Les 4 états de la pensées
Aujourd’hui, je vous propose de reconnaître 4 états de pensées :
- La pensée vagabonde, libre…
- La contemplation
- La concentration (ou le focus)
- La méditation (ou le Samadhi)
Nous verrons également comment atteindre ces états en montant dans nos niveaux de conscience intérieures.
La pensée vagabonde
La pensée vagabonde et insouciante est la plus connue. Il suffit de ne rien faire de précis, de s’abandonner à ses pensées pour qu’elles surgissent librement, et sans aucune structure. Les associations d’idées se font toutes seules sans raison apparente. Il suffit que je dise le mot «batterie» pour que vous pensiez à recharger votre téléphone, à faire de la musique, à imaginer une cuisine mieux équipée, etc. Puis, un simple souvenir vous ramènera vers un évènement lié à la batterie, puis cet évènement vous reliera à une personne, qui vous fera penser à un livre, qui vous fera penser à un film, etc. C’est une pensée vagabonde, incontrôlée, qui en fonction de notre humeur, peut nous amener vers des horizons très variés.
Visuellement, je vous invite à imaginer une sphère (tout un univers), avec des étoiles qui peuvent s’allumer et s’éteindre à tout instant, et de façon très vive.
Nul besoin de techniques pour accéder à ce niveau de pensée. Il suffit de se laisser vivre. Selon les Freudiens, à un moment ou à un autre vous penserez au sexe ou à la mort. Selon le Jungiens c’est vers l’Amour ou la Spiritualité que tendront vos pensées.
D’un point de vue kinesthésique, on peut comparer cette pensée à une danse sur un rythme rapide, où le corps se laisse aller sans technique particulière.
La contemplation
La contemplation consiste à réunir ses pensées autour d’un thème global, en surface, mais sans entrer dans les détails. C’est ce que vous avez fait lorsque je vous ai proposé un remue-méninge autour de la Pensée ou du Destin. C’est également ce que vous faites lorsque vous planifiez une action : vous contemplez les éventualités, et sans approfondir, vous pouvez les noter (pour vous en souvenir) ou les observer évoluer dans votre esprit. Lorsque vous dressez une liste, vous êtes en mode contemplatif.
La contemplation est souvent parasitée, car tentée par la pensée vagabonde qui vous détourne du thème choisi, ou par la concentration (voir ci-dessous) qui vous incite à approfondir un sujet alors que l’instant présent vous invite à planer en surface.
En parlant de surface, visuellement nous allons aplatir la sphère, de façon à obtenir un disque (un aplat) sur lequel viendront se poser les choses qui sont «sur le même plan». C’est d’ailleurs la question que vous pouvez vous poser pour vous assurer que vous êtes toujours en mode contemplatif :
- Ce à quoi je pense est-il toujours sur le même plan que le reste ?
Evidemment votre imagination, vos jugements, et parfois votre mauvaise-foi vous pousseront à faire entrer les choses dans le plan. Par exemple, si je pense à l’éducation de mes enfants, et ma pensée s’évade vers mon potager, je pourrais décider que planter des radis et des tomates fait partie de l’éducation de mes enfants… C’est une association d’idées qui est bienvenue, à condition que je n’entre pas dans une contemplation orientée potager, oubliant l’objectif éducatif.
D’une manière générale, lorsqu’on commence à sortir du thème principal, il convient de se remettre sur les rails. Pour reprendre mon exemple, si je pense à des activités éducatives, je peux être amené à penser au potager, puis éventuellement à acheter de la bière bon marché pour faire un piège à limaces… Je suis limite, mais ça passe si je sors de cette ramification pour revenir à la branche principale… Mais si en pensant à la bière, j’en profite pour me voir acheter une bonne pression pour mon pote qui viendra regarder un match de foot ce soir, je suis hors limites… Je retourne vers la pensée vagabonde.
Techniquement, la pratique consiste à prendre conscience de votre respiration, et à en ralentir très légèrement le rythme (juste pour prendre le contrôle). Commencez par vous écouter respirer puis ralentissez, en vous défiant à chaque expiration, de penser à quelque chose de nouveau, lié au thème de votre réflexion. Vous pouvez aussi pivoter légèrement la tête à chaque inspiration pour que vos yeux se fixent sur autre chose.
