3 pièges à éviter (2/2)

Il y a environ 3 ans, j’ai assisté à un accident de voiture (en témoin). Les dégâts étaient matériels et les torts étaient clairement du côté de l’homme qui a refusé la priorité. Pourtant, la dame qui a embouti la voiture du fautif est sortie de son véhicule en larmes en se confondant en excuses :

  • Excusez-moi ! C’est de ma faute ! Je vous demande pardon ! Pardon ! Pardon !…

L’homme fut courtois et tenta de lui expliquer que c’est lui qui était en tort. Mais cette dernière continua en multipliant les mea culpa… Il a fallu que nous nous y mettions à trois pour lui faire comprendre qu’elle n’était pas coupable, et que la responsabilité revenait à celui qui a refusé la priorité…

La culpabilité

En surface, on pourrait expliquer ce comportement par une méconnaissance du code de la route. Mais il suffirait d’observer les réactions plus en profondeur pour comprendre que cette confusion n’a absolument rien à voir avec un manque de connaissances. Cette personne est une «coupable chronique».  Quoi qu’il arrive, elle aura toujours tort ! Elle ne fait qu’enchaîner les maladresses, et elle est intimement convaincue qu’elle gêne tout le monde ! Lorsqu’elle demande pardon, ça n’a rien à voir avec l’évènement. Elle s’excuse d’exister… Si elle n’avait pas été là, il n’y aurait pas eu d’accident. Telle est sa pensée profonde.

La culpabilité, c’est de la méfiance en soi !

Il y a plusieurs raisons à ce genre de mal-être qui se soigne très bien en thérapie (ce qui sort du cadre de ce programme), et si je prends ce cas exagéré comme exemple, c’est pour rappeler que nous avons tous en nous un peu de cette dame. Lorsque nous nous sentons coupables, notre comportement est irrationnel et contre-productif. En cas de problème, il faut espérer tomber sur les bonnes personnes. Il est préférable de ne pas être livré à soi-même.

Je compare souvent la culpabilité au «passeport jaune». Au 18ème et 19ème siècle,  c’était la pièce d’identité délivrée aux ex-bagnard au moment où ils sortaient de prison. Ce document les distinguait des «honnêtes-gens». Avec un tel signe distinctif, on pouvait pratiquer tous types d’exclusions et humiliations (refuser l’entrée à certains établissements, sous-payer un travail jusqu’au tiers du salaire conventionnel, etc.). Victor HUGO dénonce les dérives du passeport jaune à travers les déboires de Jean VALJEAN dans l’oeuvre «Les misérables». Il vous expliquera ça mieux que moi.

Sous l’empire russe, ce sont les prostituées qui devaient porter un passeport jaune pour les distinguer. Il servait aussi de «carnet de santé» si une MST a été contractée. Sous le même empire, le passeport jaune était délivré aux femmes juives qui voulaient sortir de leur zone de résidence. Le but était d’identifier clairement les personnes qui avaient «quelque chose à se reprocher»… Si j’utilise cette métaphore, c’est pour montrer à quel point on considérait que la culpabilité devait faire partie de l’identité d’une personne. Les choses ont bien changé depuis les cette époque : désormais ce passeport est auto-délivré…

Jean VALJEAN parvient à se débarrasser de sa culpabilité en déchirant son passeport de paria, et en prenant une nouvelle identité : il devient Monsieur Madeleine. 5 ans plus tard, on lui propose de devenir Maire de Montreuil sur Seine. Il refuse. Mais après avoir fait preuve de bontés diverses pendant 4 ans de plus, il accepte enfin cette fonction.

Quitte à me répéter, je voudrais rappeler que cette oeuvre est à mon sens le meilleur livre de Développement Personnel jamais écrit ! Il suffit de le lire sous cet angle, et vous saurez tout sur la Loi de l’Attraction, l’Image de soi et le degré de Confiance qui en découle, l’Auto-Coaching, l’Analyse Transactionnelle, la Pensée Positive, la PNL, la Communication Non Violente, le Rapport à l’Argent, etc.

Analyse, Caméra et Remplacement

Je rappelle (c’est important) que nous ne sommes pas dans un cadre thérapeutique, et que si vous souffrez d’une culpabilité chronique (sentiment d’être toujours coupable), je vous recommande de consulter un spécialiste de la psychologie cognitive-comportementale. Évitez la psychanalyse dans ce cas précis, il ne faut pas 10 ans de divan pour reprendre sa vie en mains…

Dans un cadre d’auto-coaching, les techniques qui permettent de se remettre d’une culpabilité passagère afin de retrouver son identité, sont les mêmes que celles qu’on applique à la colère :

  • Vous pouvez contempler a postériori est a froid, un évènement qui a généré une culpabilité. Faites-le en solo ou avec une personne de votre choix, pour repérer les signes successifs qui vous ont attribué un passeport jaune.
  • En cherchant la caméra, vous pourrez construire une nouvelle réalité. Ce travail vous permettra de changer de Feedback «en live», lorsque la situation se représentera (toujours sans s’attendre à tomber dans le piège, tout simplement en vous servant d’une aptitude que vous avez construite hors contexte, régulièrement).

