… Et je suis bien d’accord!

     » Vus d’en-bas les problèmes paraissent énormes, mais ces mêmes problèmes paraîtront insignifiants une fois que vous serez en haut. »

    Magnifik, de nouveau! ça semble évident une fois qu’on le lit; un peu comme si cette phrase nous projetait directement dans le lieu qui nous permet un point de vue favorable. Comme ces solutions puissantes parce qu’elles sont simples, et évidentes une fois qu’on nous a révélé le truc. Comme la clé d’une énigme.

    Merci et à bientôt Stéphane.

    Jose

    PS : l’idée que je puisse perdre une chemine est anxiogène, vu que je ne sais pas ce que c’est. Ca fait mal de perdre une chemine? je vais passer le mot au dé-correcteur orthographique pour essayer comprendre. 😉

  2. Qu’est-ce que je risque…
    Cette phrase m’en évoque une qui est presque son opposée : « on ne sait jamais ». J’ai un ami qui garde TOUT et quand on lui demande pourquoi gardes tu le carton d’emballage du PC que tu as acheté en 1998, il répond « on ne sait jamais ». On ne sait jamais quoi au juste ? A quoi ce carton précis pourrait-il bien servir (il a des dizaines de cartons, des modes d’emploi de logiciels qui sont complètement obsolètes et qu’il n’utilise plus depuis longtemps). On ne sait jamais ce qui pourrait arriver. Oui et alors ? Le fait d’avoir tout gardé sera-t-il d’une quelconque utilité en cas de …. guerre ? divorce ? feu ? inondation ? faillite ? De quoi cette accumulation protège-t-elle à part du fait de devoir faire des choix, de prendre des décisions, de s’alléger.

    Ce que je sais en revanche c’est ce que tout ce que cette accumulation empêche de faire. Par exemple de déménager. Même en prenant un déménageur. Car il n’irait quand même pas payer pour déménager des cartons vides…

    Ce « qu’est-ce que je risque à part d’être déçu » est une phrase très riche de sous-entendus. La peur d’être déçu empêche certains de bouger. Par exemple, on peut retourner sans cesse en vacances au même endroit parce qu’on aime l’endroit certes mais surtout pour être sûr de ne pas être déçu. Certains prennent le même plat au restaurant parce qu’ils savent à quoi s’attendre. Le risque est minime pourtant : si c’est immangeable, se passer d’un plat à un repas ça peut se gérer.

    Mais cette peur d’être déçu ne cacherait-elle pas d’abord le fait d’avoir peur d’être déçu par soi même ? Prendre des risques c’est d’abord accepter l’idée qu’on n’est pas un gros nullos si le projet échoue. J’ai fait ça pendant un bon moment avec le tabac : comme beaucoup de fumeurs j’ai eu ce discours « je m’arrête quand je veux mais j’aime ça alors je continue ». Jusqu’au jour ou j’ai réalisé que la vérité c’est que j’avais peur de dire je m’arrête de fumer car je n’étais pas si sure que cela d’y arriver et que je voulais pas avoir à faire face à un échec par rapport à engagement de moi vis à vis de moi-même. Le jour où j’ai compris cela j’ai arrêté, du jour au lendemain. C’était il y a 25 ans. Je n’ai jamais refumé.
    Quand on peut quantifier sa réponse à la question « qu’est-ce que je risque » (tant d’argent, ma maison, l’équilibre de ma famille, ma santé, mon job) on passe du risque au choix et si possible au processus de diminution des risques. Quand la seule réponse qui reste c’est « être déçu » alors ça devrait sonner comme une sirène d’alerte à la procrastination et pousser à passer à l’action ! Si ce n’est que cela alors FONCE ! et oui tu as cent fois raison, on apprend sur le chemin, l’échec est rarement un fiasco total, on en tire souvent quelque chose et même si on est tombé c’est souvent de moins haut que ce qu’on anticipait au départ.