Dans la nature, le sentiment que vous en retirez est très agréable : vous vous laissez caresser par le vent, contemplant tout ce qui se trouve autour de vous, sans approfondir plus de 3 ou 4 secondes, ni sortir du domaine de réflexion. Vous passez ainsi de l’arbre à la fleur, de la fleur à l’insecte, de l’insecte à l’oiseau, etc.
Vous pouvez aussi vous fixer devant les étagères de votre bibliothèque, vous arrêter sur le titre d’un livre, expirer, puis promener vos yeux pour contempler d’autre livres expiration après expiration. Vous sentirez peut-être l’envie de saisir un livre pour le lire. Vous déciderez alors en conscience si vous poursuivez votre contemplation, ou si vous y mettez fin en entrant dans un livre.
D’un point de vue kinesthésique, la contemplation ressemble à une marche au ralenti ou à des mouvements de Tai-Chi-Chuan, style Yang.
La concentration
A chaque fois que vous voulez analyser, résoudre, éclaircir, juger, comparer, concevoir, etc. vous avez besoin de vous concentrer, de vous focaliser sur quelque chose de précis et d’entrer dans les détails. Rester concentré est relativement difficile si l’environnement ne s’y prête pas. Un simple bruit peut nous déconcentrer. C’est pourquoi on recommande souvent de trouver un endroit calme et calfeutré, de s’isoler du reste du monde en coupant le téléphone : Tout est organisé pour éviter les interruptions potentielles.
On a pu remarquer que dans une salle d’attente ou une personne lit un journal, plus le moment du rendez-vous se rapproche, moins la personne est concentrée, car elle sait qu’elle pourrait être interrompue d’un instant à l’autre. Par contre, si 2 ou 3 autres personnes doivent passer devant elle, elle sera plus concentrée. Ainsi, il y a un conditionnement mental à appliquer. Par exemple, si vous éteignez ou si vous redirigez votre téléphone, le simple fait de savoir qu’il ne sonnera pas inopinément, vous permet d’accentuer votre niveau de concentration.
Visuellement, nous quittons le plan pour la ligne. Je dirais même le vecteur, car il y a, en plus de la direction, un sens précis vers lequel vous souhaitez avancer, de préférence en évitant les retours en arrière. L’idée est de s’enfoncer de plus en plus dans ses pensées, jusqu’à atteindre un niveau où on ne pense plus qu’à ce qu’on est en train de faire, oubliant le reste. On reste concentré, on ne perd pas de vue l’objectif, on garde le cap, le focus…
La technique ? Il y en a plusieurs, et si vous éprouvez des difficultés à vous concentrer, allez faire un tour sur Youtube, ou mieux : adressez-vous à un sophrologue, en précisant que vous ne souffrez pas, mais que vous venez dans un but de performance (d’auto-coaching). La sophrologie, comme la psychologie ne s’adresse pas qu’aux souffrances.
D’un point de vue kinesthésique, la discipline de la concentration se rapproche du yoga : des postures précises à garder longtemps tout en prenant conscience de sa respiration.
Si vous n’êtes pas convaincu que le yoga est un sport, essayez ! Et dites-moi si vous avez changé d’avis 😉
La concentration pour une lecture plus rapide
Dans les techniques de lecture rapide, on considère qu’une personne qui parvient à se concentrer efficacement sur sa lecture, gagne 30% d’efficacité (avant même de commencer à s’entrainer autour de technique savantes). Ce qui signifie que lorsque le temps de lecture doit dépasser 10 minutes, réserver 3 minutes à approfondir sa concentration est un investissement rentable !
La technique que j’utilise est la suivante :
- Je commence par une contemplation d’une ou deux minutes. Je contemple d’abord la couverture du livre (la couleur, l’illustration, la disposition des mots, etc.), puis j’ouvre le livre pour le feuilleter doucement et me familiariser avec la police de caractères. Je repère lentement les lettre O, I et X et S (rond, trait, croix et courbe), en m’intéressant davantage au style typographique qu’aux mots.