Côté remplacement, la culpabilité se remplace par la Responsabilité :

  • La culpabilité mène vers l’atermoiement, la Responsabilité mène vers les actions correctives
  • La culpabilité consiste à se faire tout petit, la Responsabilité permet de reprendre sa place
  • La culpabillité à propos d’un sujet a tendance à créer des culpabilités annexes. La Responsabilité arrête ce phénomène.

Je vous laisses continuer…

Attention à une propension naturelle : en tentant de changer la culpabilité en Responsabilité, vous pourriez vous égarer en vous déculpabilisant sans approfondir. Vous aurez alors tendance à culpabiliser quelqu’un d’autre. D’une certaine manière, une voix intérieures vous dit «il faut un coupable !». Dans le domaine de la proactivité, ce n’est pas une obligation.

La frustration

La frustration est ressentie lorsque vos résultats sont inférieurs à vos attentes.  Ce n’est pas forcément une mauvaise chose, car cela signifie que vous avez de l’ambition, mais que vous n’avez pas atteint vos objectifs. Dans la plupart des cas, il s’agit d’objectifs mal formulés (nous y reviendrons).

L’action immédiate est requise, car vous êtes toujours dans l’Energie. Ne laissez pas le soufflet retomber, et posez vous la question :

  • Qu’est-ce que je pourrais faire pour sauver l’honneur ?

Sachant que l’honneur en question est intérieur et ne correspond qu’à votre propre jugement. La réponse dépend donc de VOS lois intérieures. Parfois la réponse permet de retourner vers l’objectif fixé en trouvant d’autre moyens de parvenir à vos fins. Vous prenez juste un peu de retard, mais le résultat est là ! Dans d’autres cas, plus complexe, vous pourriez trouver une solution alternative sans rapport avec l’objectif initial, mais qui vous permet d’avancer malgré cet «accident de parcours».

Concernant les frustrations du passé qui vous empêchent d’agir aujourd’hui ou qui tirent vos ambitions vers le bas (ce qui permet à certains de se «vacciner» contre de nouvelles frustrations), rappelez-vous que le QUOI est plus important que le COMMENT. Il ne s’agit donc pas d’employer la même stratégie en réduisant vos objectifs, mais plutôt de trouver de nouvelles stratégies qui vous permettront d’atteindre vos objectifs. Parfois, un mauvais résultat signifie qu’il est temps pour vous de passer à la vitesse supérieure, car vous n’avez plus la motivation de rouler au ralenti.

En parlant de motivation, c’est justement par ça que vous pouvez vous autoriser à remplacer la frustration. Rappelez-vous que la frustration n’est pas négative : c’est une ambition déçue… Vous pouvez donc décider intérieurement de continuer jusqu’à obtention du résultat, sachant qu’un résultat est toujours multiple : ce que vous n’avez pas obtenu financièrement, vous l’avez peut-être obtenu relationnellement, spirituellement, ou en regain de Confiance. En d’autres termes, il est possible que votre frustration soit due à une concentration trop importante sur un seul axe de réflexion, mais en observant vos résultats sur plusieurs plans, vous deviendrez gagnant.

Suzanne propose de remplacer la frustration par la Gratitude… Waouw ! C’est un saut quantique ! Passer de la colère à l’Indignation c’est concevable, car le sentiment est voisin en surface. Plus vous explorerez les concepts en profondeur, plus l’écart se creusera, mais en surface c’est acceptable. Idem pour la culpabilité et la Responsabilité qui leurrent l’esprit au moment du changement, mais qui se distinguent à mesure qu’on creuse la question. Mais remplacer la frustration par la Gratitude, c’est du costaud ! Car la distinction est directement visible en surface : comment puis-je éprouver de la satisfaction à propos de ce qui me frustre ?

La réponse tient au fait que la Gratitude n’est pas une satisfaction focalisée sur un sujet, mais un vaste sentiment qui couvre plusieurs axes de vie. L’idée n’est donc pas de se dire «chouette ! Je viens de perdre 3.000 € en important des produits qui ne se vendent pas… Mon banquier va m’appeler dans la matinée ! Gratitude…», mais plutôt de se rappeler que l’homme d’affaires qui vient de subir une perte de 3.000 €, n’est pas juste un homme d’argent déchu. C’est aussi un père de famille comblé, un époux aimé, un fils chéri, un négociateur au talent reconnu, un communicateur admiré, un sportif motivé, un être spirituel éveillé, etc. Vous n’êtes pas uniquement votre frustration, vous êtes aussi tout le reste, et ce TOUT demeure.

