Une chance à saisir (2/2)

Bravo ! Que de réponses justes à mon interrogation concernant la première partie de cet article… Comme chez Jacques MARTIN, tout le monde a 10 ! C’est à croire que toutes les chances étaient du côté de ceux qui ont répondu ;-). Profitons de ce moment de grâce… C’est tellement rare.

Plus spécifiquement, j’ai vraiment apprécié vos interventions concernant l’attitude de mon interlocuteur et la mienne. Vous avez comparé ses croyances aux miennes, vous avez évoqué ma délicatesse à son égard, vous avez été très constructifs et créatifs… L’évocation concernant le Père-Noël et la petite souris m’ont fait sourire. Le hasard avec un grand D, correspond également avec une belle synchronicité, ce matin.

Je vais vous donner aussi mon avis sur la question, et vous verrez que la plupart des commentateurs sont très proches de mon point de vue. A quelques détails près que je suis seul à connaître (je suis parfois cachottier).

Je vais d’abord répondre à la deuxième question :

  • Pourquoi ai-je écrit que je lui ai donné ma réponse «avec une grande sincérité et un sentiment de plénitude» ?

Pour comprendre la raison, il faut remonter 2 ans en arrière :

Flashback

Cette-fois-ci j’étais de sortie avec ma fille cadette. Il ne s’agissait pas du jardin des plantes, mais d’une balade en forêt. La maîtresse m’a chargé de surveiller ma fille et deux de ses camarades de classe. C’était pratiquement la même configuration.

Coup de bol : les deux camarades de ma fille avaient une casquette bleue foncée, et personne d’autre dans la classe ne portait une casquette de la même couleur. Cette fois je n’y étais pour rien : c’était (selon les croyances) le hasard qui fait bien les choses, un cadeau de l’Univers, un clin d’œil divin… Bref : de la chance pure, telle que la plupart des gens aiment la définir.

Je mesurais clairement l’utilité de ces casquettes, en particuliers lorsque d’autres parents s’exclamaient «Mais où sont-ils passés ?!!». Le mot «utilité» est un peu faible, car une inquiétude peut nous déconnecter de la joie de l’instant présent. Ce jour-là, j’ai pleinement profité de la sortie, car les petites inquiétudes que j’avais de temps en temps étaient de courte durée. Il me suffisait de faire un tour sur moi-même pour constater que les enfants étaient toujours-là.

Je mesurais cette chance avec un sentiment de plénitude

Une chance à saisir

J’ai donc saisi ma chance, en prenant conscience des deux sens du verbe saisir : j’ai attrapé ma chance au vol, et je l’ai comprise : c’était saisissant ! L’idée de reproduire cette chance à volonté m’a alors traversé l’esprit : les casquettes bleues allaient devenir un outil, et les petits tours sur moi-même allaient devenir une technique. C’est une façon de profiter de ma chance. Beaucoup de gens utilisent le mot profiter comme si l’instant était précieux et risquait de s’envoler… Vite ! Il faut en profiter ! Et si le profit pouvait être quelque chose de continu, parce qu’animé d’une volonté ?

La chance qui surprend et qui interpelle apparaît plusieurs fois dans une vie. Pour ne pas la laisser filer, il suffit de continuer à tricoter. Au lieu de la banaliser, je la gratifie, je lui fais honneur, je la commémore…

Quelques jours avant la sortie suivante, je me suis donc rendu au rayon casquettes d’une grande surface pour m’équiper. Lorsque j’ai vu qu’il ne restait plus qu’une seule casquette bleue, je me suis rabattu sur deux casquettes vertes. Avouez que ma capacité d’adaptation est édifiante !

Vous souriez ? Vous n’avez pas idée du nombre de fois où j’ai dû stimuler la capacité d’adaptation de mes clients, dans des situations à peine plus complexes. C’est très étrange, mais certaines personnes se souviennent de moments où elles ont eu de la chance, et lorsque je leur propose de la saisir, elles n’y parviennent pas, souvent à cause d’un petit détail. Elles réagissent comme si j’avais quitté le magasin, furieux de ne pas avoir de chance :

– Zut et re-zut ! Juste le jour où j’en ai besoin, il n’y a plus de casquettes bleues ! C’est la poisse !

La chance n’est pas toujours primaire : mettez un peu de jaune dans votre bleu et d’autres «possibles» apparaîtront. Des «possibles» couleur espoir.

Le QUOI passe toujours avant le COMMENT ! TOUJOURS !!!

La volonté de retrouver le sentiment de plénitude passe avant la couleur des casquettes.

Je vous laisse méditer sur cette citation de moi-même, et je reviens vers la première question :

  • Pourquoi l’ai-je laissé partir avec une «fausse croyance» ?