- Puis je lis quelques mots des pages que j’ai déjà lues pour me remettre dans l’ambiance. Je laisse mes yeux vagabonder, et je m’arrête sur des mots clefs, des prénoms, des abréviations, etc. Toujours en mode contemplation, c’est-à-dire lentement, et avec une expiration lente à chaque arrêt.
- Ensuite, je lâche le livre pour fixer un point, en essayant de vider mon esprit. La vision peut se troubler, ce qui m’invite à refaire le point en pensant au mot «focus». Le flou, fait penser au mot, et le mot suggère la mise au point… Une minute à deux suffisent (nous avons tous une horloge interne qui nous permet de savoir que nous sommes au-dessus d’une minute, et en dessous de deux).
- Parfois j’utilise des techniques inspirées de la méthode Vittoz qui consiste à imaginer des objets mobiles les yeux fermés (un enfant qui se balance sur une balançoire, un train qui s’éloigne, une route bordée d’arbres) ou des objets qui apparaissent et disparaissent en s’effaçant, en brillant, ou en devenant plus petits ou plus grands, etc. Les yeux doivent bouger comme si les objets étaient présents. Vous pouvez également tracer des polygones (en imagination), triangle, carré, pentagone, hexagone, etc. jusqu’au cercle…
- Je relis ensuite, les 2 derniers paragraphes lus lors de ma dernière séance de lecture, tout doucement, phrase par phrase, en accélérant progressivement. Une deuxième lecture est forcément plus rapide. Ceci enclenche donc un rythme. Particulier. Certaines techniques, issues de la suggestopédie, proposent de lire toujours le texte de la première page (donc à très haute vitesse), afin de stimuler le cerveau en lui prouvant que vous pouvez lire très très vite. Mais il convient de changer de texte dès que vous connaissez cette page par-cœur.
Ensuite, j’attaque ma lecture !
Ces pratiques peuvent se faire, même hors d’un objectif de lecture immédiate, uniquement dans le but de vous exercer. Par exemple, vous pouvez vous exercer à focaliser dans une salle d’attente ou dans le métro, même si vous savez que le focus obtenu ne vous servira pas. L’idée est de vous entrainer afin de vous familiariser avec ces pratiques, ce qui vous permettra de vous en servir plus facilement lorsque vous en aurez besoin.
Le protocole que j’utilise est loin d’être le seul, et n’est certainement pas le meilleur pour vous. Je vous invite à tester différentes méthodes pour choisir celle qui vous convient. Attention à la propension naturelle qui consiste à choisir les méthodes compliquées. Souvent, des techniques très simples suffisent. Essayez et surtout MESUREZ la différence. C’est étonnant !
La méditation
La méditation consiste à se déconnecter complètement de monde matériel pour tendre vers le Nirvana (le Paradis)… C’est un état de paix totale qui consiste à penser à…
RIEN !
Visuellement, c’est un point qui s’efface progressivement. Car même un point, c’est quelque chose… C’est un état de concentration extrême dont le but n’est plus d’exécuter une tâche avec efficacité, mais au contraire de faire abstraction totale de toute chose faite ou à faire. La notion de plaisir ou de tout autre sentiment disparaît. C’est le vide pour le vide : le corps n’existe plus, il n’y a plus que l’esprit.
Je n’y suis jamais arrivé… Ne penser à rien est un sacré challenge pour moi ;-). Chaque fois que je pense à ne pas penser, j’obtiens un non-sens. Et c’est et c’est justement ce qui est attendu : en état pré-méditatoire, on peut imaginer un feu qui ne brûle pas, une respiration sans souffle, un être sans paraître, etc. S’agissant d’un état d’abstraction, il est difficile d’en parler sans utiliser le mot «sans». J’arrive à imaginer bien des choses, et l’état dans lequel je me trouve est très agréable. Mais d’après ce qu’on m’en a dit, je suis loin de l’état de méditation ultime : le Samadhi.
Pour tenter de l’atteindre on commence par entrer dans des niveaux de conscience élevée, progressivement en passant e la pensée vagabonde à contemplation, puis à la concentration.