D’ailleurs, c’est cet Univers qui vous a permis de prendre un risque à votre hauteur. Bien d’autres personnes, à l’univers plus restreint, ne seraient pas passées à l’action, se disant qu’elles ne pourraient faire face à «l’échec».

C’est très motivant, car en Gratifiant tout ce qui vous entoure, vous pouvez commencer à envisager des solutions en vous appuyant sur un Univers prêt à vous aider.

Pour clore le sujet

Rappelez-vous que vous ne devez pas anticiper une colère, une culpabilité ou une frustration. Ce serait tomber dans votre propre piège, et même si cette anticipation vous permet de vous préserver (en vous disant «c’était prévisible, donc mon émotion est normale»). Entraînez-vous régulièrement à analyser vos précédents émois, et à visualiser les correctifs à froid. Vous vous programmez ainsi mentalement à faire face, sans planifier le moment où vous aurez besoin d’une technique. Et si (et seulement si) vous en avez besoin, alors utilisez les techniques livrées dans ces deux derniers articles.

Enfin, avez-vous entendu parler de l’effet  catharsis ? La catharsis est l’épuration des passions par le moyen de la représentation dramaturgique (wikipédia). J’ajoute que toute oeuvre d’art (chanson, film, peinture…) conçue par autrui, vous ouvre une porte vers cette délivrance.

Le principe psychologique est complexe, mais voici les grandes lignes :

Le drame que vous suivez n’est pas le vôtre. Même si vous vous identifiez au personnage du roman ou du film, c’est uniquement par empathie, mais vous quittez le drame au moment de quitter le lieu de la représentation. La purge est donc instantanée, et elle peut avoir des effets accélérateurs sur vos propres émois qui utiliseront les mêmes leviers. Le processus est inconscient. Vous pouvez donc en bénéficier sans chercher à le comprendre. Aller au cinéma, dans certains cas; devrait être une prescription médicale, et la sécu gagnerait à rembourser une partie de la séance. D’ailleurs dans mes coaching en face à face, il m’arrive de recommander un film à mes clients, afin d’en discuter lors de la session suivante sous l’angle de la motivation, la détermination, la confiance en soi, etc.

Lorsque vous évaluez la situation du personnage (en revoyant la scène), vous transformez vos émotions en pensées. Qu’auriez-vous fait à la place de Roméo ou de Juliette ? Quelles solutions leur auriez-vous proposées pour vivre leur Grand Amour, sachant que vous connaissez la face cachée de l’Histoire, ainsi que d’autres histoires qui ont réussi.

Le fait de s’interroger sur d’autres colériques, d’autres coupables, d’autres frustrés… vous interroge aussi. La solution ne vous sautera pas aux yeux, mais parfois, elle s’exécutera de façon inconsciente.

L’art construit de nouvelles émotions, et celles-ci prennent part à votre perception de la réalité. La réalité intérieure change et influence à son tour la réalité extérieure. C’est un phénomène observé en psychologie, et aussi en physique quantique : l’observateur a une fonction dans le résultat de l’expérience… Aristote le disait, on commence à peine à le prouver… Ceux qui ont cru Aristote sur parole avaient donc 2.300 ans d’avance sur nous, dans bien des domaines ;-).

A++

Stéphane

6 réflexions au sujet de « 3 pièges à éviter (2/2) »

  1. Bonjour Stéphane,
    je pourrais relire tout Aristote, cela me ferait surement du bien ! Néanmoins, je dispose d’un temps limité en ce moment pour des phases de lecture intensive. Ta phrase  » l’observateur a une fonction dans le résultat de l’expérience… Aristote le disait, » me donne envie de me replonger dans ses magnifiques discours mais je te serai vraiment gré si tu pouvais trouver dans ta mémoire la référence du livre dans lequel il l’expose…une telle dose de pré-conscience mériterait un détour de lecture pour en situer le contexte et tous les trésors cachés dans son environnement.
    A++
    Frédéric

  2. Bonjour Frédéric,

    Je te rassure : Il ne l’a pas dit comme ça… C’est donc une interprétation d’une série de phrases qu’il parsemait de ci, de là. Notamment dans ce document :

    http://remacle.org/bloodwolf/philosophes/Aristote/metaphyque11.htm

    Tu relèveras ceci ::
    ————–
    «si nous-mêmes nous changeons sans cesse, et si nous ne restons jamais les mêmes un seul instant, pourquoi s’étonner que les choses ne nous semblent jamais les mêmes»

    «il est souverainement absurde de prétendre fonder le jugement de la vérité sur des objets qui sont soumis à un changement perpétuel, sous nos regards, et qui ne demeurent jamais un seul instant dans le même état.»