Echange de cadeaux…

La question est mal posée. C’est même une question piège, car à présent que vous connaissez l’origine de ma technique, cette croyance n’est pas fausse. Elle vient juste conforter l’idée que je suis chanceux :

  • Chanceux d’avoir vécu un moment de grâce sans l’avoir provoqué sciemment. C’est la croyance de mon interlocuteur, et elle est vraie avec deux ans de décalage, mais le souvenir est toujours vif en moi.
  • Chanceux d’avoir su saisir cette chance ! Je sais que je passe régulièrement devant d’autres chances à saisir et que je ne le fais pas. Cette fois, je l’ai fait, et je ressens ce que j’appelle une humble fierté.

Après ce sourire intérieur, mêlé d’une foule de bons sentiments et de pensées agréables, j’ai décidé de faire un cadeau à celui qui venait de m’en faire un : le laisser CROIRE !

Je venais de lui suggérer que lui aussi était chanceux d’être là avec sa fille. Même s’il focalisait sur autre chose, je suis sûr que ma «remarque candide» a fait écho. Ensuite, j’ai évoqué une chance liée à la connaissance à la compétence, au savoir-faire, à la posture… Je me sers de mon expérience de père de famille nombreuse. Là encore, même s’il avait envie de me dire autre chose, je pense l’avoir touché. Je me rapproche de plus en plus de l’expérience des casquettes.

Sans réfuter mes dires, il revient à la charge une troisième fois. Aurais-je pu aller plus loin sans risquer de l’agacer ?

Les croyances qui se construisent sur le tas, sont un peu comme les tours Kapla faites par les enfants de 5 ans… Elles sont en déséquilibre, et peuvent s’écrouler à tout instant. J’ai donc décidé de garder cette pièce. Je pense que j’aurais lâché le morceau s’il n’y avait pas eu une part de vérité dans ce qu’il disait. Mais il avait raison : un jour, j’ai eu cette chance, et elle est devenue atemporelle. Le sentiment de plénitude était à propos. Merci… Je n’irai pas plus loin… Pas aujourd’hui…

La chance circule

Un jour peut-être, lors d’une prochaine sortie, il tirera de son sac à dos deux casquettes pour les prêter aux enfants qu’il accompagnera. Ce jour-là, il sera chanceux++, car se servir de «la chance des autres» est une technique d’excellence. Nous le faisons tous les jours : à chaque fois que nous allumons une lampe électrique, nous nous servons de la chance de Thomas EDISON. Mais nous ne mesurons pas cette chance-là. Nous trouvons normal que la lumière s’allume lorsque nous appuyons sur l’interrupteur. C’est lorsqu’elle ne s’allume pas que nous nous mettons à prendre conscience que pour être éclairé, il faut mettre toutes les chances de son côté.

A++

Stéphane

6 réflexions au sujet de « Une chance à saisir (2/2) »

  1. « La volonté de retrouver le sentiment de plénitude passe avant la couleur des casquettes. »
    J’aime beaucoup cette citation ! à graver 😉

  2. Je suis preneuse aussi Myriam, car la volonté de retrouver le sentiment de plénitude passe avant … tout!

    Et à propos de la chance qui circule, comme pour celle de Thomas Edison dont nous usons et abusons: pour avoir fait des lessives à la main au doux temps de ma jeunesse, je suis tojours émerveillée à chaque fois qu’ayant mis -soigneusement- du linge dans le lave-linge, j’appuie sur un bouton et que ça se fait tout seul!
    J’ignore le nom de l’inventeur de la machine à laver le linge, mais il reçoit ma gratitude à chaque lessive et j’en ai fait quelques-unes!!!

    Tiens, je viens d’aller voir sur Wikipédia et j’ai trouvé le nom de mon bienfaiteur: Jacob Christian Schäffer (1767) génial touche-à-tout allemand à qui je rends grâce.

  3. Je n’ai pas saisi ma chance hier car j’ai zappe le webinaire sur le rapport a l’argent apres une journee terrible de souci informatique et differentes taches a regler le soir avant mon depart a paris (j’ecris de mon tel dans le train). Acte manque, me direz vous ? Surement mais pour en revenir a nos moutons, je n’ai pas peur de changer mes habitudes, au contraire, c’est souvent la nouveaute qui me motive, mais quoique j’ai la perseverance sur la duree je pratique la dispersion sur le court-terme… Merci a Jacob <3<3<3

  4. Vous avez transformé la chance en expérience. Et vous en avez fait une expérience bénéfique. D’autres que vous auraient dit « J’espère qu’à la prochaine sortie, les enfants que la maîtresse me confiera auront la même casquette ».

    La chance est-elle la chance ou juste une manière de voir la vie. Peut-être que la première fois, si les deux garçons n’avaient pas eu la même casquette, vous auriez « vu » autre chose pour vous aider à retrouver facilement les deux enfants. Et vous auriez transformer cette autre chose en expérience.

    En fait, la « chance » n’existe pas, c’est juste une question d’attitude++ par rapport aux évènements. C’est voir la vie d’une manière qui nous est bénéfique.

    Enfin, je crois en la chance, surtout quand je la provoque.

  5. alors là…. c’est gratitude ++ 😀 Parce que je regarde autour de moi et je réalise que je saisis la chance des autres… tout le temps!! 😉 Je suis vraiment une nana chanceuse!! 😀

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