  3. Pour débloquer tous les procrastinateurs il suffirait de leur dire « qu’est-ce que tu risques? être déçu ? alors tu n’as rien à perdre »..et pouf, magie!, ils s’y mettent ? Trop facile (ou pas)…
    ll y a sûrement autre chose, il faut une belle anecdote, il faut être dans auto-coach, il faut avoir entamé un travail sur soi ?

    Est-ce que vous pourriez faire l’expérience de débloquer une connaissance procrastinatrice non impliquée dans ce programme ?

    à moins que ça vous soit déjà arrivé, ou à un proche ?

    Mieux, on pourrait envoyer un mail à des connaissances qui réfléchissent, qui hésitent en leur disant juste la formule magique :

    « Qu’est-ce que tu risquerais à part d’être déçu ? »

    ça marchera ?
    ..à suivre

    1. Bonjour Patrick,

      Si ça suffisait, j’inviterai tout le monde à voir le replay de l’émission, et hop ! Le monde changerait.

      D’abord pour que ça impacte, il faut le vouloir vraiment ! Florence écrit ci-dessus que la formule (magique) fait écho en elle à plusieurs niveaux. C’est pour cette raison que j’ai réservé cet article à ce flux de communication, et non à ma Newsletter gratuite qui est lue en diagonale, et qui est pour beaucoup de lecteurs «juste un amusement».

      Il y a plus de 20 articles préparatoire à celui-ci (sans compter ceux qui sont issus de TIME-COACH) et qui préparaient le terrain.

      Il y a aussi tous els livres que tu as lus et que tu liras désormais et qui te rappelleront cette phrase.

      Un coaching, et qui plus est un auto-coaching, c’est un bénéfice à vie. C’est un ensemble de choses que tu retiens (que ce soit des concepts ou des histoires à raconter à ton tour), et qui agissent au moment ou TU décides d’utiliser le bon levier.

      Donc en ce qui concerne ceci :
      ————–
      Est-ce que vous pourriez faire l’expérience de débloquer une connaissance procrastinatrice non impliquée dans ce programme ?
      ————–

      On peut toujours essayer, mais ce n’est pas le but. Il y a tout un parcours avant d’en arriver là. Au mieux tu auras un hochement de tête approbateur mais il faut être dans la démarche de l’«aller vers» pour que ça puisse impacter en profondeur.

      Ce programme est fait pour toi. Pas pour «tes connaissances» ! Toit d’abord !!! Ensuite, ne sous-estime pas ta capacité à changer les autres en devenant leur modèle. Et si un jour on TE DEMANDE comment tu fais pour être aussi volontaire face à des décisions périlleuses, tu pourras donner la formule magique de notre Patrick National, et elle impactera ton interlocuteur parce qu’il est EN DEMANDE.

      Si j’ai relevé cette formule magique, c’est parce que je savais qu’un jour j’allais en parler, mais pas à n’importe qui.

      A++

      Stéphane

    2. Patrick,

      J’ai déjà essayé pour ma part de demander à des amis retournant sans cesse au même endroit en vacances pourquoi ils n’essayaient pas ailleurs (il vont à l’hôtel, il ne sont donc pas tenus de choisir toujours le même).

      Ils ne voient tout simplement pas pourquoi ils prendraient le risque d’être déçus ! Autrement dit le plaisir de la découverte de nouveaux lieux est inférieur à l’idée qu’ils se font de la déception qu’ils ressentiraient si le nouveau lieu n’était pas aussi bien.

      Avant d’oser risquer d’être déçu, il faut donc anticiper un plaisir au fait d’être surpris (en bien !). Bonjour la visualisation pour cela 😉

      Je diverge un moment à propos de visualisation: l’imagerie est capable de nous démontrer maintenant ce que certains avaient compris sans cela : pour notre cerveau, ce qu’on visualise est tout aussi réel que la réalité. Un super bon exemple de cela ce sont les illusions d’optique. Même après avoir eu la preuve que les deux droites ont la même longueur, que les cercles ne tournent pas, que les couleurs sont les mêmes… notre cerveau persiste à croire que ce n’est pas le cas. Perseverare diabolicum ! On a cru longtemps que pour que l’effet placebo fonctionne, il fallait que celui recevant le placebo soit convaincu qu’il s’agissait d’un vrai médicament. Il est démontré maintenant que ce n’est même pas nécessaire (cf la super émission d’Arte en novembre qui démontrait cela).