    «si nous ne changions pas personnellement et si nous restions les mêmes, il y aurait dès lors quelque chose de permanent pour nous»

    «De même non plus pour la science pratique, le mouvement n’est pas dans l’objet pratiqué; il est plutôt dans les êtres qui pratiquent»
    ————-

    A++

    Stéphane

    PS : Je ne sais plus quel philosophe antique a dit (mais tu pourrais peut-être m’aider), que le temps a commencé à exister au moment où nous (les homo-sapiens) avons commencé à le mesurer, et que plus nous cherchions à le mesurer avec précision, plus il dominait nos pensées, jusqu’à devenir omniprésent dans nos prises de décision.

    1. Réponse au PS
      Je crois que l’Homme a toujours eu une horloge temporelle sur lui car l’unité de mesure du temps, la seconde (quelle est la première? la minute de silence ou la dernière heure?), est proche de la période moyenne du battement du cœur d’un Homme adulte au repos (60 battements par minute).
      Mais l’Homme a plus ressenti le mouvement comme l’écoulement du temps qui est matérialisé par la course du soleil, des jours, des lunes,des saisons, des étoiles…

      D’ailleurs on peut scientifiquement se demander si le temps existe (Etienne Klein) car il est difficile d’en donner une définition rigoureuse. Personnellement je pense que ce qui existe est l’ici et maintenant éternel qui nous échappe dès qu’on y pense…seul le vertige de cette pensée nous en donne une idée.

  3. Merci pour l’aide…je me pencherai sur le contexte de cettr réflexion d’un grand maître de la pensée. Concernant le PS, je n’ai pas de réponse mais cela ressemble fort à un écrit de l’école épicurienne et au travail réalisé sur la notion de focalisation liée avec une interprétation par le sensible…alors je dirais peut être Horace ou Ovide….ou Epicure lui-même. La période était plutôt riche en réflexion !

  4. J’avais un peu décroché ces derniers temps et je m’en excuse (culpabilité 🙂 ). Je réagis sur la colère, la culpabilité et la frustration. Autant la colère et la frustration sont des états dans lesquels je tombe beaucoup trop souvent, autant la culpabilité n’est vraiment pas de mon monde. J’ai un truc infaillible pour l’éliminer : reconnaître une erreur comise très tôt dans le processus. Cette reconnaissance a de nombreux avantages. La première c’est que l’on se sent mieux (faute avouée est à moitié pardonnée). Mais bien sûr il ne faut pas que ça se reproduise trop souvent. La deuxième, et sûrement la plus importante à mes yeux, c’est que c’est le point de départ indispensable pour essayer d’éviter de reproduire la même erreur dans le futur.

    Côté colère, je vais essayer de mettre en oeuvre les quelques préceptes que tu nous proposes. Mais je pense qu’il y a aussi une part « biologique ». Tous les êtres ne sont pas les mêmes devant la colère. Sans parler de moi, je suis sidéré de voir les similitudes colériques entre mon frère jumeau et mon fils aîné. Ne pas tomber dans le piège de la colère, pas si simple. Mais je ne serais pas logique si – comme tu le proposes – je n’essayais pas « à froid » d’analyser les déclencheurs qui me conduisent à des états où je ne me contrôle pratiquement plus.

    La frustration est aussi une de mes grandes copines. Mais tu ouvres une voie que j’aimerais que tu développes si tu le peux : je me fixe sûrement des objectifs qui sont parfois (souvent) irrréalistes, même dans un « monde idéal ». Difficile, comme tu le dis d’évacuer ce sentiment qui – pour moi – est très proche de l’échec.

    Je n’ai plus qu’à rattraper le retard…

    DIC

    1. Hello Didier,

      Côté biologie, il est vrai que nous ne naissons pas tous égaux devant nos émotions. Ajoutes-y un peu d’éducation et ça en fait du boulot pour se reconstruire… Mais c’est possible si tu y aspires.

      «je suis sidéré de voir les similitudes colériques entre mon frère jumeau et mon fils aîné». C’est cool ! Ca veut dire que dès qu’il y en a un qui maîtrise, il peut filer le tuyau à l’autre. C’est très sérieux ! Lorsque 2 personnes se ressemblent, et que l’un d’eux parvient à changer, il peut servir de modèle.

      Pour ce qui est de la frustration, c’est vrai que ce serait intéressant à développer. Pou le moment, je t’invite à reconnaître que c’est un «passeport jaune» auto-attribué. Médite un peu sur ce concept identitaire. Tu verras qu’il y a de nombreuses clefs à explorer.

      A plus tard,

      Stéphane

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