Enduite, deux pratiques sont recommandées :
- La première consiste à imaginer un ciel bleu, sans nuages. Même les nuages blancs, qui représenteraient des pensées sereines (à l’inverse des nuages gris) sont à repousser lentement. On obtient un ciel dégagé, à garder le plus longtemps possible, sachant que le terme est inapproprié, car le «longtemps» ne veut rien dire dans cet état.
- La deuxième technique consiste à imaginer une sphère sur un sol plat. Elle reste stable, sans rouler, car le Samadhi n’a ni point de départ, ni destination. La sphère n’a ni reflet ni ombre ni couleur. Elle est abstraite… Même pas transparente.
Dans la mesure où vous ne verrez pas un sac rempli de billets à votre réveil, il est évident que la méditation a un but après la séance : passer à l’action. L’idée est de se vider de toute pensée pour pouvoir refaire le plein de pensées nouvelles, inédites, surprenantes, inattendues… Comme si le monde était en train de se reconstruire après un vide total. Mais attention, de plus en plus de personnes vous diront que méditer «dans le but de…», n’est pas méditer !
A méditer…
L’importance de la respiration
Quel que soit le niveau de conscience que vous voudrez atteindre, rappelez-vous qu’avant de commencer, il est essentiel de prendre conscience de votre respiration et de la contrôler. Je me suis souvent demandé pourquoi c’était si important, et un jour, un posturologue-sophrologue m’a expliqué la chose simplement.
C’est enfantin :
Sans technique ni contrôle, notre respiration est aussi libre et inconsciente que notre pensée. Mais nous avons la possibilité, à n’importe quel moment de prendre le contrôle sur notre souffle, dans une certaine mesure : le bloquer, accélérer le rythme, le diminuer, souffler, prendre une profonde inspiration et expirer en deux fois, inspirer par le nez puis expirer par la bouche (ou inversement). Bref : à tout moment, le contrôle est possible, et il y a une infinité de combinaisons créatives.
Le fait de prendre le contrôle de sa respiration met le cerveau en condition et en confiance :
- Tu peux le faire ! Tu peux prendre conscience de ce qui est inconscient… Tu peux contrôler ce qui est automatique… Et c’est facile !
Une fois que la preuve est faite, il suffit de reporter ce sentiment de confiance sur d’autres choses qui paraissent incontrôlables, comme la pensée…
Autres états
Je vous invite également à faire des exercices de cohérence cardiaque. La cohérence cardiaque permet de réduire le stress. Tapez les mots «cohérence cardiaque» dans Google ou dans Youtube (ou sur le store de vos applications smartphone) : il y a profusion !
Attention : ne faites pas ces exercices uniquement lorsque vous êtes en stress… C’est la pratique régulière, hors-contexte de stress, qui vous permettra de vous familiariser avec la technique, et à terme, de retrouver votre cohérence quand vous en aurez vraiment besoin.
Pour la petite anecdote : j’ai fait ces exercices pendant un bon moi (il y a 2 ans), et ça a bien marché. Puis j’ai arrêté de m’entrainer, me disant que lorsque j’en aurai besoin je saurai quelle technique utiliser. Il y a quelques jours j’étais aux urgences des Quinze-Vingt, car j’avais un œil rouge sang ! J’étais très inquiet, ma tension était montée à 15/8 et mon pouls à 138. Pendant les trois heures d’attente, je tentais de retrouver ma cohérence cardiaque… Impossible ! Je pense que j’aurais réussi si je m’étais exercé plus régulièrement.
(Cependant, j’ai retrouvé mon calme lorsque j’ai décidé d’engager la conversation avec une autre personne qui attendait depuis 2h30, et qui avait très mal à l’œil. En l’aidant à retrouver son calme, je me suis calmé ;-)).
Aucune de ces pratiques n’est une pilule miracle à avaler quand ça va mal… C’est l’exercice régulier qui fait d’elles des techniques gagnantes.
Entre la concentration et la méditation, il y a un état appelé rêve-éveillé qui peut aller jusqu’à l’auto-hypnose (la transe hypnotique). J’aurais l’occasion de vous en reparler lorsque nous évoquerons la VISUALISATION.
A++
Stéphane