      Donc si je visualise un projet comme étant plein d’embuches, de déceptions, de risques, ce n’est pas parce que quelqu’un me dira « qu’est-ce que tu risques à part être déçue » qui me fera y aller. Il faut d’abord que l’idée que je m’en fait soit positive.
      Il faut aussi que j’accepte que tout ne se déroulera peut-être pas de façon idyllique. Mais il faut que mon sentiment initial soit que si ça marche, j’y gagnerai des satisfactions gratifiantes. Sinon ce n’est même pas la peine d’essayer.

  4. Cet article est formidable, il résume en une seule petite phrase « qu’est-ce que je risque ? » tout le changement qui s’opère en moi depuis quelques mois. Ce qui est génial, c’est que cela est vrai dans toutes les sphères (personnelle, professionnelle). Alors aujourd’hui, grâce à vous et parce que au fond « qu’est-ce que je risque ? », je vais aller déposer une lettre dans la boîte d’un homme que j’apprécie énormément et avec qui j’aimerais bien « passer la deuxième »,
    Merci beaucoup Stéphane !

    Cet article fait également écho à une de mes maximes préférée : « si tu demandes, t’es pas sûr d’avoir mais si tu ne demandes pas, tu es sûr de ne pas avoir. ». Naturellement, en demandant, on s’expose potentiellement à recevoir une réponse négative, il faut en être conscient. Si on demande et qu’on attend une réponse positive, c’est là qu’on est déçu dans le cas où la réponse est négative.

    1. Caroline,
      Je connais une variante de ta citation : « demander, c’est risquer d’obtenir ». Elle m’aide beaucoup ! Mais cela n’empêche pas de ne pas obtenir 😉

  5. Je suis de ceux qui prennent toujours le même plat dans le même restaurant. Je n’avais jamais analysé ça sous l’angle d’une déception potentielle. Il y a sûrement du vrai dans ce que vous dites. Mais vous pouvez aussi considérer que je prends aussi plaisir à savoir à l’avance que je vais me régaler avec ce que je connais. Ce n’est pas forcément négatif. Mais ceci n’est qu’un exemple et sur le fond de l’article, je ne peux qu’être d’accord …

  6. Tu prends du plaisir à l’avance à te régaler avec ce que tu connais, mais tu peux envisager aussi que tu puisse prendre encore plus de plaisir à faire la découverte de quelque chose d’encore meilleur ou tout simplement surprenant. Dans certains restaurants on te propose un menu surprise : c’est le chef qui choisit ce qu’il propose. Si tu connais le chef, si tu as déjà gouté ses plats c’est très agréable de te laisser emporter vers des associations que tu n’aurais pas eu l’idée de faire toi même. Donc non ce n’est pas négatif de reprendre souvent le même plat. De là à prendre toujours le même ?…? La curiosité n’est pas du tout un vilain défaut 😉

  7. En tant que motard, on m’a souvent fait remarqué le danger mortel de la moto. Beaucoup de gens disent ne pas s’y mettre pour les mêmes raisons.
    J’ai coutume de dire que le risque majeur de la moto est de rester en vie.

    En relativisant le risque d’être déçu à celui de mourir, cela pourrait débloquer des situations.

  8. La déception est souvent vécue comme venant de l’extérieur : « il/elle m’a déçu/e ».
    Cela mérite souvent un recadrage du style : « je suis déçu parce qu’il/elle n’a pas fait ce que j’attendais de lui/d’elle ».
    En fait, la déception vient d’une attente souvent assez précise : si je n’ai pas ce que j’attends comme résultat de mes actions, alors je serais déçu.

    Alors de changer de paradigme : si je ne m’attends à rien, alors je ne serais pas déçu !
    Ne s’attendre à rien n’est pas ne rien faire. Au contraire : c’est faire et être ouvert à tout ce qui va se passer.

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